Chapitre 4 : La commandante des chevaliers magiques

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— Et vous les avez laissé partir ? Tonna une femme d'une trentaine d'années à la longue chevelure rousse.

Vêtue d'une armure écarlate où l'on devinait le symbole des chevaliers magiques de Vernor, les flammes, et portant une chevalière attestant de son rang à l'index de la main gauche, l'humaine courte sur pattes infligeait un sermon aux quatre aventuriers, qu'elle avait trouvé à peine arrivée à Eleburn. Le village, pillé par les criminels qu'elle poursuivait depuis la capitale, avait été délesté d'une bonne partir de ses réserves alimentaires.

— Commandante Volken, essaya Hugoi qui n'en menait pas large, l'impressionnant marteau géant de la chevalière à quelques centimètres de son visage. Nous ignorions qu'il s'agissait là de renégats. Nous descendions tout juste des mines, où nous venions de mener une opération de sauvetage dans l'urgence. A pied, nous ne pouvions pas les rattraper.

Ditta Volken semblait sur le point d'exploser. Malgré sa petite taille, elle ne dépassait que difficilement les un mètre quarante, elle dominait Hugoi, Aren, Emil et Lily, prostrés à ses pieds. La commandante commença à faire les cents pas dans la maison qu'elle avait réquisitionnée au village, pour obtenir des informations du groupe d'aventuriers dans la plus grande discrétion. Aucun d'entre eux n'avait essayé de se débattre lors de leur arrestation, malgré que sa troupe d'élite n'était plus réduite qu'à Shaun Beltri, un mage actuellement adossé à la porte d'entrée du salon, et elle-même.

Dans un premier temps, à la vue des deux elfes et de l'ingénieur de Lonesam, Ditta s'était décidée de les tuer tous, sans la moindre sommation. Ce n'est qu'au dernier moment qu'elle avait reconnu Hugoi Ivgorod parmi les membres du groupe, un capitaine de l'armée de Vernor sur lequel elle avait pu compter par le passé.

Le rapport du chevalier magique fut épouvantable. Leurs hommes décimés, les créatures bestiales capables de commettre un tel carnage... Celui qui s'était présenté comme Aren avait ensuite prit le relais dans l'échange, par soucis de clarté, les propos de Hugoi se dispersant sur plusieurs évènements à la fois. L'elfe avait expliqué le but de leur aventure, et pourquoi lui-même avait choisi d'avancer dans Vernor en dépit du danger, plutôt que de replier à l'abri des forêts de Dafaorn. Ditta n'avait décelé aucun artifice dans les propos du mage, cependant lorsqu'il avait indiqué avoir repéré les cavaliers quittant Elebrun, que la colère de la chevalière magique explosa.

— Les bâtards me glissent encore entre les doigts, gronda Ditta, dont chaque pas suffisait à faire trembler toute la structure de la maison en bois.

— Commandante, intervint Shaun tout en réajustant ses longs cheveux noirs en une queue de cheval. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre plus de temps. Brena est leur seule destination possible à présent, et nous allons les y piéger. Ils ne traverseront pas le lac vers Lonesam, et passer la frontière de Daforn signerait leur arrêt de mort.

— Je sais, je sais, tempêta Ditta, qui jaugea le groupe de ses yeux bleus. Vous quatre, vous allez nous suivre.

— Elle n'est pas encore née, l'humaine qui me donnera des ordres, refusa Lily tout en se redressant sur ses jambes.

Malgré son jeune âge, la fillette dépassait déjà légèrement la commandante des chevaliers magiques de Vernor, et profita de cette situation rare pour la regarder de haut, avec toute l'arrogance et le mépris que ses attributs elfiques lui permettaient.

— Euh, Lily, ce n'est pas ton idée la plus formidable, bredouilla Emil qui tira sur la manche de la petite elfe pour la forcer à se mettre à genoux.

— Que se passe-t-il, commandante Velken ? Demanda soudainement Hugoi. Pourquoi avez-vous quitté la capitale si ce n'est pas pour superviser la guerre ? Qui sont ces criminels ?

L'aube d'une nouvelle èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant