Chapitre 24 : Lortim

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— Allez, sers-nous à boire !

— Non.

— Fait pas ta radine, on a soif !

— Non, c'est épuisant.

L'échange entre Lily et Emil persistait depuis plus de trente minutes. La jeune elfe avait décrit aux aventuriers sa rencontre avec l'élémentaire d'eau, et la douloureuse acquisition de son nouveau pouvoir, dont elle leur avait fait une sommaire démonstration.

Depuis, Emil réclamait que Lily soit nommée responsable de l'approvisionnement en eau du groupe. Sa capacité d'en conjurer des litres en un sort leur faciliterait le voyage dans un Lonesam en partie désertique.

— Tu peux toujours me laver si t'as pas envie qu'on boive, déclara Okar, joignant l'ingénieur. Ca fait deux siècles que je n'ai pas pris de bain.

— Tu vas pas t'y mettre non plus ! S'exaspéra Lily.

— Mon hygiène passe avant tout, je suis un orc respectable.

— Oui, pense à sa dignité ! Insista Emil.

— Oui, pense un peu à ma dignité ! Tu trouveras bien au fond de ton cœur la force d'aider un orc dans le besoin !

— Mais fermez-là !

Devant les disputes, en tête de l'exploration, Hugoi et Aren n'avaient plus la force d'intervenir pour faire cesser les chamailleries. Cadrer Emil, Lily ou Okar requérait de la patience, ou des menaces. L'une ou l'autre des options puiserait dans leurs dernières ressources mentales, et ils s'effondreraient dans les ruines.

Hugoi, toujours trop faible pour marcher de lui-même, s'appuyait sur l'épaule d'Aren. Le chevalier magique se concentrait sur son ouïe pour déceler le moindre son étranger aux escarmouches verbales de ses camarades.

Le mage elfe, quant à lui, observait chaque recoin des salles traversées avec attention. Sa nyctalopie, atout précieux dans le dédale souterrain, complétait à merveille la perception de Hugoi.

Un humain et un elfe, se prêtant main forte pour survivre, et accomplir leur importante mission. Une coopération basée sur la confiance, rare entre leurs peuples en guerre. Si un autre humain et une jeune elfe ne semblaient pas sur le point de se battre derrière eux, ils se laisseraient emporter par le symbole de leur situation.

La progression du groupe devenait plus facile au fil des couloirs. Les salles découvertes étaient pour la plupart vides, certaines ne possédaient même pas de porte à leurs entrées. Par endroits, les pierres des couloirs n'étaient pas aussi polies qu'ailleurs, et gardait un aspect brut que le temps n'avait pas encore entamé.

— Ah merde, la théorie d'Aren va se confirmer, déclara soudainement Emil, d'un ton irrité.

— Il a dit quelque chose d'intéressant ? S'étonna Okar.

— Ouais. Tu sais, la sortie, les clébards.

— Je te demande s'il a dit un truc d'intéressant, pas chiant.

— As-tu un nouvel élément ? S'enquit le mage elfe, sans relever les commentaires de l'orc.

— Ils l'ont jamais fini, ce temple, répondit l'ingénieur.

— Ca ne m'étonnerait pas non plus, acquiesça Hugoi. Je n'ai pas l'impression que l'ordre de la vie se soit approprié cette zone.

— Non, le temple est actif, fit remarquer Aren. Souvenez-vous des pièges, des fresques, des élémentaires, et surtout, la présence du cœur azuré !

L'aube d'une nouvelle èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant