Chapitre IV

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Une demi-heure passa et quelqu'un frappa à la porte d'entrée, les domestiques s'empressant d'accueillir leur visiteur qui vint directement voir le compositeur.

« Salieri ! La première représentation du nouvel opéra de Mozart est dans deux semaines et demi, nous devons impérativement trouver un moyen de faire de cette horreur un nouveau Figaro ! S'égosilla Rosenberg

-...Débrouillez-vous sans moi si vous voulez le faire tomber...

-Que vous arrive-t-il enfin ? Êtes-vous tombé sur la tête ?!

-Non.. J'ai juste réalisé..qu'il était une vraie perte de temps... Laissons le triompher et laissez-moi sombrer dans l'oubli...

-Vous avez perdu la raison ?!

-Savez vous au moins..ce que l'on dit de moi et de Mozart ? On dit...que son talent est supérieur au mien car..c'est un génie et que tout est inné ! S'énerva Antonio en se redressant, une lueur de jalousie profonde dans le regard

-Ne les écoutez pas enfin ! Tout le monde sait que ses partitions sont impossibles à jouer et qu'il se fera bientôt renvoyer du palais !

-Lui.. ? Des partitions impossibles.. ? »

Un rire moqueur échappa à Salieri qui se leva en titubant pour aller chercher les partitions de son final. Il manqua plusieurs fois de tomber, s'appuyant contre les murs pour parvenir à son bureau. Il prit les feuilles qu'il montra à Rosenberg.

« Si vous me dites que ce sera simple à jouer, alors..vous êtes un hypocrite..

-..Qui jouera cela.. ? Demanda l'intendant, effrayé devant ces notes

-Mon élève sera au violon..moi au piano..

-Trop de notes ! Il y a trop de notes ! Personne n'appréciera cela ! Salieri, est-ce Mozart qui vous donne envie de composer des pièces aussi compliquées ?!

-Je n'aime pas la facilité...j'aime la sobriété mais surtout la complexité...

-Est-ce l'alcool qui vous fait dire de pareilles idioties ?! Vous empestez le vin.

-...C'est bien ce que je pensais..vous êtes comme les courtisans.. Vous ne savez rien de la musique.. Je pourrais bien jouer un Si avec un Ré que vous trouveriez ça mélodieux... Grogna Antonio en rangeant ses partitions, retournant à son lit

-Ne vous énervez pas ainsi, je pense seulement à votre carrière !

-A la vôtre, non à la mienne.. Déguerpissez, je ne veux plus vous voir. »

Rosenberg plissa les yeux en croisant les bras d'un air méprisant et mauvais. Jamais il n'avait osé se montrer aussi forte tête devant Salieri ce qui n'annonçait vraiment rien de bon.

« Dans ce cas, vous tomberez avec cet excité de Mozart. Chacun pour soi. »

Sur ce, il laissa l'Italien se reposer et décuver un peu. Celui-ci ne prêta pas attention au comportement inattendu de l'intendant, se contentant de se reposer un peu, sans pour autant parvenir à s'endormir. Un calme apaisant régnait dans la maison, permettant au compositeur de souffler un peu et de mettre de l'ordre dans son esprit embrumé par l'alcool.

Des heures et des heures passèrent sans que le brun ne bouge mais il dût tout de même se lever lorsque son ventre se mit à crier famine. Il jeta un coup d'œil à sa pendule qui marquait dix neuf heures. Ce soir, il avait envie d'aller au restaurant mais s'y rendre seul n'avait pas plus d'intérêt que de manger chez soi. Une idée germa dans son esprit. Après tout, si ce blondin désirait tant que cela le connaître, un repas serait une bonne occasion de faire connaissance. Antonio se remit en état, mettant de l'ordre dans sa chevelure, partant se remaquiller avant de sortir de chez lui. Il fit le trajet en direction du palais avec hâte, ayant vraiment faim. Une fois à destination, il s'engouffra dans les couloirs et frappa à la porte du bureau de Wolfgang qui s'éclairait de deux bougies pour composer. L'Autrichien releva la tête et une expression de surprise franche éclaira son visage assombri par la faible luminosité de la pièce.

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