Chapitre XI

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Le Maître de Chapelle ouvrit lentement les yeux un peu avant l'aube, désorienté. Il se redressa avec difficulté, regardant tout autour de lui pour essayer de trouver des repères. Wolfgang se pencha vers lui, inquiet.

« Antonio.. ? C'est moi, Wolfgang, tu...tu me reconnais.. ?

-Hm, pourquoi est-ce que je ne te reconnaitrai pas ?

-Eh bien... Tu ne te rappelles pas de ce qui s'est passé cette nuit ?

-Cette nuit ? »

Il suivit le regard de son ami qui restait fixé sur ses bandages. Le brun n'en défit qu'un, celui ornant son poignet droit afin de voir sa cicatrice. Mais ce qu'il découvrit n'était pas cette chère marque mais plusieurs griffures et davantage d'irrégularités sur sa peau pâle. Fronçant les sourcils, il caressa son épiderme à vif tandis que les souvenirs de la veille refaisaient lentement surface. Déglutissant péniblement, Antonio reporta son regard sur Wolfgang, visiblement dégoûté.

Mais qu'est-ce que j'ai fait... ?

Lentement, il retira chaque bandage. Voyant son propre corps totalement mutilé, il en eut des nausées, plaquant une main sur sa bouche. Il se leva et courut vers le fond du jardin où il rejeta ses tripes, écœuré de ce qu'il s'était infligé sans le désirer. Le blond ne tarda pas à le rejoindre et frotta doucement son dos, peiné de le voir aussi mal. Une fois assuré qu'il n'avait plus rien à rendre, il enlaça avec précaution son ami par derrière, ses mains sur le ventre abîmé du compositeur, sa tête posée sur son épaule, les yeux clos.

« Je ne veux pas que ça recommence... Murmura l'Italien en baissant les yeux

-Je comprends... Que s'est-il passé.. ? J'ai bien vu que tu étais totalement perdu hier...Tu ne me reconnaissais même pas..

-Je..J'ai fait un cauchemar.. Dans lequel je me revoyais me tailler les veines, mais adulte cette fois... Lorsque je me suis réveillé, mon...mon père était à côté de moi et tentait de me faire avouer que mon professeur de piano avait abusé de moi, exactement comme...comme lorsqu'il nous avait surpris. J'ai pris peur et dans un accès de peur, de crainte, je pense, je...j'ai dû commencer à me gratter de partout... Wolfgang, je t'assure que ça ne m'était jamais arrivé avant. Je n'ai jamais eu de crise comme ça...Ce n'est pas dans mes habitudes de paniquer !

-Calme toi.. Chut... Je sais très bien que ce n'est pas ton genre d'avoir peur ainsi, de perdre facilement tes repères. Qu'as-tu vu après ? Je t'ai entendu crier, c'est cela qui m'a réveillé...

-Mon père...m'a tiré une balle...dans le front... J'ai eu de plus en plus peur et je...je n'ai pas vu que c'était toi qui approchais.. Je ne comprenais rien.. Je ne savais même pas où j'étais !

-C'est pour ça alors. C'est pour ça que tu m'as dit que tu étais mort... Je comprends mieux.. Rassure-toi, Antonio, il n'y avait personne à part ma famille et nous dans ma maison. Rien de tout cela n'arrivera, c'est promis.

-J'ai peur, Wolfgang... Lui confia-t-il honteusement

-Je suis là, Antonio. Ne t'en fais pas, je serai là pour t'aider. Je comprends parfaitement que tu gardes des séquelles de cette nuit mais lorsque tu fais un cauchemar qui t'effraie réellement, que tu sens que ça réveillera tes démons, réveille moi. Je ne veux pas repasser une nuit aussi stressante, te voir dans un tel état m'a fait bien plus de mal que je le voudrais. »

Le brun se retourna pour que l'étreinte ne soit plus à sens unique, serrant doucement l'Autrichien contre lui. Celui-ci embrassa son ami sur la tempe avant de se détacher de lui pour retourner à l'intérieur. Ils s'assirent sur le canapé, l'aîné venant se coller au blond comme pour chercher un peu de soutient, de protection. Il n'osait fermer les yeux, de peur de sombrer dans un cauchemar et de revivre la même chose que précédemment. Ses angoisses étaient palpables et le petit génie de Salzbourg faisait de son mieux pour le calmer, le rassurer. Il lui caressait le dos, les cheveux, le serrait dans ses bras pour qu'il se sente un peu mieux. Les deux autres Mozart descendirent les escaliers, trouvant les deux hommes sur le canapé. Nannerl les regarda avec un sourire aux lèvres avant de leur demander s'ils désiraient quelque chose.

MaestroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant