Chapitre 3 : Au fond de la mine

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— Je les tue ?

— Ils sont déjà morts.

— Mais ils bougent !

— Et lui, il n'a pas de tête.

Dans un vaste espace de la mine d'Eleburn, les aventuriers se disputaient sur la marche à suivre, et ils n'étaient pas seuls. Autour d'eux, des mineurs, travailleurs accomplissant leur tâche d'extraire le minerai du cœur de la montagne à coup de pioche. Cependant, leurs corps mutilés se décomposaient.

Pensant dans un premier temps avoir retrouvé la trace des disparus, le groupe s'était approché sereinement, avant de découvrir avec horreur la douzaine de cadavres aux mouvements mécaniques. Ces derniers ne semblaient pas se rendre compte de leurs présences, et continuaient à frapper les parois, à la seule lumière des lampes à huile de Hugoi et Emil.

— La magie, c'est de la merde, c'est dit. Déclara l'ingénieur, qui s'amusait à faire des croche-pattes aux mort-vivants.

— Seulement la magie hérétique, que vous autres humains employez, corrigea Aren, avant de retenir Emil par le bras. Quelle atrocité, violer ainsi le repos de vos défunts...

— Ce n'est pas forcément l'œuvre d'un mage humain, se défendit Hugoi.

— Allons bon, reprit Aren. Nous sommes à Vernor, et assistons ici à un phénomène magique, et ni Lily ni moi ne sommes capables de ressentir le mana qui les anime. Ce n'est donc pas l'œuvre d'un elfe, ni celle d'un orc. Par élimination... Il ne reste que les humains.

— La vieille n'était donc pas complètement sénile, coupa Emil, notant dans un coin de son esprit de prendre en compte les dires de leurs commanditaires à l'avenir, même les plus fous.

— Dommage, ceux-là sont pourris, regretta Lily. Ce ne sont pas ceux que nous cherchons...

— Dommage ?

— J'en ai ma claque de cette mine, je suis prête à ramener des cadavres si ça peut satisfaire la vieille.

— Au contraire, nous devons poursuivre cette exploration, demanda Aren, prenant al tête du groupe. Nous avons la preuve qu'un mage humain habite en ces lieux. Quelles sont ses motivations si près de la frontière ? Je n'aime pas ça. Vous autres humains, n'êtes capables d'utiliser qu'une seule magie, et l'un d'entre vous choisit la nécromancie ? Nous ne pouvons pas ignorer cet hérétique.

— Ce n'est pas véritablement un choix... Murmura Hugoi.

— Je suis d'accord avec Aren, même si ça me fait chier de le dire, avoua Emil.

— Par rapport à l'exploration de la mine ? S'étonna le mage.

— Non, ce sont des hérétiques. Ils ne prient pas Cyvid.

— On s'en fout, trancha Lily. Vos dieux ne nous aideront pas dans cette mine, on a qu'à tuer définitivement tout ce qui bouge. Ils ne se rebellent pas de toute manière.

— Lily, la déesse Liarilia nous enseigne de-

— De crever pour les autres, cracha la fillette à l'autre elfe. Je n'ai pas ce penchant. On retrouve les crasseux, et on s'en va reprendre cette mission de niais utopique. Je n'écouterais pas vos élucubrations religieuses.

La jeune fille s'avança dans l'obscurité, laissant les trois adultes dans un lourd silence. Ils grimaçaient suite aux propos de l'assassin. Elle avait raison, leur dispute n'amènerait rien. Leur aventure semblait impossible, et était sans doute trop idéaliste. Cependant, ils avaient survécu au carnage. Ils n'étaient pas comme les cadavres devant eux, dépourvus de volonté. Ils pouvaient encore changer le destin de leurs peuples respectifs.

L'aube d'une nouvelle èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant