La Vie Devant Moi [Fini]

chapitre 38

Studio de Mia,
Rue de Belfort,
11 juin,
16h54.

La chimio se poursuit. Il y a quelques jours, j'ai appris que ma tumeur était toujours localisée et commence à ce réduire. Malgré ça, mon état empire petit à petit. Je me sens de plus en plus fatiguée. Je me force à manger un peu, mais les aliments ont de moins en moins de goût. Je continue de perdre des cheveux et j'ai du mal à le cacher.

Heureusement, Nathanaël est toujours là pour moi. Il fait tout : il continu d'aller en cours tout en m'accompagnant à mes séances de chimiothérapie. Il vit quasiment tout le temps chez moi et gère les courses et les repas. Sans lui, je ne sais pas ce que je serais devenue.

De mon côté, j'ai énormément réduit le travail. Je fais 15 heures par semaine à la librairie, et le reste du temps, je me repose, je vois ma psychologue, et je vais régulièrement à l'hôpital. La mère de Nat' nous donne souvent de l'argent, et j'ai promis de lui rembourser aussi vite que possible.

Je vis avec la peur, tous les jours.

Que mon cancer gagne du terrain.

De ne pas m'en sortir.

Même quand j'ai des bonnes nouvelles, je n'arrive pas à me réjouir. J'essaie de garder la tête haute, de faire bonne figure.
De faire taire Dolores qui est revenue puissance dix ces derniers temps. Encore plus quand mon père m'a envoyé un message pour demander à me voir.
J'ai longtemps hésité avant de lui répondre. Mais j'ai fini par accepter, en me disant que ce serait l'occasion de lui parler de mon cancer. Malgré ce qu'il m'a fait, j'estime qu'il a le droit de savoir en temps que père.

Je sors de la douche. Il est 17 heures. Je me sèche rapidement et j'enfile un jeans blanc et un pull gris ample.
Une fois dans la voiture, je stresse et je ne cesse de tripoter le bas de mon pull.

- Arrête de stresser Mia, ça va aller. Je suis avec toi, d'accord ?

- Oui. Mais tu sais, ce qui me fait le plus stresser, c'est l'état dans lequel il sera.

- Si la situation est trop embarrassante pour toi, tu me le dis et on s'en va, d'accord ?

Je hoche la tête et ne dit plus un mot jusqu'à l'arrivée.

Une fois devant la maison, il me faut plusieurs minutes avant de me résilier à sortir. Nous nous dirigeons ensemble vers la porte d'entrée, main dans la main.
Je sonne. Puis, comme il ne vient pas nous ouvrir, nous décidons d'entrer.
Je le vois devant la télé. Elle est très forte et il somnole devant. Je m'approche et je l'a baisse. Il ouvre les yeux.

- Mia ? Tu fais quoi ?

- Bonjour papa. Je te retourne la question, tu savais qu'on allait venir aujourd'hui.

- J'avais oublié.

Il se lève et n'a pas l'air très stable. Il a bu, mais je ne suis pas surprise. Nathanaël s'approche de moi et entour son bras autour de la taille, comme pour me dire : je suis là, je te protège.

- Et toi, t'es son copain ?

- Oui. Je m'appelle Nathanaël. On s'est déjà rencontré.

- Vous voulez boire un truc ?

- Non, on veut juste parler, je dis.

Nous nous asseyons au bout du canapé. Lui s'installe à l'autre bout.

- Ton départ m'a fait du mal Mia.

Ça commence. Il fait passer pour une victime.

- La vie que j'ai menée avec toi m'a fait du mal, je réponds froidement.