Chapitre 4

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J'ai la gorge et l'estomac serré, je ne sais plus quoi penser. Les larmes coulent sur mon visage sans que je ne puisse les en empêcher. Je ne comprends pas, pourquoi est-ce qu'elle me fait ça ? Mon cœur bat la chamade, j'ai du mal à respirer et à réfléchir. Je ne veux pas y croire, ça ne peut pas arriver. Certes, j'ai toujours rêvé de partir définitivement de cet endroit mais pas pour me retrouver enchaînée à un homme.

Je ne sais même pas qui et comment il est. Ma mère m'a juste dit que c'était un homme important mais ce n'est qu'une description très vague de lui. Si ça se trouve il a soixante-dix ans et c'est un vieux croûton qui marche avec une canne. J'éclate de nouveau en sanglot. Je ne veux pas de ça, pas de cette vie. Peut-être que j'aurai les mêmes restrictions qu'ici, par ordre du gouvernement, et je ne serai là que pour l'attendre dans le lit conjugal et lui faire des enfants. C'est affreux, je ne veux pas finir comme ça.

J'ai besoin d'Adrian, maintenant. Je veux le prendre dans mes bras et pleurer sur son épaule. Je sais qu'il sera là pour me réconforter, comme il l'a toujours fait quand j'allais mal. Et si je ne pouvais plus le voir une fois que je serai mariée ? Il va rester là, seul jusqu'à sa mort, alors que moi, je serais enfermée dans ma nouvelle prison, certainement à des kilomètres d'ici. Et si, sans avoir quelqu'un à qui parler et se confier, sans personne à qui se raccrocher, il devenait fou comme TF213 ? Je ne m'en remettrais jamais. Plus je pense à ce que sera ma nouvelle vie, pire ça devient et plus la colère, non la rage, prend possession de moi.

Je lève les yeux vers la caméra, le visage rougis et empli de larmes. Ils ont tout vu et ils étaient au courant. Ils doivent bien rire de moi derrière leur écran de surveillance. Je les hais, tous autant qu'ils sont. Le Centre, ma mère, ce Léandro, mon futur mari et même mon père. Je le déteste pour m'avoir laissée toute seule, il n'aurait jamais permis une chose pareille. Il aurait dû être là pour moi, il m'aurait défendu face à ma mère et aurait obtenu ma liberté d'une autre manière. Pourquoi est-ce qu'il a fallu qu'il me quitte alors que j'ai terriblement besoin de lui ?

Je me lève et je vais chercher ma balle rouge sous mon lit. Je la serre d'abord de toutes mes forces, mes phalanges en devenant blanches, puis je la lance dans la caméra en hurlant de colère. Mon lancé était si fort que l'objet se détache du mur et s'écrase au sol. Ils ont tout vu et ne vont pas tarder à débarquer. Mais je m'en fiche, je ne me laisserai pas faire, je ne les laisserai pas me vendre comme une poulinière.

Je me dirige d'abord vers mon armoire, je prends toutes les combinaisons et les jette au sol, en déchirant une au passage. Je cours ensuite vers mon bureau et dans ma rage, je balance le plateau que m'a apporté ma mère, tous mes dessins et mes crayons. Le verre de jus de pomme éclate par terre et le fraisier s'écrase au sol avant que la petite assiette ne se brise. Je prends ensuite mes livres et les balance au travers de la pièce avec les DVD. Une feuille me coupe, quelques gouttes de sang viennent tâcher le sol immaculé, avant que la coupure ne se referme. Je suis tellement en colère que je me mets à crier en jetant tout et des larmes de colère déferlent sur mon visage.

Je regarde ma chambre, c'est un vrai carnage. Mais ce n'est pas encore assez. Je prends la chaise de mon bureau et la balance au milieu de la pièce, s'écrasant et se cassant contre un mur. Puis je vais vers mon lit et balance les draps par terre, déchirant la couette. Soudain, le bip retenti et la porte s'ouvre à la volée. Des employés sont là et viennent me chercher. Je prends l'objet le plus proche de moi, un livre, et le balance sur l'un d'eux. Un homme reçoit l'objet dans le nez et se met à saigner. Mais ils sont beaucoup plus nombreux que moi et malgré le fait que je me débatte, ils réussissent à me prendre et à m'emmener en dehors de ma chambre.

Je me débats de toutes mes forces, me tortille dans tous les sens, hurle un tas de choses pour les obliger à me lâcher mais les deux gaillards qui me tiennent sont de vrais colosses. Je ne fais pas le poids. Ils me serrent tellement fort que j'en ai mal mais je me fiche bien de la douleur. Néanmoins, la peau rougis sous la force de leur poigne. Les filles dans le couloir me regardent étrangement et ne comprennent pas ce qu'il se passe.

RF192Où les histoires vivent. Découvrez maintenant