Chapitre XXVIII

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Les paroles du prodige de la ville laissèrent passer un ange dans la conversation, alors que le regard de Léopold se faisait plus sombre. Nannerl souriait, heureuse pour son frère. Homme ou femme, ça n'avait pas d'importance tant que son frère cessait d'aller dans les maisons closes et qu'il était heureux. Leur père ne l'entendait pas de cette oreille mais resta malgré tout très calme.

«Et comment comptes-tu former une famille ? Vous ne pourrez pas avoir d'enfants et je ne veux pas que mon fils soit brûlé en place public suite à un procès pour sodomie !

-Papa, nous sommes loin d'être stupides ! Nous ne montrons pas notre amour en public, nous avons conscience des risques que cette relation implique mais nous ne voulons pas nous priver des joies de l'amour, nous sommes heureux. N'est-ce pas la seule chose qui importe ? Est-ce réellement important que je sois amoureux d'un homme ? Preferais-tu que j'épouse une femme et que je sois triste toute ma vie ? Je me sens bien aux côtés d'Antonio, il me rend heureux, bien plus que je ne l'ai jamais été. Il est sincère dans ses sentiments, bien plus que l'était Aloysia. Accepte mon bonheur, je ne demande rien de plus.

-Votre fils n'a rien à craindre avec moi. J'ai les faveurs de l'Empereur plus que n'importe qui, si jamais notre amour venait à être découvert, je sais qu'il nous protégera. N'ayez crainte, je vous prie. Je tiens à Wolfgang plus qu'à n'importe qui à présent, je le protégerai, je vous le promets. Je l'aiderai, à tous les niveaux, et surtout financièrement. J'ai de quoi subvenir à nos besoins pendant au moins dix ans, vous n'avez pas à vous inquiéter. Ajouta le latin en serrant un peu plus sa main.

-Papa, je t'en supplie.. Accepte cela... Je ne te demande pas d'approuver, de nous donner ta bénédiction, je veux seulement que tu tolères notre amour. S'il-te-plait.. Papa...» Le pria son fils

Un long soupir échappa au patriarche qui réfléchit quelques instants avant de lâcher un autre soupir, acceptant que son enfant aime un homme, malgré l'arrière-goût amer que cela lui laissait. Ravi, le virtuose vint serrer son père dans ses bras, le remerciant pendant de longues minutes alors que son aimé poussait un long soupir de soulagement, les battements de son cœur se calmaient peu à peu, visiblement heureux d'être accepté dans la famille, en tant que conjoint du plus jeune de la famille. Ce dernier revint près du malade et lui offrit une douce étreinte, les larmes aux yeux à cause de la joie et du bonheur. Ils pouvaient s'aimer librement sous ce toit, sans passer par un interrogatoire interminable, sans que Léopold ne se pose de question sur la véritable nature de leur relation.

Les deux maestros montèrent ensuite à l'étage pour y déposer leurs affaires, s'asseyant en tailleurs sur le lit.

«Tu n'imagines pas à quel point ça me fait du bien de savoir que mon père tolère notre amour.. Souffla Wolfgang

-Ça m'ôte un autre poids des épaules. Je suis content pour ta soeur, tu sais.

-Ah..? Pourquoi ?

-L'homme qu'elle a rencontré est une connaissance qui a une dette envers moi.

-Le fameux Franz Khôl ?

-Oui. Je lui ai écris une lettre, lui demandant d'écarter le prétendant de Nannerl. Je me doutais bien que ta sœur lui plairait mais il m'a assuré qu'il ne tenterait pas de la charmer, c'est un coureur de jupons, la fidélité..ce n'est pas pour lui.

-Alors c'est grâce à toi si...si ma soeur pourra être heureuse !?

-On peut dire ça comme ça. C'est pour cela que je te demandais si ton père me donnerait sa bénédiction pour t'aimer si jamais je faisais quelque chose de bien pour ta famille..

-Oh je vois... Tu es vraiment quelqu'un d'exceptionnel, Antonio...

-J'estime cela normal..

-Ça ne l'est pas, n'importe qui n'oserait pas interférer dans des affaires familiales.

MaestroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant