Chapitre XV

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Wolfgang resta pendant une heure au théâtre, conversant joyeusement avec Haydn, découvrant plusieurs points communs avec ce dernier, bien plus qu'il n'en avait avec Salieri. Lorsque le théâtre ferma, les deux hommes se rendirent à une taverne pour boire et poursuivre leur discussion. Nul doute que Joseph voyait en ce petit blond un grand prodige et un allié de taille en ce monde hostile. Si personne n'avait rien contre lui, c'était pour son élève qu'il s'inquiétait.

« Dites moi, mon cher Mozart, pensez-vous pouvoir m'aider ?

-A quel sujet ?

-Eh bien, mon jeune élève est sujet à de nombreuses mauvaises critiques et fausses rumeurs répandues par l'intendant Rosenberg. Peut-être pourriez-vous nous aider à faire cesser cela. Je sais que l'Empereur vous écoutera et peut-être pourra-t-il...sanctionner Rosenberg ?

-Je préfère ne pas me mêler de ces affaires-ci et puis... J'ai vu qu'il y avait des tensions entre votre élève et mon ami Salieri, je n'ai pas envie de me mettre dans une situation aussi délicate.

-Que vient faire Salieri dans cette histoire ?

-Salieri est un très bon ami, je ne voudrai pas le perdre en vous aidant.

-Il n'est pas obligé d'être au courant.

-Je ne veux pas lui mentir ni lui cacher quoi que ce soit. Ce sera sans moi, j'en suis désolé. Pourvu que Rosenberg se lasse de divulguer de fausses rumeurs sur Beethoven...

-Je comprends, ce n'est pas votre faute. Mais parlez-moi un peu de Salieri, vous aviez l'air en admiration devant son travail tout à l'heure !

-Il est un peu rustre avec ceux qui l'entourent mais c'est quelqu'un de bien. Et sa musique...est sublime. Cela fait des années qu'il travaille sur cette symphonie et c'est un miracle qu'il ait réussi à l'achever. Mais les courtisans vous parleront bien mieux de lui que moi musicalement ! Je le connais de manière...disons un peu plus personnelle. La musique n'est pas forcément notre sujet de conversation principal, bien que ce soit grâce à elle que nous nous soyons rencontré !

-Vous êtes très attaché à lui, n'est-ce pas ?

-C'est un homme en or, évidemment que je l'apprécie énormément.

-Vous attire-t-il.. ? » Lui demanda Haydn à l'oreille

Les joues de Wolfgang devinrent écarlates alors qu'il secouait vivement la tête, reprenant une gorgée d'alcool pour essayer de faire croire qu'il rougissait à cause des boissons.

« Allons, Haydn, ce n'est pas décent de tenir de pareils propos. C'est un homme à près tout, les femmes sont mon seul terrain de chasse, les hommes n'ont aucun intérêt.

-C'est bien dommage que vous soyez si fermés à l'idée, je suis certain que vous découvririez des choses fantastiques... Ouvrez un peu les yeux sur ce qui vous entoure et apprenez, il n'y a qu'ainsi que vous saurez. Mais peut-être êtes-vous un peu jeune pour saisir la beauté de certaines choses.

-Pardonnez ma jeunesse et mon ignorance dans ce cas, je ne fête que mes vingt-et-un ans en janvier prochain. Répliqua-t-il sèchement, souhaitant couper court à cette discussion

-Ne vous braquez pas, mon ami ! Je ne fais que vous suggérer certaines choses qui pourraient, avec un peu de chance, vous intéresser.

-L'intention est louable mais je n'aime pas les relations stables, ça devient lassant à force.

-Vous préférez les coups d'un soir ?

-Hm. Pas d'attachement, pas de douleur inutiles.

-Vous avez connu une mauvaise relation, vous aussi ?

MaestroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant