Chapitre 21 : L'avènement

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— Oyez, oyez ! Citoyens de Metsilda ! Cessez vos activités quelques instants, et écoutez la nouvelle ! Ce midi, sur le parvis du temple d'Asha, s'exprimera la commandante des chevaliers magiques, Ditta Volken. Il s'agit d'une importante déclaration sur le devenir de notre nation. Soyez nombreux.

Les hérauts parcouraient la capitale de Vernor de long en large, au travers de ses étroites rues bordées d'étalages, informant le peuple de l'imminente allocution. Bientôt, la nouvelle arriva sur toutes les lèvres. Le bouche à oreille relayant les voix des messagers.

Le marché, grouillant d'activité, fut le plus vite excité par la nouvelle. Certains marchands avertissaient leurs clients de ne pas revenir à l'heure du déjeuner, car ils seraient bien loin de leurs commerces. Quelques parents se rendirent dans l'école de la capitale, afin de prévenir les professeurs de laisser partir les enfants plus tôt ce matin. Du cœur de la capitale jusqu'à ses murs bordés de champs, chaque habitant de Metsilda fut mis au courant de l'intervention de leur bien-aimée commandante de l'ordre sacré des chevaliers magiques.

Assise à une terrasse ensoleillée, profitant de la douceur d'un verre de vin, Olivie observait avec attention les réactions de la population. L'ancienne oracle avait atteint la capitale tardivement la veille, et faisait le point sur ses récentes découvertes.
Le recul de la civilisation de Vernor avait particulièrement choqué Olivie pendant son voyage. Elle s'y était préparée après ses échanges avec Emil, pourtant, l'absence quasi-totale de technologie magique l'avait désarçonné.

De son temps, le bon sens voulait que des ouvriers ne se brisent pas le dos au labeur, en utilisant des gemmes infusées des enchantements adéquats. Des marteaux capables de pilonner la roche, des charges allégées, ou même des bâtiments se passant de mortier. Ces techniques, qu'elle considérait comme acquise, semblaient avoir disparues. Pire, oubliée.

Elle n'avait trouvé que très peu de mages en chemin pour la renseigner, bien moins que par le passé. L'éveil de la magie, étape difficile mais obligatoire pour chaque habitant de Vernor arrivant à l'âge adulte, n'était plus enseigné.

La chute démographique inquiétait Olivie, qui avait traversé des bourgades d'une cinquantaine d'âmes tout au plus. Et la capitale ne semblait abriter tout au plus que vingt-mille âmes. Bien loin de la resplendissante Metsilda de ses souvenirs, aux constructions démesurées, au plus prêt de la tour de l'oracle qui dominait toute la région.

Olivie paya sa consommation, et réajusta la capuche de sa cape. Elle s'était équipée à la façon d'une aventurière modeste. Pantalon et veste en cuir, quelques simples renforcements au niveau des épaules, et une épée de piètre qualité suspendue à sa hanche. L'ancienne oracle n'avait aucunement besoin de cet attirail. Elle essayait de rester discrète, et elle en avait bien besoin.

— "Vous ressemblez comme deux gouttes d'eau à notre ancienne oracle, c'est un signe."

— "Maman, elle ressemble à la dame sur le tableau du temple "

— "J'ai l'impression de vous avoir déjà vu quelque part... Vos yeux me disent quelque chose."

— "Vous êtes sûre de ne pas être de la région ? Je parierais mon cochon vous avoir déjà croisé !"

Combien de fois avait-elle entendu ces remarques au cours des deux dernières semaines ? Le peuple se souvenait d'Olivie Berecht. Alors que Vernor semblait avoir tout oublié de la guerre titanesque, de leur civilisation, et même de l'unité du peuple humain... Olivie restait vénérée encore aujourd'hui.

"Comment Vernor a pu dériver ainsi ?" Pondéra l'ancienne oracle. "L'Histoire n'a été que partiellement transmise, et nos technologies ont disparu. Est-ce la scission du pays en deux entités qui a provoqué une telle dissonance ?"

L'aube d'une nouvelle èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant