Chapitre XXXII

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Le brun balança la tête en arrière, la frappant au mur de pierres derrière lui.

Bon sang... Quand est-ce quelqu'un viendra-t-il me chercher pour m'annoncer que mon procès n'aura jamais lieu et que je serai, de toutes façons, condamné à mort ? C'était un accident, je n'ai même pas voulu le tuer, même s'il ne méritait que ça...

Des pas le tirèrent de ses pensées, des pas rapides et pressés qui s'arrêtèrent devant sa cellule. Il releva péniblement la tête et découvrit Wolfgang devant lui, essoufflé, une main sur son épaule. Le prisonnier écarquilla les yeux et tira sur ses liens, essayant de s'en défaire pour s'approcher des barreaux.

«Antonio..ne te fatigue pas pour rien..

-Est-ce que tu sais..quand est-ce qu'on me sortira de là pour m'emmener à l'échafaud..?

-Jamais.. Il y aura un procès, mais je ne sais pas quand.. Et tout se passera bien, j'en suis certain..

-Tu es venu pour me donner un peu d'espoir..? C'est gentil mais inutile.

-Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que tout se passe bien..Tu sortiras d'ici, je te le promets.. Je prendrai le meilleur avocat de la ville, tu ne seras pas condamné..

-Wolfgang.. Tout m'accuse.. Comment veux-tu prouver mon innocence ? Je l'ai tué..

-Non, ce n'est pas le cas.. Tu lui as tiré dans la jambe et il s'est vidé de son sang, tu n'y es pour rien... Ton père te menaçait avec son fusil, tu n'as fait que te défendre et éviter qu'il t'abatte ! Si jamais tu n'avais tiré..qui sait s'il ne t'aurait pas tué.. Je suis certain qu'on peut te tirer d'affaire, laisse moi juste du temps..

-Ne perds pas ton temps et compose.. Pour le moment, je ne pourrai assurer mes fonctions alors..je te les confie temporairement. Demande à un officier de me détacher pour que j'écrive une lettre officielle..

-Je.. D'accord, Antonio.. Je reviens..»

Le jeune homme s'en alla voir un policier pour qu'il détache son amant et lui amène une feuille ainsi qu'une plume et un encrier. Le latin attendit patiemment, les yeux dans le vide, un énième soupir passant ses lèvres silencieuses. Plusieurs longues minutes passèrent, jusqu'à ce que Wolfgang ne revienne avec un officier qui détacha le compositeur, lui jetant ensuite la feuille et la plume, faisant rouler l'encrier fermé jusqu'à lui, visiblement dégoûté. Antonio souffla et s'appuya contre le sol sale de la prison pour écrire, grognant à cause du manque de confort de l'endroit. Il resta néanmoins concentré sur sa tâche, Wolfgang à ses côtés, caressant discrètement sa main libre. La lettre fut assez brève, l'homme se dépêcha de signer puis de plier la feuille qu'il tendit à son amant.

«Avec ça, et ce jusqu'à nouvel ordre, tu assureras mes fonctions au palais, dont tu devras assurer les devoirs d'un compositeur officiel de la Cour mais aussi d'un Maître de Chapelle. Et dis à Aloysia...que c'est moi le compositeur officiel, pas toi.. Parce que la dernière fois, elle a dit que...

-Oui, je sais, ne t'en fais pas.. Je lui dirai.. Je viendrai régulièrement te voir, jusqu'au procès.. Ensuite, la vie reprendra son court normal..

-Wolfgang... Je prendrai peut-être la peine de mort, il va falloir que tu te fasses à cette idée..

-Je te dis que ça n'arrivera pas.. Tu prendrai peut-être quelques mois de prison...mais c'est tout..

-Allez, dépêchez-vous de sortir si vous avez fini avec ce mécréant. Aboya le policier en rattachant le prisonnier

-A plus tard, Antonio..

-Hm, au revoir.»

Le blond et l'officier quittèrent la cellule, laissant l'aîné seul avec ses doutes et ses réflexions.

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