Chapitre 18 : Une trahison passée

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— Insiste pas, je garde ces boucles en or.

— Mais t'as déjà récupéré la dague !

— Parce que je suis la seule à savoir m'en servir.

— Je saurais me servir aussi de boucles en or.

— On peut vérifier ça, je te perce les oreilles ?

— Je préfère laisser ça entre les mains d'un professionnel.

— Alors je garde les boucles en or.

Lily et Emil se disputaient dans la pièce découverte au nord du couloir. Celle-ci n'était la chambre d'aucun ennemi, ou de quelconque autre créature. La porte y donnant accès était à l'origine fermée à clé, jusqu'à ce que Hugoi ne résolve le problème d'un bon coup de pied.

Les aventuriers s'étaient retrouvés dans une remise bien organisée. Armes et armures pendaient sur des présentoirs adaptés, et un coffre contenait encore quelques bijoux. Selon l'analyse d'Aren, personne n'avait plus foulé les lieux depuis des décennies voire des siècles, et l'odeur chargée de moisissure qui dominait la pièce donnait du crédit à cette absence d'activité.

Emil s'était tout d'abord enjoué devant l'endroit, qui avait tout d'un trésor à ses yeux. Cependant, l'ingénieur déchanta bien vite devant l'état du matériel en présence. Enfermées pendant une éternité à la merci de l'humidité, les armes avaient rouillés, et les armures partaient en miettes lorsque l'homme les effleurait. Les robes d'enchanteurs quant à elles, avaient été dévorées par les mites.

Une inspection poussée ne révéla au groupe que trois objets encore utiles. Une dague, un pendentif, et des boucles en or. Les deux premières découvertes étaient serties d'une gemme magique, et enchantées par les arts elfiques. Aren les identifia comme une dague générant un courant électrique en puisant le mana de son porteur, et une amulette de protection contre le feu.

Le mage se proposa de garder l'amulette, qui en combinaison avec sa robe obtenue dans la tour de Ieasha lui permettrait d'obtenir une immunité parfaite contre les flammes. Tactiquement très intéressant pour l'ensemble du groupe.

Lily s'était naturellement emparée de la dague, et avait déjà confirmé son bon fonctionnement, faisant lézarder des éclairs à la surface du métal.

Emil avait alors tendu la main vers la paire de boucles d'oreilles, qui n'avaient de précieux que le métal qui les constituait. Cependant, Lily chaparda les bijoux sous les yeux de l'ingénieur. Depuis, les deux aventuriers bataillaient pour le gain de la trouvaille, sous les yeux d'Hugoi, simple spectateur, qui s'amusait de leur échange.

— De toute façon, tu les revendrais au premier marchand venu, critiqua Lily.

— Bien entendu, assuma Emil. C'est leur seule valeur !

— Tu ne vois pas assez loin.

— Oh, tu as peut-être une meilleure idée ?

— Regarde, fit Lily, accrochant les boucles à ses oreilles, déjà percée dans le cadre de ses missions. Tu vois ?

— Euh... Non ?

— Je magnifie ces boucles grâce à mon élégance, ma grâce, et mes traits elfiques. Elles ont bien plus de valeur quand je les porte, qu'entre tes mains.

— Je trouve ça particulièrement laid.

— Tu mens !

— Non, je te jure. Esthétiquement, des anneaux accrochés à la pointe d'oreilles de vingt centimètres de long... Ca accentue juste le déséquilibre de ta tête. Quel genre de beauté a des oreilles qui s'affaissent sur ses épaules.

L'aube d'une nouvelle èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant