Chapitre XVII

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Le regard sombre du compositeur latin rencontra le visage enragé de Joseph Haydn.

« Que me voulez-vous ? Demanda calmement le Maître de Chapelle

-Vous êtes un monstre. Cracha le plus vieux

-Qu'ai-je fait pour que vous m'insultiez ainsi ?

-Vous le manipulez, vous le détruirez, vous ne l'aimez pas, vous ne le méritez même pas.

-Pardon ?

-Wolfgang Mozart. Vous ne méritez pas de le fréquenter, ni de partager sa vie. Sa musique est divine, vous êtes le Diable.

-Que me voulez-vous ? Venez-en aux faits, je n'ai pas de temps à perdre avec vous. Si vous êtes jaloux de ma proximité avec lui, c'est votre problème, pas le mien.

-Qu'allez-vous lui faire pendant votre voyage ? Vous allez l'abandonner, c'est ça ? Le laisser seul ?

-Vous êtes complètement fou. Vous ne savez rien de moi et vous m'accusez de bassesses inutiles. Si c'est tout ce que vous désirez, je préfère que nous en restions là.

-Pas question. Je ne vous laisserai plus jamais l'approcher, vous disparaitrez et votre musique avec. Au fond, même s'il ne l'a pas voulu, il a eu raison de vous faire souffrir. J'ai vu clair dans son jeu, dans ses paroles. Il vous aime, et c'est réciproque. Mais lui...son amour est tellement pur alors que vous avez des arrières pensées malsaines, vous ne l'aimez pas sincèrement.

-Je ne vous permets pas de me juger ainsi. Vous ignorez totalement ce que je ressens pour lui et vous voulez que je vous dise ? Mon amour pour Wolfgang sera infiniment plus sincère et simple que les intentions perfides que vous lui portez. Nous faisons bien de partir temporairement, finalement. Vous allez nous nuire, plus que je ne nuirai jamais à Ludwig. Profitez bien de la paix que vous nous laissons. Vous gagnez cette bataille mais je remporterai la guerre, en plus de garder le cœur de Wolfgang. »

L'Autrichien n'apprécia vraiment pas la pique et lui donna un violent coup de poing dans la mâchoire, la tête du brun claqua contre le mur, le sonnant légèrement. Antonio ferma les yeux et se prépara à recevoir un autre coup qui heurta sa joue, lui fendant la lèvre. Inspirant longuement, le latin saisit brutalement le poignet de Joseph, le serrant aussi fort que possible. Un gémissement échappa au plus âgé alors que la poigne de Salieri se faisait encore plus puissante. Un craquement retentit et il le lâcha enfin, le repoussant. Malheureusement, le blanc tenait encore sa gorge et resserra sa prise d'un coup, manquant t'étouffer son vis-à-vis. Ce dernier grogna et lui jeta un regard noir, lui donnant un coup de pied là où il ne fallait pas pour qu'il le lâche, ce qui eut bien évidemment l'effet escompté. Soufflant bruyamment, il se massa la gorge et quitta rapidement le couloir, furieux, rentrant rapidement dans son bureau. Il regarda les nombreux tiroirs du meuble avant d'en ouvrir un, habituellement scellé. Dedans se trouvait un pistolet à la crosse soignée, de nombreuses roses encerclées de ronces gravées sur celle-ci. Il l'avait acheté à ses vingt-et-un ans en guise d'apparat mais l'arme était fonctionnelle. Il savait très bien qu'il en aurait bien besoin en Italie, ne serait-ce qu'au cas où son père ne tente à nouveau de le tuer. Ses doigts effleurèrent doucement la crosse avant de chercher des balles qu'il inséra dans le pistolet puis le cacha entre sa veste et son veston. L'Italien prit ensuite son porte-document le plus fin, sa plume et un encrier fermé, quittant ensuite l'enceinte du palais. Il regagna la demeure de son amant, faisant bien attention à ce que personne ne puisse voir son arme. Il entra dans la chambre avec calme et sourit doucement à Wolfgang avant de tout ranger dans la valise, se montrant incroyablement discret lorsqu'il cacha le pistolet sous les vêtements, posant le porte-document, la plume et l'encrier sur le dessus.

MaestroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant