Chapitre 27

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Après le repas du midi, j'ai décidé de me rendre dans mon bureau afin de me retrouver seule. Jace m'a dispensé de la réunion avec les conseillers parce qu'ils allaient bien évidemment parler de l'attaque d'hier. Je dois bien reconnaitre que je ne me sentais pas capable d'y assister. Je me serai torturée plus qu'autre chose.

Sauf qu'une fois arrivée dans mon bureau, je ne savais pas réellement quoi faire. Je ne me sentais pas de dessiner et je n'avais aucune inspiration. Alors je me suis assise sur ma chaise et je n'ai rien fait, mon regard se perdant sur le pot de crayons, pensant à tout et à rien en même temps. J'ignore combien de minutes, voire d'heures, je suis restée comme ça et puis finalement, je n'ai pas envie de savoir.

Puis, en me sortant de mes pensées, mes yeux se posent sur du papier à lettre. Je me mets alors à penser à ma mère à qui j'avais promis d'écrire et qui, du coup, doit être morte d'inquiétude. Remarque, elle ne s'est jamais inquiétée de mon état pendant dix-huit ans, ce n'est pas quelques mois sans nouvelles de moi qui vont la tuer. Mais je décide quand même de lui écrire, avant tout pour m'occuper.

Maman,
Je sais que j'avais promis de t'écrire et que malgré ça, je n'ai rien fait. C'est seulement que mon emploi du temps est tellement chargé que je n'ai pas trouvé de temps pour toi.

Le manoir de Jacen est tellement immense qu'il m'a fallu plusieurs semaines avant de pouvoir réellement me repérer dedans, et je suis sûre que je suis encore capable de me perdre. Et les jardins sont justes splendides, ils te plairaient énormément. Et puis l'herbe ici n'est pas synthétique au moins. Il faut que je te parle de la nourriture aussi ! C'est juste excellent, le chef est tellement doué, il fait les meilleurs fraisiers du monde ! Je t'inviterai pour te les faire goûter, une fois que nous aurons moins de travail.

En parlant de travail, Jacen m'apprend à gérer la région au cas où il devrait partir. Et puis il me considère comme son égal et il insiste tout particulièrement sur ce sujet. Si seulement tu étais là pour voir toute la gentillesse et l'affection qu'il a pour moi

Il insiste aussi sur le fait que je sache me battre à cause des renégats. D'ailleurs, tu as dû certainement entendre que nous avions été attaqués mais ne t'inquiète pas, il n'y a eu que des dégâts matériels, plus de peur que de mal.

Sinon, j'apprends aussi les bonnes manières et la vie parmi les gens de la Haute avec la gouvernante. Tu la verrais, elle est si gentille et patiente avec moi. Si tu avais été à sa place, tu m'aurais certainement déjà arraché les yeux avec une petite cuiller rouillée. Elle fait de moi une vraie Lady et je fais beaucoup moins tâche à côté de Jace.

Au fait, peut-être que tu en as entendu parler aussi, mais il a organisé une fête en mon honneur pour me présenter aux maires de la région. La plupart sont sympas, mais d'autres sont de vraies vipères qui ne cherchent qu'à cracher leur venin. Enfin, je suis restée calme et distinguée et je les ai remis à leur place correctement et poliment. 

En tout cas, j'espère que Léandro et toi êtes heureux tout autant que je le suis, c'est tout le mal que je vous souhaite.

En attendant de te revoir, je t'embrasse,

-Rain.

Je pose mon crayon et relis ma lettre. Je me demande pourquoi je l'ai écrite de sorte à ce que ma mère pense que tout va bien alors que tout va mal. Sans doute pour ne pas l'inquiéter et la voir débarquer comme une tarée ici. Je ne la connais peut-être pas beaucoup mais je sais qu'elle est capable de faire ça. Plus de peur que de mal. Est-ce que la douleur morale compte ? Parce que si c'est le cas, alors je dois modifier cette phrase.

RF192Où les histoires vivent. Découvrez maintenant