Chapitre 9 : La tour d'Ieasha

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— Ne t'en fais pas Aren, rassura Lily d'un de ses rares moments de sympathie. On ne te laissera pas ici.

— Je ne suis pas inquiet, répondit le mage.

— Je te repêcherais, ajouta Hugoi.

— Je vous ai dit que cela ne serait pas nécessaire.

— Un jour Aren, tu perceras les secrets de l'art de la nage.

— Emil...

— Ne vous tracassez pas, déclara Kassim. Jamais je ne laisserais un de mes précieux clients se mettre en danger sur l'un de mes navires. Je veille au grain.

— Tu ne vas pas t'y mettre non plus ?

Le groupe naviguait sur le lac de Xydra, à bord de la cogue à une voile de Kassim, rafistolée de façon précaire. Ils avaient quitté Devla à l'aube, et descendu le fleuve Zyreb jusqu'à la plus vaste étendue d'eau. La traversée de l'embouchure fut extrêmement agitée, à l'image des vagues qui se fracassaient contre la rive. Certaines remontaient même le Zyreb, rendant toute manœuvre maritime complexe. Kassim avait alors démontré ses compétences, franchissant la difficulté sans trembler malgré les remous. Une fois sur le Xydra, la houle se calma peu à peu, n'entravant plus la navigation.

Emil avait alors raconté au marin une partie de leurs aventures pour passer le temps. Ou en tout cas, ce qui ne relevait pas du secret d'Etat. Kassim s'était particulièrement amusé de la relation particulière d'Aren avec l'eau, et participait désormais avec passions à toutes les moqueries du groupe à l'encontre du mage. Depuis deux heures, Aren subissait l'amusent de ses camarades à ses dépens, sans pouvoir y répondre au risque de gagner un plongeon.

— Un peu de sérieux, la brume approche, déclara alors l'elfe, la cogue approchant de la zone trouble du lac.

— Oui, appuya Kassim qui cessa de rire. Naviguer devient difficile dans cette partie du lac. Aux alentours de l'île, les récifs sont très nombreux. La plupart des marins disparus s'y sont abîmés.

Le silence gagna le navire, jurant avec l'ambiance qui y régnait jusqu'alors. Les aventuriers restèrent immobiles, agrippées aux rambardes, et scrutant les eaux du lac à travers l'épais nuage. La visibilité se réduisait de seconde en seconde, si bien que bientôt, il devint impossible de voir la coque du navire depuis le pont.

Toutes les attentions se concentrèrent sur Kassim. Le jeune marin gardait la main sur le gouvernail, qu'il maniait avec une grande délicatesse d'un visage imperturbable. Ses yeux étaient rivés sur la brume, comme si malgré son opacité, son regard parvenait à la transpercer. Des ombres se dessinèrent sur l'eau à travers le nuage, et le navire se faufila entre elles, sans les toucher.

— Ce sont les épaves prives sur les récifs, indiqua Kassim. Les marins qui s'y sont jadis accrochés n'avaient que deux choix. Mourir de faim sur le rocher, ou tenter la traversée aveugle et se noyer.

Leur nombre avait de quoi inquiéter le groupe, car parfois plus d'une dizaine de ces ombres encerclaient le navire, qui continua pourtant à progresser sur les eaux du lac sans la moindre difficulté.

Après plusieurs minutes passées dans l'angoisse, uniquement bercée par les vagues percutant les carcasses, le groupe aperçut à travers la brume les contours ambigus de l'île, cerclé d'un fond vasard. Kassim accosta à même la plage, à peine le bateau toucha terre, que l'île révéla son paysage. La brume qui dominait pourtant l'environnement ne couvrait pas l'île. La visibilité parfaite laissa le groupe découvrir leurs alentours.

L'aube d'une nouvelle èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant