Chapitre 26

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Ce matin, je me suis réveillée avec des sueurs froides dans le dos. Jace n'est plus là mais il m'a laissé un petit mot sur la commode me disant qu'il avait énormément de boulot aujourd'hui suite à ce qu'il s'est passé, c'est pourquoi il était absent, et qu'il m'embrassait. Même sans savoir ce qu'il s'est réellement passé, il était là pour me réconforter, sans poser la moindre question. Il s'est juste contenté d'être avec moi et me consoler. Je ne le remercierai jamais assez pour ne pas avoir insisté.

J'ai cauchemardé toute la nuit. C'était affreux. Je vivais la même scène à l'infini. Rien que d'y penser, j'ai les mains qui tremblent et le cœur qui s'affole. Pourtant, je sais très bien qu'ils ne sont plus ici et qu'ils sont peut-être mêmes dans une autre région mais une infime partie de moi se dit qu'ils pourraient revenir et me faire pire. Parce que quand j'y pense, il ne s'est pas passé grand-chose grâce à Niels. S'il n'avait pas été là, je pense que je ne serai plus là aujourd'hui pour en parler.

Je m'en veux tellement. Je n'ai rien su faire. Ça fait des mois que je m'entraîne à me battre pour qu'au final, je me retrouve pétrifiée. Josua doit être tellement déçu de moi. Je me sens tellement faible et stupide. J'aurai dû me débattre encore plus, rentrer dans leurs pensées et anticiper leurs mouvements, comment à l'entraînement ! Mais j'ai tellement paniqué que je les ai laissés me toucher. Ce n'est pas digne d'une guerrière, loin de là. Je n'en suis pas une, je suis seulement une pauvre petite fille qui compte sur les autres pour la sauver. La preuve : Jace et ma mère m'ont sorti du Centre alors que j'aurai dû le faire moi-même et Niels m'a sauvé des renégats. Je suis une incapable.

Mon père se trompait sur toute la ligne, je suis loin d'être plus forte que n'importe qui. Je suis faible et stupide, rien de plus. Même le jour où KF186 m'a attaqué j'ai su riposter. J'aurais dû réagir de la même manière, entrer dans leur tête, contrôler leur cerveau et les obliger à s'entre-tuer. Au lieu de ça, je me suis mise à pleurer et à les supplier alors que c'est moi qui aurais dû les obliger à se soumettre. Je ne suis qu'une idiote.

Si Niels n'était pas arrivé au bon moment, je n'aurais jamais pu m'en sortir et tuer cet homme. Je revois le sang gicler et les yeux du renégat se vider petit à petit de leur vie. Il est mort à cause de toi !

Une larme roule sur ma joue. Je m'en veux tellement, tout est de ma faute. Je n'aurai jamais dû les laisser m'atteindre. Je suis une stupide gamine qui pensait savoir se battre mais la vérité c'est que je suis faible et sans défense. Et malgré tous les efforts que j'ai pu faire, je n'ai rien appris. Et j'ai l'impression qu'importe ce que je ferai, je ne progresserai jamais. Je me sens tellement nulle et inutile.

Je n'ai envie de rien faire, juste rester à me morfondre dans mon lit. De toute façon, que je fasse ça ou autre chose, c'est le même résultat. Je commence à me dire que dans cette histoire, c'est le Centre qui avait raison. Ils avaient raison de m'enfermer parce que je suis une incapable qui ne sait rien faire de ses dix doigts et qui est bien trop faible et stupide pour ce monde. J'aurai peut-être mieux fait de rester dans cette chambre après tout, au moins ça m'aurait évité tout ça.

Les visages des deux hommes me reviennent sans cesse en tête. Pas besoin de lire dans leurs pensées pour savoir ce qu'ils allaient faire avec moi. Leur sourire carnassier, leurs mains immenses et sales, leurs tatouages, leurs cicatrices et même leurs voix restent ancrées dans ma mémoire. Puis je revois Niels se battre contre l'un d'eux. C'est comme ça que je veux devenir. Je veux savoir me battre au point de réussir à mettre à terre des renégats, savoir quoi faire quand ils s'approchent de moi et ne pas rester plantée comme une pauvre plante verte. Je veux pouvoir leur prendre la vie sans en faire des cauchemars affreux et sans m'en vouloir.

Je vais donc me changer, enfile ma tenue de sport et me dirige jusque dans la salle d'entraînement. Je fais tout pour ne croiser personne parce que je sais que je ne supporterai pas les regards insistants qu'ils me lanceront. Une fois rendue là-bas, j'enroule mes mains dans des bandages et commence à frapper de toutes mes forces, quitte à me faire mal, je m'en fiche. Peut-être que la douleur physique apaisera celle plus profonde. Je m'imagine frapper les deux renégats. Leurs visages apparaissent à la place du punching-ball. Je suis prise d'un élan de colère et d'adrénaline. Je frappe tellement fort que mes doigts se déboitent puis se remettent en place.

RF192Où les histoires vivent. Découvrez maintenant