~Chap 45~

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18h16

Six appels manqués de Ken, quatre des filles et un appel de chacun des mecs. En gros une bonne vingtaine d'appels manqués se sont inscrit sur mon téléphone. Sans compter le nombre interminable de messages qu'ils m'ont tous envoyés. Alors que ça fait même pas une heure que Ken m'a déposé et que je suis partie marcher dans le quinzième.

Mais non je ne répondrais pas.
J'ai appris il y a même pas deux heures que j'ai tué mon frère et rendu un bébé orphelin, alors j'ai le droit d'être seule c'est compréhensible non ?

Un autre appel de Ken s'affiche sur mon écran de téléphone.

Apparement non, c'est pas compréhensible pour certaines personnes.
J'éteins mon téléphone et le range dans ma poche arrière de jeans.

Il fait déjà nuit, et j'ai froid, vive l'hiver.
Marcher seules dans ces rues me refais penser à mon agression. Très rassurant...

Je contemple chaque rues illuminées par les lampadaires, voitures et quelques guirlandes de Noël comme si c'était pour la dernière fois.
Paris la ville magique sous ses lumières.

Je finis enfin par tomber sur une pharmacie.
Je suis un peu perdu dans ces rayons remplis de médicaments pour lesquels j'ignore encore l'existence.

Une boîte de somnifères, et deux de doliprane. Ça devrait faire l'affaire.

La pharmacienne me dévisage légèrement avec ces médicaments là en main mais finit par me les encaisser.

Je sort aussitôt de cette pharmacie pour rejoindre la supérette d'à côté.

Je parcours les différents rayons jusqu'à tomber sur ce que je recherche.

-Hum est ce que vous avez des toilettes s'il vous plaît ? Demandais je pendant que le gérant encaisse ma petite trouvaille.

-Eu oui bien sur, c'est là bas ma p'tite dame. Me répond t'il en me montrant du doigt une porte au fond de la petite boutique.

Je le paye et y part aussitôt.
Je me retrouve dans cette petite pièce où je m'enferme aussitôt à cléf, les petits carreaux blancs jaunis par le temps.
Face à un miroir et un lavabo accrochés au mur, la porte des toilettes se trouvent derrière moi.

Je déballe le rasoir jetable acheté précédemment et sort les médicaments de mon sac.

Je rallume mon téléphone une dernière fois, une dizaine de messages d'un peu tout le monde défilent sur mon écran.

Ken : S'il te plaît, ne fais pas de conneries.

Message que je reçois à l'instant, qui me marque instantanément.

Je relève légèrement mon regard jusqu'à le croiser dans le miroir devant moi, mes larmes montent peu à peu. Me rappelant une sombre journée au collège...

Flashback :

-Aïe lâchez moi ! Lâchez moi ! Laissez moi tranquille, s'il vous plaît. Mes larmes ne cessent de couler.

-Tais-toi sac d'os ! Va mourrir !
-Ouais va crever !
-Salle anorexique, t'es plate comme le mur !
-Personne voudra de toi.

Je ne sais pas combien ils sont... je fermes les yeux pour fuir leurs regards, j'ai peur.
Je suis recroquevillée sur moi même au milieu de la cour mais personne n'intervient pour moi.

-Aller vient là !

-Mais aïe arrêtez !!

Ils me prennent de force, j'essaye de me défendre je vous le jure ! Mais c'est trop dure. Ils me poussent, me tirent.

-Non pas les toilettes ! Pas les toilettes !

Leurs rires ne cessent de résonner dans toute la coure.
Mais c'est déjà trop tard, ils m'ont déjà poussée et enfermés dans les toilettes du collège.
J'ai beau taper, pousser mais rien n'y fait.
La sonnerie retentit, la récré prend fin et les rires s'éloignent petits à petits.
Je me retrouve désormais seule enfermée dans ses toilettes.

Ma seule solution, pour aller mieux ? Cette lame de rasoir usagée au fond de mon sac.

Fin du flashback

Et aujourd'hui, rien n'a changé. Les séquelles sont toujours présentes en moi.
J'ai envie de dire à la petite fille faible que j'étais il y'a quelques années que ça ira mieux plus tard, que les douleurs disparaîtront avec le temps. Mais c'est faux, en faite tout est encore là, en moi. Je ne suis pas prête à faire une croix sur tout ça.

Mes yeux dérivent sur l'écran de mon téléphone puis le message de Ken.

Moi : Désolé

Je verrouille mon téléphone et replonge mon regard sur le rasoir sur le quel je démonte la lame.

Mes yeux sont remplis de larmes, mais c'est trop tard, ma décision est prise.
J'ai tué mon frère et rendu un enfant orphelin.

Alors c'est à moi de mourir.

Je pleure tellement que je ne vois même plus ce que je fais, alors je m'empresse de transpercer la peau de mon poignet d'un mouvement saccadé.

-Arghh. Je me mort les lèvres pour éviter de faire plus de bruit.

-Ça va mademoiselle ? Demande le gérant du magasin en tapant à la porte.

-Très bien merci. Dis je entre deux soupirs de douleur.

J'attends quelques secondes qu'il soit bien partit pour reprendre mon activité.

Je commence à sortir quelques médicaments de leurs boîtes. Un mélange somnifère/doliprane suivit d'une grosse bouchée d'eau.

Dix minutes plus tard...
Boîte de doliprane finit.

Cinq minutes après...
Les deux boîtes de doliprane finis.

Je commence à me sentir vraiment mal. Je tremble de plus en plus, des sifflements intenses prennent places dans mes oreilles.
Mais je ne lâche rien, je reprends ma lame de rasoir et approfondie encore plus la coupure de mes veines.

Mon sang ruisselle sur le long des parois du lavabo. Quelques giclées ont atterri sur le miroir ainsi que sur le sol. Et ne parlons même pas de mes vêtements...
La lame transperçant ma peau me soulage, cette douleur me soulage, voir mon sang couler le long de mon bras me soulage.

Je m'empresse de m'enfiler la boîte de somnifères avant de tout poser sur le long du lavabo.

Je m'appuie sur celui ci et me regarde fixement dans le miroir, les larmes dégringolant mes joues.
Ma vison se trouble de plus en plus. Ma tête se met à tourner. Je suis comme attirée, poussée vers le sol.

Ça me fait terriblement mal mais j'ai espoir. J'ai l'espoir que je puisse m'en sortir dans l'au delà. L'espoir que mes douleurs quittent enfin mon âme.
On m'a toujours dit que l'espoir faisait vivre, moi... il m'a fait mourir.

Aventures Parisiennes / NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant