Chapitre 10 : L'appel du devoir

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Les aventuriers pressaient leurs chevaux sur les derniers kilomètres des plaines de Vernor. La nuit approchait déjà, et ils espéraient atteindre la cité indépendante de Port Grech avant que le manque de luminosité ne les contraigne à bivouaquer.

Les adieux avec Kassim et Olivie remontaient à deux jours, le premier se pressant de négocier un fructueux remboursement pour son navire, là où l'ancienne oracle d'Asha étudiait le monde nouveau qui s'offrait à elle, avant d'entreprendre le voyage jusqu'à la capitale.

— J'aperçois les lumières de la ville, déclara tout à coup Aren, rompant le silence des dernières heures.

— Génial, on aura pas à dormir par terre, se réjouit Lily, toujours peu encline à camper, et dont l'humeur exécrable était la cause du l'humeur maussade du groupe.

— Enfin, on quitte Vernor, ajouta Emil, satisfait. La civilisation nous tend les bras.

— Quel sera le temps de voyage jusqu'à votre capitale ? Demanda Hugoi, sans relever le regard espiègle de l'ingénieur.

Emil fit claquer sa langue, déçu que le chevalier magique n'ait pas mordu à l'hameçon. Le groupe se côtoyait jours et nuits depuis maintenant plusieurs semaines, et les aventuriers apprenaient à se connaitre. Les remarques acerbes de Lily cachant pourtant une naïve innocence, l'inflexibilité apparente d'Aren, qui acceptait les concessions pour ses compagnons, ou le sens du devoir de Hugoi, mise chaque jour à rude épreuve. Tous les trois s'étaient peu à peu habitués à brin de folie qui animait Emil ; et sa tendance à semer le chaos pour animer un quotidien qui serait bien trop déprimant sous le poids de la menace des démons.

— Massiglia est à l'extrême nord de Lonesam, finit par lâcher l'ingénieur. Même en débarquant à Segovia et en empruntant le tunnel de Memausus, on en a pour un mois de voyage.

— C'est trop long, soupira Lily.

— C'est très loin.

— Notre capitale est bien plus proche, insista la jeune elfe. Altorn n'est pas tant perdu au-delà des frontières.

— Je suis navré, s'excusa Aren d'un ton révérencieux. Bien que nos forêts soient toute proche, nous perdrions du temps en choisissant cette route. Il nous faudrait ensuite de toute façon partir au nord pour Massiglia, et faire le chemin en sens inverse pour rejoindre Vucior, au sud. La contrée de nos alliées ne sera pas aisément accessible.

— Pff, ignora Lily, décidant d'observer les contours de la proche cité, plutôt que de subir l'obséquience du mage.

— Il est trop tard pour changer de route, gagnons Port Grech et trouvons une auberge pour la nuit. Nous chercherons un navire à l'aube, à mois d'opter pour la voie terrestre.

— La voie maritime sera plus confortable, répondit Aren à Hugoi. Et nos montures sont exténuées, les vendre à une écurie nous apportera quelques deniers.

— Tu ne crains pas de naviguer sur le lac ? Commenta Emil. Tu as eu du bol avec Kassim, car c'est un marin de Lonesam d'une grande qualité. Mais ne prend pas trop confiance face à l'eau.

— Tu m'accompagneras, rétorqua le mage. Avec ce fatras que tu transportes, tu couleras bien avant moi.

Aren pointa de son bâton le sac de voyage surchargé de l'ingénieur. En sortant de la tour d'Ieasha, l'homme avait récolté du matériel avec l'aval d'Olivie. Il transportait pêle-mêle les morceaux d'une demi-douzaine d'araignées mécaniques, des métaux précieux, des gemmes magiques déchargées, et des plans de toute sorte débordaient des poches de son bagage.

Emil avait essayé de convaincre Hugoi de l'aider à recharger les gemmes magiques, afin de pouvoir animer à nouveau les anciennes créations. Cependant, devant le refus du chevalier, l'ingénieur avait décrété qu'il se débrouillerait tout seul avec ses trouvailles, et que le groupe n'aurait qu'à pleurer quand sa propre armée mécanique ferait sa part de travail à sa place. Si personne ne souhaitait l'aider avec des problèmes de magie, il remplacerait toutes ses composantes par de la technologie de Lonesam une fois au pays.

L'aube d'une nouvelle èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant