Chapitre 21

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Quand je me réveille, la première chose que je fais c'est regarder mon poignet. Il est intact, comme s'il ne s'était rien passé. Et pendant une seconde, j'ai l'impression qu'il ne s'agissait que d'un rêve. Pourtant, quelque chose a changé, cette satanée puce n'est plus là et ne pourra plus gâcher ma vie. Mais il reste une chose, un vestige de mon ancienne vie : mon tatouage. Et ça, je sais que je vais le garder jusqu'à ma mort. Même en ayant charcuté ma peau, il est resté, comme un survivant.

-Comment tu vas ?

Je lève la tête et vois Jacen au bout du lit. J'ignore depuis combien de temps il me regarde ou depuis combien de temps je suis à fixer mon poignet. Il fait le tour du lit et s'accroupit à côté de moi.

-Je vais bien, je lui réponds en esquissant un sourire qui me paraît horriblement faux.

Mais il n'y prête pas attention et ses yeux dévient sur mon poignet.

-Qu'est-ce ce qu'il s'est passé hier soir ? J'ai eu tellement peur quand je t'ai vu en train de t'ouvrir les veines, j'ai cru que tu étais devenue folle.

Je peux voir de l'inquiétude dans ses yeux mélangée à de l'incompréhension. Tout me revient en tête et mon cœur se remet à tambouriner. Tout m'avait paru si réel. Après l'évènement de cette nuit, il a le droit à des explications.

-J'ai... j'ai fait un rêve où je fuyais quelque chose qui m'a rattrapé et qui m'a ramené au Centre. Là-bas, ils ont pris de ma moelle osseuse pour la transplanter dans d'autres patients et leur donner la même capacité que moi à se régénérer, et ils m'avaient retrouvé grâce à la puce. Ils m'ont transpercé la cuisse et je la voyais dans mon poignet, elle clignotait et me faisait horriblement mal. J'essayais de me débattre mais c'était pire, la puce envoyait des décharges affreuses. Et voyant que je ne voulais pas coopérer, ils m'ont montré une chose horrible. Tu étais là, ensanglanté, ils t'avaient transplanté une puce et ils ont envoyé une décharge tellement forte que ça t'a tué. Je t'ai vu, tu étais là à convulser et puis ton cœur a lâché.

Il prend ma main et me lance un regard affectueux alors que je lutte pour retenir mes larmes.

-Ce n'était qu'un rêve, me dit-il pour me rassurer.

-Non, je sais que ce n'était pas qu'un rêve. Depuis qu'on m'a annoncé nos fiançailles, je reçois des décharges tous les jours, comme s'ils voulaient me rappeler d'où je venais. Ulysse me l'avait dit, je lui appartiens, et c'est avec cette puce qu'il sait où je suis et ce que je fais. Je ne pouvais pas les laisser contrôler ma vie Jace, j'en ai assez.

-Ce n'est rien, c'est fini maintenant. J'ai fait détruire ce qu'il restait de la puce. Le problème c'est que le Centre va être informé que la puce a été détruite et ils vont certainement envoyer quelqu'un pour vérifier si tu l'as toujours.

-Je sais, je trouverai quelque chose mais je ne pouvais pas l'avoir une seconde de plus dans mon poignet.

Il me regarde longuement de des beaux yeux verts et me caresse la joue de sa main. Ce geste tendre me calme et m'apaise.

-Au fait, il commence, qui est TF213 ?

Je me rappelle vaguement l'avoir évoquée, prise d'assaut par mes émotions, et je ne sais même pas pourquoi.

-Une patiente du Centre qui est morte il y a deux ans, je réponds en me faisant violence pour ne pas pleurer lorsque les images de sa mort me reviennent. À force de passer des tests, son cerveau a disjoncté et elle est devenue totalement folle. Les employés l'ont abattu alors qu'elle essayait de tuer tout le monde lors d'un rassemblement.

Un voile passe devant ses yeux et resserre sa prise sur ma main, m'envoyant tout son soutien. Je me noie dans ses yeux, une véritable mer de jade. Alors, tout autour de moi semble s'effacer, perdue dans la contemplation de son regard.

RF192Où les histoires vivent. Découvrez maintenant