Chapitre 39

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La journée a été des plus longue, je n'en pouvais plus de rester assise à faire encore une fois de la broderie. Je pense avoir eu ma dose. Pendant que je m'ennuyais, je regardais les autres faire et discuter, je rentrais dans leurs têtes et je participais en quelque sorte à la discussion. Mais quand mes yeux se posaient sur Syrielle, je ne pouvais m'empêcher de repenser à ce que Geoffrey nous a dit hier soir. Même lui sait parfaitement que c'est une vipère. Elle qui ne pense qu'à récupérer l'héritage, elle va se retrouver sans rien à la mort de son mari. C'est peut-être cruel mais j'ai envie de dire bien fait, elle l'a cherché.

Depuis ce matin j'ai d'affreuses nausées et je commence à vraiment m'inquiéter pour ma santé. Je ne sais pas ce qu'il y a ici mais ça me rend malade. Alors, ne me sentant pas bien, j'ai préféré ne pas m'entraîner aujourd'hui. Je me retrouve donc dans mon lit à essayer de me reposer en pensant qu'une bonne sieste m'aidera à aller mieux.

J'essaie de distraire mon esprit, essayant d'arrêter de penser à ces soulèvements de cœur. Je ferme les yeux et le visage de mon père apparaît. Un fin sourire se dessine sur mes lèvres lorsque je le revois jouer avec moi lorsque j'étais enfant. Nous avons passé des après-midis entières à s'inventer toutes sortes de jeux, à devenir des personnages tous droit sortis de mon imagination. Et j'adorais ça. La demi-journée passait en un éclair et, à chaque fois qu'il devait partir, je le suppliais de rester un peu plus avec moi. Si je reste, le Centre ne va pas être content, mais je reviens vite, promis.

Parfois, ces histoires que nous nous inventions, je les racontais à Adrian qui, durant tout le long de nos sorties, était pendu à mes lèvres, écoutant attentivement les moindres détails. Je crois qu'il enviait la relation que j'avais avec mon père, ses parents à lui ne venait pas souvent, une fois par mois maximum, et ils ne jouaient jamais ensemble. Il arrivait que je me sente coupable de lui raconter à quel point mon père tenait à moi et tout ce que nous faisions ensemble, alors je décidais de ne plus rien lui raconter. Mais à chaque fois, il me demandait si mon père était venu me voir alors je continuais. Du jour où il a appris que mon père était mort, Adrian ne m'a plus jamais parlé de lui, par peur de me rendre triste.

Mais, alors que j'étais sur le point de m'endormir, un goût étrange envahit ma bouche. Je me lève immédiatement et cours dans la salle de bain. J'ai à peine le temps d'arriver au-dessus de la cuvette des toilettes que je vomis tout mon repas de ce midi. Je reste de longues minutes assise par terre, la tête dans les toilettes. C'est comme si quelque chose remuait dans mes tripes et rejetait tout ce que j'avais avalé. Un goût affreux reste dans ma bouche et me donne encore plus la nausée. Mon ventre se contracte, quelque chose remonte et je me repenche au-dessus de la cuvette et cette fois, ce n'est que de la bile qui sort, ayant déjà régurgité tout ce que j'avais mangé.

Je me relève et tire la chasse d'eau avant de réaliser que tout ceci est étrange. C'est impossible que je sois malade. Mes cellules sont tellement actives et se renouvellent tellement vite que le virus est directement évacué avant même qu'il ne fasse effet. Et pourtant, ça fait pas mal de temps que je ne me sens pas bien. Je suis sans cesse fatiguée, j'ai souvent la nausée, je n'ai plus d'appétit et mon odorat fait des siennes. Je me regarde dans le miroir. J'ai d'affreuses cernes et le teint blanc. Je repasse en boucle tous mes symptômes jusqu'à ce que je comprenne. Mes règles !

Je ne les ai pas eus depuis pas mal de temps, ce qui n'est franchement pas normal puisque je n'ai eu aucun retard depuis au moins quatre ou cinq ans. De plus, j'ai eu une vie sexuelle assez, disons, mouvementée. Ça ajouté à la fatigue, la perte d'appétit, un odorat bizarre et les nausées. Non, est-ce que...

Et merde ! Je cherche dans nos affaires à la recherche d'un test de grossesse mais je sais pertinemment que je n'en trouverai pas. Pourquoi est-ce que j'en aurai pris un avec moi après tout ? Surtout qu'ils ne sont pas tellement autorisés puisqu'ils sont considérés comme contre nature. Les gens pensent qu'ils contiennent des radiations qui pourrait affecter l'enfant voir même provoquer une fausse couche, alors il est extrêmement compliqué d'en trouver. Généralement, soit les femmes en achètent clandestinement, soit elles s'en rendent compte quand elles voient qu'elles n'ont plus leurs règles et que, tiens comme par magie, leur ventre et leur poitrine ont gonflés.

RF192Où les histoires vivent. Découvrez maintenant