Chapitre 45

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La tâche sur le plafond est toujours là et je n'arrive pas à décrocher mon regard d'elle, comme si mes yeux ne voyaient qu'elle. Pourtant, elle est si petite mais mon regard a tendance à s'attarder sur de minuscules petites choses. Comme le fait que les seules fleurs présentes ici sont des amaryllis. Peu importe où je me trouve, il y a toujours un bouquet de ces fleurs rouges.

Je sais que selon un poème venant de l'Antiquité, Amaryllis était une Nymphe qui déclara de façon dramatique son amour pour Alteo, un jardinier. Vêtue entièrement de blanc, elle se serait percée le cœur d'une flèche dorée sur le seuil du jeune homme tous les jours pendant un mois. Quand finalement il décida d'ouvrir sa porte, il trouva une fleur d'un pourpre magnifique qui avait jaillie du sang de la Nymphe. C'est pourquoi l'amaryllis est souvent d'un rouge profond. Cette fleur représenterait donc le sang. C'est fou, tout ici me ramène à ce liquide rouge. Elle symboliserait également la fierté, la vanité et l'arrogance. Je crois que Dane l'a parfaitement bien choisie.

Nous partons demain et je n'ai qu'une hâte, que ce séjour se termine au plus vite. J'aimerai tellement pouvoir dormir jusqu'à notre départ et ne pas à avoir à supporter Theresa ou même Syrielle. Et je ne sais pas, j'ai un mauvais pressentiment, comme si quelque chose de grave allait arriver aujourd'hui, et ça me fait horriblement peur. J'essaie de me préparer au pire mais qu'est-ce que signifie le pire ? À quoi je dois m'attendre ? Et est-ce c'est réellement possible de se préparer au pire ? Parce que finalement, ça veut tout et rien dire à la fois. Chacun a sa propre définition de ce mot, mais qu'elle est la mienne ? Qu'est-ce que le pire englobe ? Être dans l'ignorance totale me fait tellement peur.

Je ne veux pas continuer à me torturer en me posant des questions auxquelles il m'est impossible de répondre, alors je me lève et vais me préparer. Lorsque j'arrive dans la salle de bain, je remarque un petit papier collé sur le miroir. Intriguée, je vais le prendre et le lis.

Plus qu'une journée, je sais que tu es assez forte pour la surmonter, J.

Je souris bêtement en l'imaginant m'écrire ce message avant de partir. Puis je me prépare, un peu à reculons. La journée se passe comme d'habitude, Josua n'a plus besoin d'assister aux réunions alors il m'accompagne mais le pauvre ne fait strictement rien de la journée. Déjà que moi je m'ennuie alors je n'imagine pas pour lui. Heureusement que les filles sont là et font la discussion, sans elle je crois que je me serais tiré une balle.

Quand enfin les activités se sont terminées, je me suis précipitée vers la chambre pour me changer et attaquer l'entraînement dehors. La séance était beaucoup plus calme et moins intensive que la dernière et je pense que Josua avait un peu peur que je refasse la même chose qu'hier. Mais ça n'est pas arrivé et ça m'a fait du bien d'être restée calme, j'ai vraiment pu me concentrer sur mes mouvements.

Après une bonne heure et demie, nous sommes retournés dans nos appartements pour prendre une bonne douche et remettre des vêtements convenables. En y arrivant, j'ai trouvé bizarre de ne pas voir les garçons, normalement ils sont déjà de retour à cette heure-là. Ils ont certainement été retenus plus longtemps par le président. J'en ai profité pour passer un peu plus de temps sous l'eau chaude pour la savourer et sentir mes muscles se détendre. Je pourrais passer des heures sous l'eau à ne rien faire.

Une fois prête, j'ai rejoint Josua, qui m'attendait dans le salon. Installée dans un des canapés, j'ai alors pris une feuille et un crayon et je me suis mise à dessiner tout ce qui me passait par la tête. Des animaux, paysages, visages en passant par des formes géométriques et des choses un peu plus abstraites, cette feuille ressemble plus à un brouillon qu'autre chose.

Soudain, la porte s'ouvre en grand sur Jace qui l'a ouverte tellement forte qu'elle a claqué contre le mur, me faisant sursauter et déraper mon crayon. Pendant un instant il semble me chercher jusqu'à ce que son regard se pose sur moi. Ses yeux sont noirs et emplis de colère, je ne l'avais jamais vu comme ça. Je me lève et pose mes affaires sur la table alors qu'il s'approche aussi rapidement que dangereusement de moi. Je fais quelques pas en arrière, il me fait vraiment peur. C'est comme si quelque chose l'avait mis dans une rage folle et qu'il s'apprêtait à la déverser sur moi.

RF192Où les histoires vivent. Découvrez maintenant