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Chapitre 31

Deux jours plus tard, Jace convoque tous ses conseillers pour la séance de cet après-midi. Il n'a pas voulu me dire pourquoi et est, pour ne pas changer, resté froid avec moi. Je commence de plus en plus à me dire que ça ne s'arrangera pas entre nous, surtout s'il ne fait aucun effort de son côté, et j'en ai juste assez.

Lorsque j'arrive dans la pièce, monsieur Atkins est déjà là avec Ivan, Siméon et Niels. Ils sont tous à leurs places attitrées et je devine alors que je vais me retrouver à côté de Jace. Super. Je fais le tour de la table et m'assois sur la chaise qui m'est destinée et attend que tout le monde rentre.

Je vais encore une fois être la seule femme et je commence sérieusement à me demander où est la parité dans tout ça. Mais bon, comme l'a si bien dit le président Dane dans un discours prononcé il y a quelques années, ce monde est un monde dirigé par les hommes, les femmes étant plus utiles à s'occuper des affaires féminines. Il n'a bien évidemment pas précisé de quoi il s'agissait mais nous ne sommes ni idiotes ni dupes, nous avons toutes très bien compris qu'il s'agissait de s'occuper de la maison et des enfants. Certains hommes ont pris ce discours un peu trop à cœur et, dans certains foyers, on se croirait de retour au Moyen-Âge.

Bien évidemment, à chaque fois que le président prononçait un discours, celui-ci était diffusé en direct sur la plus importante des chaînes de télévision nationale, et le Centre nous rassemblait tous dans une salle commune munie d'un écran géant pour le regarder. Je détestais ça, nous étions debout à écouter un homme parler de choses qui ne nous intéressait pas étant donné que nous ne vivions que dans le Centre, ce qu'il disait ne nous concernait pas. Et nous n'avions aucun moyen d'y échapper, en parfaite santé, malade ou mourant nous étions emmenés de force si on ne coopérait pas et une fois dans la salle, il y avait un employé tous les cinq mètres. Et si nous étions pris à discuter pendant le discours, c'était considéré comme une insulte au président et on nous fouettait les mains avec un bâton en métal devant tout le monde. Dix coups. Nous recevions dix coups. Je les comptais quand on me le faisait et je fermais les yeux en me disant après chaque coup que j'en avait eu un de plus et que je me rapprochais du dernier. Et puis, sur moi, ça ne se voyait pas. Combien de personnes ont finies mutilées à cause de ça, ne pouvant presque plus rien faire avec leurs mains ? Beaucoup trop.

La salle se remplit petit à petit mais toujours aucun signe de Jacen. Étrange, il est toujours le premier arrivé. Finalement tous les conseillers sont arrivés et ont rempli les chaises, une seule restant vide. Les hommes parlent entre eux de diverses choses. Je ne les écoute pas vraiment, ou du moins que d'une oreille. Je distingue une silhouette adossée au mur à côté de la porte. Qu'est qu'Elias fait ici ? Il ne fait pas parti du conseil. Est-ce-que c'est Jace qui lui aurait demandé de venir ? Ce ne serait pas son genre.

Finalement, celui que nous attendions arrive d'un pas rapide et referme la porte derrière lui. En entrant, il jette un regard noir vers son frère avant de se diriger rapidement à sa place. Ses traits sont tirés, il paraît tendu et ne semble pas avoir beaucoup dormi. Il jette un papier plié en trois, qui semble être une lettre, sur la table et s'assoit à côté de moi. La lettre glisse et se heurte sur le projecteur holographique au centre de la table. Monsieur Atkins se lève, va la prendre, la déplie et la lit. Au fur et à mesure de sa lecture, ses sourcils se froncent, ce qui n'augure rien de bon.

-Qu'est-ce que c'est ? Demande Josua.

L'intendant, après avoir fini de lire, lui tend le papier, qu'il prend et commence à lire à son tour.

-Une lettre du président, répond Jacen, remonté. Il convoque tous les chefs de région à la capitale pour faire un bilan et passer plus de temps avec nous. Il demande à ce que nous restions minimum deux semaines afin de, je cite, passer le séjour le plus agréable possible.