Chapitre 37

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Le lendemain, je me retrouve, un peu trop rapidement à mon goût, avec les autres épouses. Et aujourd'hui, c'est broderie ! Après le tricot, je devais m'y attendre, je vais passer une bonne journée de merde encore moi. Avec la nuit que j'ai passée, je ne me sens vraiment pas d'attaque à supporter tout ça, mais je n'ai pas le choix. Dans le boudoir, nous reprenons toutes les mêmes places que la veille, formant des petits groupes bien distincts. De temps en temps, je remarque quelques regards en coin à mon égard mais je ne relève pas.

Josua est toujours dans un angle de la pièce à nous surveiller. Le pauvre doit tellement s'ennuyer. Parfois, je lui envoie quelques messages par pensée et je peux le voir sourire. Au moins, ça l'occupe pendant quelques secondes. Remarque, je préfèrerais m'ennuyer à ne rien faire plutôt que de faire de la broderie. C'est une catastrophe. J'ai essayé de faire des fleurs mais ça ressemble plus à du vomi rouge. Je ne suis vraiment pas faite pour ce genre d'activités.

J'apprends un peu plus à connaître les filles. J'apprends que Sylvana a un fils de six ans et Anela une fille de trois ans. Luce quant à elle nous a dit, avec une pointe d'humour, qu'elle avait préféré prendre un chat parce que ça ne pleurait pas autant qu'un enfant. Rebecca, quant à elle nous a annoncé un peu tristement qu'elle ne sera jamais mère, à moins qu'elle n'adopte, puisque son mari est stérile. Et le pire, c'est que le président lui a déjà reproché que c'était de sa faute à elle et qu'elle était la seule coupable si elle n'avait pas d'enfant. Qu'elle enflure ! Il se permet de dire de telles choses alors qu'il n'en a jamais eu et surtout, même s'il est président, il n'a aucun droit de l'insulter de la sorte.

Plus le temps passe, plus ma haine envers le couple présidentiel augmente, si bien que parfois, je m'imagine les voir morts. Peut-être que, petit à petit, je deviens une psychopathe mais j'aime bien m'imaginer ça. Les voir tous les deux par terre, le corps inerte et baignant dans une flaque mélangeant leurs deux sangs. Regarder dans leurs yeux et n'y voir que du vide, le néant, et admirer la vie les quitter. Je pense que c'est ce qui m'apporterait le plus de satisfaction dans ce monde.

J'ai soudain l'idée d'un dessin, sombre, mais qui retranscrirait cette pensée. Et je maudis Theresa pour avoir choisi broderie au lieu de dessin pour l'activité d'aujourd'hui. Ça aurait pu donner quelque chose de magnifique qui n'aurait absolument pas plus à cette dernière. Mais bon, après tout, je dessine ce que je veux et ce n'est certainement pas elle qui me l'interdira.

À la fin de la journée, je n'en peux plus, je ne veux plus jamais voir de broderies de ma vie ! Je demande alors à Josua d'aller s'entraîner parce que j'ai horriblement besoin de me défouler. Après nous être changés et avoir couru un peu dans les jardins, Jos m'indique que nous allons nous entraîner à l'épée. J'accepte avec joie, j'ai besoin de changer du corps à corps.

Nous restons dans les jardins, quelques jardiniers coupent les buissons et les arbres et nous regardent de temps en temps sans vraiment savoir pourquoi nous nous entraînons ici et pas dans la salle faite pour. J'ai d'ailleurs posé cette question à Josua et il m'a simplement répondu que la salle n'était pas assez grande pour un combat d'épées.

Nous avons fait quelques exercices avec des armes en bois. Jos m'a expliqué qu'elle devait faire partie de moi, comme un rallongement de mon bras. Je dois la peser et adapter ma force à son poids. Nous ne devons faire qu'un. Mes gestes doivent être à la fois rapides et soignés, mes pas légers, je dois toujours être à l'affut, souple et ne jamais me laisser surprendre. Tout ça ressemble plus à une danse qu'à un combat, et c'est ce que j'aime dans l'escrime.

Les mouvements deviennent instinctifs, le même mécanisme qui s'enclenchant indéfiniment, me faisant répéter les gestes encore et encore jusqu'à ce qu'ils deviennent parfaits. Sous mes pieds, la terre est légèrement meuble, mais assez dure pour ne pas que mes pieds ne s'enfoncent pas dans le sol.

RF192Où les histoires vivent. Découvrez maintenant