Jour 3 / Mesut

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Mais qu'est-ce qui m'arrive ?! Je deviens fou, ou quoi ?!

Je m'étais promis de ne jamais parler de cette histoire. Je m'étais juré d'emporter ce lourd secret dans ma tombe. Et pourtant, je me sens comme obligé de tout raconter, comme si je ne me contrôlais plus du tout :

« J'étais amoureux d'elle. D'Amina. Et j'étais persuadé que c'était réciproque. On était heureux, tous les deux, on avait des projets, je la traitais comme une vraie princesse...

Elle dépensait pas mal d'argent, elle voulait toujours plus de vêtements, de chaussures, de bijoux... Elle était ruinée, elle se reposait uniquement sur moi financièrement, et, aveuglé par l'amour, je ne me rendais compte de rien.

Un jour, on a fait une petite soirée avec ses copines, et elle a versé un peu de drogue dans mon jus d'orange. J'étais défoncé, je ne me souviens que des coups qu'elle m'a donnés et de la pierre qu'elle a attachée à mon pied avant de me pousser dans la piscine. Je ne sais même pas comment je m'en suis sorti.

Quand je me suis réveillé, j'étais à l'hôpital, les bras couverts d'hématomes, et, devant les médecins, elle m'a annoncé qu'elle me quittait. Elle a dit que j'avais beaucoup trop bu ce soir-là, qu'elle m'avait surpris dans notre lit avec une autre, qu'après ça elle m'avait quitté et que j'avais pété un plomb en frappant un meuble et en me jetant dans l'eau glacée... Tout le monde l'a crue.

Un jour, elle est revenue me voir. Pas pour s'excuser, non, penses-tu... Elle m'a menacé, elle m'a juste dit que si jamais un nouveau récit de cette soirée lui parvenait aux oreilles, elle se chargerait de nous faire disparaître, moi et les personnes au courant. »

Lorsque je finis mon récit, Clémence est bouche bée, ses beaux yeux noisette écarquillés. Je me rends alors compte de ce que j'ai fait :

-Clem... Amina a beaucoup de connaissances sur Londres, alors... Promets-moi de jamais parler de cette histoire à personne. Sinon... Tu sais ce qui nous attend. Fais-le pour toi... Fais-le pour moi.

Clémence pose une main sur mon avant-bras nu, et, malgré la chaleur presque intenable qui règne dans la pièce, ce contact me fait frissonner.

-Mesut, regarde-moi dans les yeux.

Je m'exécute aussitôt.

-Je ne dirai rien à personne. Je t'en fais la promesse... Et si tu as besoin d'en parler... Je serai là. Toujours.

Je me retiens de la prendre dans mes bras, de l'embrasser fougueusement et de lui promettre que tout ira bien.

Je te promets / Mesut ÖzilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant