Chapitre 7

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Je suis dans une pièce entièrement blanche. Il n'y a aucun meuble à part un immense miroir. Je ne sais pas où je suis, ni qui je suis. J'essaie de me souvenir, de chercher dans ma tête quelque chose qui s'apparenterait à mon identité mais je ne trouve rien d'autre que du néant. Un lourd silence pèse dans cette immensité de vide. Seule ma respiration saccadée vient le briser. Je m'avance vers l'imposant miroir, mes pieds se dirigeant vers l'immense objet par leur seule volonté, et regarde dedans. J'y vois une jeune femme en robe de mariée. Ses cheveux roux sont relevés dans un chignon sophistiqué et ses yeux bleus sont soulignés par un maquillage simple tandis que ses lèvres sont aussi rouges que le sang. Elle est magnifique.

J'aimerai lui demander qui elle est et lui poser tant d'autres questions, mais lorsque j'ouvre la bouche, aucun son n'en sort, comme si quelque chose dans ma gorge emprisonnait ma voix pour m'empêcher de parler avec cette femme. Qui est-ce ?

Soudain, un homme arrive derrière elle, comme une ombre. Je n'arrive pas à apercevoir son visage mais une chose ressort, ses yeux verts, c'est tout ce que j'arrive à voir de lui. Il s'arrête derrière la jeune femme et l'enlace comme si elle était une petite chose fragile. Elle ferme les yeux, semblant profiter de ce contact, sa peau y répondant par un frisson. Mais quelque chose dans l'expression de son visage montre une pointe de tristesse, comme si, dans ce bonheur qu'elle touche du doigt, une chose affreuse venait d'arriver.

-Tu es à moi maintenant, chuchote-t-il à son oreille.

Une larme roule sur sa joue, accompagnée d'un sourire sincère. Est-elle heureuse ou triste ? La main de l'homme remonte le long de son bras et vient se loger sur sa mâchoire, alors qu'il approche de plus en plus son visage d'elle. La jeune femme lève la tête vers moi et, le regard vide, me montre son poignet. Je ne comprends pas ce qu'elle veut me dire. Puis l'homme, à son tour, lève la tête vers moi. Son visage est toujours dans l'ombre mais ses yeux verts me fixent. Et cette fois, un sourire fend son visage en deux. Tous deux me fixent avec des expressions différentes. La femme semble me hurler de fuir et l'homme m'invite à les rejoindre. Cette situation m'effraie et je ne souhaite qu'une seule chose : prendre mes jambes à mon cou. Mais quelque chose, ou quelqu'un, semble me retenir. Mon cerveau crie mes jambes de fuir mais elles restent fixées au sol, tétanisées la peur.

Je sens soudainement une affreuse douleur provenant de mon poignet et qui me lance dans tout le bras. Je me mets à crier tant la douleur est insupportable et je me mets à genoux en tenant mon poignet de toute mes forces. Les larmes coulent toutes seules sur mon visage et viennent s'écraser sur le sol immaculé en une cascade d'eau salée.

Je regarde alors mon poignet. RF192. Ce tatouage n'était pas là quelques minutes auparavant. Je regarde un peu mieux et remarque une petite lumière rouge qui clignote sous ma peau. Qu'est-ce que ça peut bien être ? J'approche un peu plus mon bras de ma tête pour mieux observer. Toutes les secondes, le point lumineux revient. Je ne vois plus que ça à présent, complètement hypnotisée. La douleur est toujours présente, semblant m'arracher le bras, mais je ne sens plus rien, comme si cette petite lumière pouvait apaiser tous mes maux. Et si c'était le cas ?

Sans savoir pourquoi, je décide de lever la tête vers le miroir. Les deux personnes ont disparu pour laisser place à une fille à genoux sur le sol en se tenant le poignet, le visage empli de larmes. Cette fois, je sais qui elle est. Elle est moi. Et je suis elle. Nous ne sommes qu'une seule et même personne, effectuant nos mouvements pareillement. Le point lumineux n'a plus d'importance à présent, je suis obnubilée par elle. Elle me fixe si intensément que, l'espace d'une seconde, j'ai l'impression qu'elle est prête à me sauter dessus.

La douleur dans mon bras s'intensifie et m'arrache un gémissement. Je me mords la langue jusqu'au sang pour ne pas crier. Un goût métallique s'installe alors dans ma bouche et me fait grimacer. Puis, progressivement, le même tatouage apparaît sur la totalité de mon bras. RF192. Ils sont une centaine, tous identiques. Plus ils apparaissent, plus je souffre. Mon bras devient rapidement rempli de ce mot, qui n'en est finalement pas un, tatoué à l'encre noire.

RF192Où les histoires vivent. Découvrez maintenant