L'aube d'une nouvelle ère

Chapitre 7 : Question d'agilité

Les quelques jours passés à Mikoriya furent pesant pour le mental du groupe. Le village pleurait ses morts, et l'espoir de retrouver des disparus en vie s'amenuisait. Toutes les familles avaient été frappées par la perte d'un proche. A chaque coin de rue, un nouveau malheur se dévoilait.

L'attaque du démon n'avait duré qu'une poignée de minutes, et ce fut pourtant bien assez pour le monstre. Aren et Emil avaient tenté sans succès de poser des questions sur les circonstances de l'apparition du monstre aux villageois. Quel était son lieu exact d'apparition ? Celle-ci avait-elle était précédée son arrivée par un quelconque phénomène anormal ? Ils n'avaient obtenu aucune réponse, s'il y eut des témoins, ces derniers faisaient partie du décompte des victimes. Le manque d'information pénalisait durement les aventuriers dans leur combat contre ce fléau.

Ditta passait ses journées avec Lyria. La jeune oracle, déjà sans famille avant la catastrophe, avait en prime perdu sa maison dans l'attaque. La commandante s'occupait de la fillette, et comptait la ramener à la capitale d'ici quelques semaines. Petit à petit, Ditta révélait à l'enfant son importance pour Vernor, et les responsabilités qui l'attendaient. Lyria, malgré le choc, répondait à la commandante en montrant son très fort caractère pour son jeune âge, forgé par des années de débrouilles. Ditta voyait sa patience être régulièrement mise à rude épreuve, et redoutait les prochaines années. Elle qui avait pour habitude de résoudre les problèmes par la violence, elle apprenait sur le tas la difficulté d'élever une enfant en pleine rébellion.

Afin de rassurer le village blessé, Ditta ne cacha pas sa fonction. La commandante des chevaliers magiques en personne assurait à présent la protection de la cité contre toute nouvelle attaque. Les habitants de Mikoriya n'avaient pas assisté au combat des aventuriers contre le démon, et considéraient la plus haute gradée de l'armée de Vernor comme une force de frappe que seul un oracle pourrait briser.

Dans le but de préparer son départ, Ditta avait envoyé plusieurs messagers vers les diverses garnisons stationnées au centre du pays afin d'obtenir les renforts qui la remplacerait, tout comme des commandes de matériaux pour assurer la future reconstruction. Les vivres n'allaient pas être pas un problème pour la cité, dont les vergers ne furent pas atteints par le démon.

La commandante avait également rédigé un document officiel qu'elle confia aux aventuriers, et avait indiqué qu'il leur permettrait d'obtenir tout ce dont ils auraient besoin des habitants de Vernor en leur présentant. De cette façon, elle les libérait des divers tracas logistiques accompagnant les voyages.

Une fois reposés et équipés pour leur périple, Hugoi, Aren, Lily et Emil quittèrent Mikoriya, laissant derrière eux la commandante, et Lyria. Le lac de Xydra était leur nouvel objectif, où ils devaient trouver une partie du pouvoir de l'oracle de Vernor. Sous quelle forme se manifesterait ce pouvoir, et qu'est-ce qui les attendrait dans cette supposée tour ? Ils ne disposaient d'aucun élément pour les y préparer.

Hugoi guidait le groupe vers la cité de Devla. Le gigantesque lac de Xydra s'étendait au nord de Brena, mais selon le chevalier magique, la méthode la plus rapide pour l'explorer était de louer un navire à la cité portuaire. Devla s'était construite sur les rives du fleuve Zyreb, qui s'écoulait naturellement vers leur destination. La cité commerçait régulièrement avec les guildes de Lonesam, Xydra formant une frontière naturelle entre les deux nations humaines. Le groupe ne s'attendait pas à rencontrer de difficultés pour recruter un navigateur dans ces conditions.

Atteindre Devla requérait quatre jours de voyage à cheval. Les aventuriers respectèrent scrupuleusement les consignes de Ditta pendant le trajet. Ne parler à personne de l'incident de Mikoriya, de la mort de l'oracle Tahyae, ou du massacre des armées. Le groupe n'était qu'une simple compagnie voyageant à l'ouest du front, pour accomplir les quelques missions que les chevaliers magiques occupés à combattre ne pouvaient plus assurer.