Chapitre XIII

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Antonio finit néanmoins par se lever pour commencer à faire leurs valises, rangeant leurs vêtements et son porte-document. Son cadet se redressa, le regardant faire en soupirant doucement. Visiblement, il n'avait pas envie de retrouver Vienne et ses courtisans. Sentant venir la mauvaise humeur de son ami, le brun s'approcha et l'enlaça doucement, caressant son dos avec tendresse.

« Allez, ne boude pas... C'est notre travail, Wolfgang... Nous n'avons pas le choix...

-Mais je n'ai aucun opéra de prêt ! Je vais être moqué par ces maudits courtisans !

-Wolfgang... Je t'aiderai si tu veux mais nous devons rentrer à Vienne. Et puis, l'Empereur a dit que deux nouveaux compositeurs devraient arriver, les courtisans auront un autre bouc-émissaire.

-Hm... Tu me laisses pas seul là-bas, hein ?

-Hormis lors de mon jour de repos.

-Même lors de ton jour de repos ! S'il-te-plait, je n'ai aucune envie de subir leurs brimades !

-D'accord, d'accord. »

Un soupir échappa au latin qui poursuivit ses caresses avant de se lever et de porter les valises jusqu'à la calèche. Une fois les malles solidement attachées, il retourna dans la demeure. Nannerl et son père discutaient calmement d'un mariage arrangé pour la jeune femme qui semblait vouloir rester seule et rencontrer un homme et l'aimer avant de se marier. Lui n'aurait jamais ce problème, au moins. Il partit chercher son comparse qui ne voulait définitivement pas sortir du lit. Se plantant devant lui, le plus âgé croisa ses bras sur son torse, l'air agacé et mécontent. Il tira le blond à lui en grognant, le forçant ainsi à sortir du lit. Une protestation échappa à l'Autrichien qui se débattit vainement. Les nerfs et la patience du brun étaient mis à rude épreuve et il se retenait d'assommer son ami pour l'embarquer.

« Il suffit, Wolfgang !

-Encore juste une journée, je t'en supplie ! Laisse-moi encore une toute petite journée !

-Non. J'ai besoin de retourner à Vienne. Je dois continuer l'apprentissage d'Alarich, il ne lui reste pas grand-chose avant de pouvoir prendre son envol.

-Alarich ! Alarich ! Il est toujours question de lui ! Et moi tu y penses ??

-Je le connais depuis huit ans !

-Mais tu es plus proche de moi que de lui ! Pourquoi tu te préoccupes aussi peu de moi ??

-Tu me fais une crise de jalousie, c'est ça ? Wolfgang, tu es un ami très proche, trop proche parfois, mais Alarich, c'est mon élève, comme un frère cadet. Il me donne envie de prendre soin de lui, de lui apprendre tout ce que je sais. Il est tellement discret, il me ressemble. Toi et moi sommes complètement opposés mais complémentaires. Je ne peux pas choisir entre toi et Alarich. J'ai réussi à choisir entre Alarich et mon deuxième élève, ne me demande pas de choisir entre Alarich et toi. J'en serai complètement incapable.

-Je veux pas être recalé au même rang que lui, je veux plus ! Antonio, je veux pas être un Alarich numéro deux !

-Tu as déjà plus... Wolfgang, tu n'as aucune raison d'être aussi jaloux. Tu es bien plus. Je te l'ai dit, il est comme un frère pour moi. Crois-tu vraiment que j'aurais pu être aussi familier avec lui ? Crois-tu vraiment que je lui ai fait des suçons dans le cou ? Ce que je t'ai fait en Prusse, je ne l'ai jamais fait avec lui ni avec qui que ce soit d'autre. Si cela ne te suffit pas comme preuve que je tiens à toi et que tu es quelqu'un de très cher et de spécial à mes yeux, alors je ne sais pas ce qu'il te faut. Maintenant dépêche-toi, nous avons une calèche qui nous attend.

-Antonio... »

Wolfgang baissa les yeux et décida de se lever, ne désirant pas le contrarier plus que nécessaire. Ils quittèrent la chambre, passèrent dire au revoir à la famille du plus jeune avant de prendre place dans la calèche. Le brun se laissa tomber sur la banquette, soupirant légèrement. Commençant à mettre de la distance, l'Autrichien s'assit en face de lui, croisant les jambes en regardant dehors. Le plus âgé sentit qu'il avait jeté un froid entre eux mais ne sut quoi faire pour réchauffer un peu cette atmosphère désagréablement tendue. N'ayant aucune idée, l'homme ne lui adressa pas la parole avant la nuit, disant simplement qu'il voulait dormir dans la calèche. Libre à Mozart d'aller dormir à l'auberge à laquelle ils s'étaient arrêté pour changer les chevaux, éreintés des précédents trajets. Le blond hocha simplement la tête mais resta dormir sur la banquette. Ainsi se déroula le trajet : Dans un silence de mort où aucun des deux hommes ne put parler, effrayés à l'idée d'aggraver la situation.

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