Chapitre 6

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Maintenant je le sais, j'ai fait le bon choix. Jacen va me donner la liberté que j'ai toujours désirée, loin du Centre et de tous ces tests affreux et de toutes ces règles. Plus de pièces entièrement blanches, plus de restrictions insupportables, avec lui je pourrais enfin être moi-même et découvrir le pays dans lequel je vis. Peut-être qu'il m'emmènera à la plage ou dans une forêt, je pourrais alors sentir le vent onduler mes cheveux et me caresser le visage, sentir ce que cela fait d'être libre et avoir une vie normale.

Mais une chose m'inquiète. Adrian. Je vais le laisser seul ici et je ne pourrai sans doute plus le voir une fois que je serai partie. Moi qui aurais voulu découvrir le monde avec lui, c'était un de nos rêves. Combien de fois en avons-nous parlé ? Combien de fois avons-nous imaginé ces différents paysages ? Assez pour nous convaincre qu'un jour, nous les verrons. Ce souhait, je crains que je ne le réalise seule. Il faut que je convainque Jacen d'organiser des visites ici pour que je puisse voir mon ami. Et puis, une fois dehors, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour le sortir de là.

-Où vas-tu pendant tes sorties ?

Sa voix me sort de mes pensées, j'avais oublié qu'il était là.

-Je vais dans les jardins, je réponds en reprenant mes esprits.

-Tu accepterai de m'y emmener ?

Je le regarde comme s'il était un extraterrestre. Après tout, pourquoi je refuserai ? Ce n'est que de l'herbe synthétique, des fleurs en plastique et de faux arbres, rien de précieux. Mais j'apprécie le fait qu'il demande mon avis, ça me rassure quant au fait qu'il ne fera rien sans mon avis. Et dire que je me suis imaginé tellement d'horreurs à son sujet alors que je ne l'avais pas même aperçu une seule fois.

-Oui, bien sûr, j'acquiesce.

Il me sourit l'espace d'un instant, et je le lui rends. Je me lève, l'invite à me suivre et nous nous dirigeons vers la porte. Il l'ouvre et me laisse passer, un vrai gentleman. Ça se voit qu'il a été élevé dans une famille aisée, la façon dont il se comporte, le montre. Une fois dans le couloir il me tend son bras. J'hésite quelques secondes, sans trop savoir quoi faire ni ce que ça veut dire, mais je finis par passer le mien en dessous du sien.

Nous commençons à marcher dans les couloirs en direction des jardins. Étrangement, c'est désert. J'ignore qu'elle heure il est mais, le soleil étant toujours dans le ciel, je devine qu'il n'est pas très tard. Alors pourquoi tout le monde semble avoir déserté l'endroit ? Les gens sont définitivement bizarres ces temps-ci. Mais bon, ça me permet au moins d'avoir un peu de tranquillité et de ne pas avoir à supporter la présence constante d'un employé. Finalement, après quelques minutes, nous croisons un employé qui semble pressé et en colère. Il peste, se parle à lui-même et passe à côté de nous comme une flèche. Jace se penche alors vers moi.

-À quoi il pense ? Me demande-t-il tout bas.

Je le regarde l'espace de quelques instants. Nos visages sont si proches que son souffle effleure mon visage. Puis je me retourne vers l'agent, me concentre et projette mon esprit dans le sien.

-Il va dans la pièce où nous étions, je révèle. Il est en train de ruminer parce que tu as cassé la caméra et qu'il doit la changer. Il se dit que c'est injuste que le Centre ne te la fasse pas payer, juste parce que tu es un homme important, et que c'est la deuxième fois en deux jours.

-Comment ça ? Il demande l'air intrigué.

Je lui jette un regard malicieux, accompagné d'un sourire que je tente de masquer.

-J'ai cassé celle de ma chambre hier. À force d'être épiée jours et nuits, ça m'a quelque peu énervé.

Ma bêtise le fait rire. Au moins ça fait rigoler quelqu'un parce qu'hier j'ai vraiment cru qu'ils allaient tous m'assassiner, et c'était une envie que je partageais.

RF192Où les histoires vivent. Découvrez maintenant