Chapitre III

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Ce fut vers dix heures qu'Antonio rouvrit les yeux. Il partit se laver dans la bassine, maintenant froide, que lui avait préparé ses domestiques un peu trop tôt. N'ayant aucune obligation ce jour-ci, il décida de rendre visite à son mentor qui vivait non loin d'ici. Il fit donc sa toilette avec rapidité, s'habillant sans oublier de se maquiller cette fois-ci. Il prévint ses domestiques de son départ et prit la direction de la demeure de son maître. Les rues lui paraissaient bien animées ou peut-être était-ce son quotidien qui semblait bien monotone. Le compositeur marchait avec calme mais parvint à sa destination en quinze minutes. Frappant à la porte, un domestique vint lui ouvrir et lui dit que Gassmann se trouvait dans sa chambre. Hochant la tête, Salieri entra et se dirigea vers la chambre. Il eut une hésitation face à la porte, entendant la voix de son mentor qui paraissait en compagnie de quelqu'un.

« Vous savez, Antonio est un amour. Il n'est pas très accessible au début mais une fois que vous le connaissez, c'est un vrai ange. Il reste très sobre, autant dans sa façon d'être que dans ses compositions. Et sa voix ! Vous l'avez déjà entendu chanter ?

-Oui ! Avant-hier, au palais de l'Empereur qui donnait un bal en l'honneur de son retour. Je dois bien admettre que sa voix est sublime et ses envolées dans les aiguës m'ont donné des frissons.

-Fut un temps où il pouvait aller une octave plus haut que sa voix de tête actuelle.

-C'est vrai ? J'aurai tout donné pour entendre cela ! »

Cette voix.. Antonio ne la connaissait que trop bien. Que faisait donc cet imbécile de Wolfgang dans la chambre de son maître ? Bien décidé à avoir le fin mot de l'histoire, le brun entra en toussotant légèrement.

« Excusez-moi, maître. Je suis venu vous voir mais il semblerait que vous ayez déjà un visiteur.

-Tu peux rester, Antonio. Tu ne nous déranges pas, installe toi, fais comme chez toi. »

L'Italien soupira légèrement et tira une autre chaise, l'approchant du lit en restant suffisamment loin de Mozart qui lui offrit un sourire aimable. Les deux Autrichiens échangèrent un regard triste devant l'attitude réservé du brun. Celui-ci croisa une jambe par-dessus l'autre pendant que les deux hommes recommençaient à parler.

« Cela fait combien de temps que vous vous connaissez ? Demanda le mentor d'Antonio

-Quelques mois tout au plus. Grommela Salieri

-Vous rigolez ?! Cela fait presque huit mois que je suis ici !

-Je suis parti pendant deux mois, excusez-moi de vous avoir quelque peu oublié !

-Vous mentez aussi mal que vous êtes objectif sur ma personne, Salieri.

-Je ne vais pas m'abaisser à vous menacer, pas ici.

-Est-ce donc la présence de Monsieur Gassmann qui vous rend si doux ? Monsieur, vous devriez passer au palais plus souvent..

-Vous ne devriez même pas être ici. Comment avez-vous trouvé l'adresse et le nom de mon maître ?

-Je me suis renseigné au palais. Pourquoi cela vous énerve-t-il tant ? Tous les compositeurs et musiciens sont mes amis ! Il est bien dommage que vous soyez si agressif et renfermé.

-Pour le coup, je suis assez d'accord avec Mozart.

-Vous n'allez pas vous y mettre aussi tout de même ?! S'exclama l'Italien, plus déçu qu'outré

-Cependant, je ne peux pas lui donner totalement raison. Je connais la raison de ton comportement. Mais c'est à toi de te détacher de ton passé pour aller de l'avant.

MaestroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant