Chapitre 6 : Le démon

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— Je prendrais aussi cette corbeille de fruits s'il vous plait, et une miche de pain si vous en avez.

— Très bien mademoiselle, puis-je vous recommander cette petite charcuterie séchée de Devla ? Vous m'en direz des nouvelles.

—Allons, si vous revenez de Mikoriya sans l'avoir vendue, elle ne doit pas être si exceptionnelle.

— Mademoiselle est vive d'esprit ! Des fruits et du pain, donc.

Depuis une semaine, le groupe suivait la direction indiquée par la gemme d'Asha. Son fonctionnement s'était révélé être des plus simples. Il suffisait à Ditta d'injecter son mana dans la pierre, pour que celle-ci émette une faible lueur écarlate dans la direction du prochain oracle. En comparant l'orientation de la lumière avec la position des villes de Vernor sur une carte, une seule correspondant à l'alignement. Mikoriya, au sud-ouest, une cité célèbre pour sa production de fruits en toute saison.

Sur la route, le groupe repassa par Eleburn. Ditta pût ainsi se vêtir plus modestement qu'avec la tenue légère qu'elle portait sous son armure, perdue dans les décombres du temple d'Asha à Brena. La commandante décida de masquer son statut en ôtant la chevalière écarlate qu'elle portait au doigt. Elle opta pour une longue robe blanche, avec l'idée de se faire passer pour une jeune noble, escortée par un groupe d'aventuriers. Elle souhaitait ainsi éviter d'attirer l'attention plus que nécessaire. Les déplacements de la commandante des chevaliers magiques entraînaient la tension des habitants de Vernor. La voir se déplacer impliquait que de terribles incidents avaient lieu dans la région. De plus, Ditta ne comptait pas arriver à Mikoriya en criant haut et fort que la perte de l'oracle Tahyae dans un assassinat, et qu'elle venait chercher celui ou celle qui la remplacerait. La stabilité de Vernor en serait menacée, et les déclarations officielles pouvaient très bien attendre le moment que le nouveau pouvoir soit en place.

Les aventuriers continuèrent ainsi de voyager sans rencontrer le moindre problème. Leur unique préoccupation fut le manque de vivres, à la veille d'arriver à Mikoriya. Et elle ne dura pas. La route qu'ils suivaient grouillait de marchands. C'est en croisant l'un d'entre eux que Ditta s'était amusée à mener une longue séance de négociations pour de simples fruits.

— Trois pièces d'argent, compta Ditta en posant la monnaie dans la main du jeune marchand, après son échec à se délester de ses marchandises invendues. Hugoi, s'il te plait, viens donc récupérer nos achats, et partagez-vous les fruits selon vos préférences.

— Merci, mademoiselle, répondit le chevalier magique, allant chercher dans le chariot les produits que le marchand lui indiqua d'un mouvement de tête.

Aren, Emil et Lily maintenaient une formation triangulaire autour du convoi. Afin que les elfes n'attisent pas la méfiance, ils respectaient à la lettre leur rôle d'escorte. Ils ne bougèrent pas d'un iota à l'appel de leur premier repas du jour, et c'est Hugoi qui alla à la rencontre de chacun d'eux pour leur permettre de se restaurer.

— Vous qui arrivez de Mikoriya, comment se porte la ville en ce moment ? Demanda soudainement Ditta, à l'homme qui remontait déjà sur son chariot.

— Rien qui ne sort de l'ordinaire, répondit-il simplement.

— Vraiment ? Insista la jeune femme en montrant une nouvelle pièce d'argent dans le creux de sa main.

— Mademoiselle s'y connait en affaire, salua le marchand. Cependant, laissez-moi décliner votre proposition. Je n'ai rien à vous apprendre. La cité au creux des collines se porte comme un charme, sa sérénité m'a permis d'oublier un temps la guerre.

L'aube d'une nouvelle èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant