Mais quel con j'ai été... Je le savais. Je savais que ça finirait comme ça, et je n'ai rien fait pour montrer à Clémence que ce pari n'a jamais eu de valeurs à mes yeux. Enfin, bien sûr que si, j'ai essayé de lui dire à plusieurs reprises, mais... Après ce qu'elle vient d'apprendre, comment pourrait-elle me croire ?
Juste après son départ, je fais face à Karl, les yeux encore brillants. Elle vient de me castrer avec son pied, mais cette douleur est presque anesthésiée par le sentiment de vide que me cause le départ de Clémence.
-Putain, mais pourquoi t'as fait ça ?!
-Je... Je sais pas trop...
Je me retiens de frapper mon meilleur ami, qui, en l'espace de dix jours, est presque devenu un étranger. Il savait que je tenais à Clémence et qu'une quelconque allusion à ce pari ruinerait mes chances avec elle. Il le savait, et pourtant il l'a fait.
Ses yeux vides ne laissent rien transparaître et se contentent de me fixer. Ca me rend fou.
Je me rhabille péniblement, en priant pour ne pas croiser Alexis ; il doit bien se douter que j'ai passé la nuit ici, et j'ai tout sauf envie de répondre à ses questions.
Lorsque je m'apprête à sortir de la chance, Karl s'avance brusquement, m'attrape le bras, me force à le regarder et murmure :
-Je... Je suis désolé, Mesut.
-Ca suffira pas. Pas cette fois.
Et je pars en claquant toutes les portes qui se trouvent sur mon chemin.
Lorsque j'arrive devant chez moi, je m'attends à voir sa valise dans la cour, sa copine devant le portail ou un autre signe annonciateur de son départ... Mais lorsque je me gare, tout semble normal, à une seule exception : mon frère m'attend devant la véranda, les bras croisés.
-Mesut, putain, tu peux m'expliquer ce que t'as foutu ? s'écrie Mutlu en s'approchant dangereusement.
-Je... Des fois je te comprends pas, j'ai trente ans, je pense encore avoir le droit de sortir le soir et de rentrer le lendemain sans avoir à te rendre de compte...
-Mais abruti, je te parle pas de ça ! Ce que je te demande, c'est ce que tu as bien pu faire à Clémence pour qu'elle soie dans un tel état ! Sérieusement, je n'ai jamais vu une fille aussi triste, on dirait que quelqu'un venait de lui arracher le cœur... Et bizarrement, je te soupçonne d'être cette personne !
Je me sens incapable de lui répondre ; la culpabilité me ronge, j'ai juste envie de me cacher dans un trou et de ne plus jamais en sortir. Devant mon silence plus qu'éloquent, mon frère reprend :
-Mais qu'est-ce que tu lui as fait ?
-Je... Je ne...
-T'as vraiment intérêt à tout me raconter, sinon j'irai lui demander... Et ça m'étonnerait que je garde une bonne estime de toi après ça ! Mesut, dis-moi tout, faute avouée à moitié pardonnée...
Résigné, je prends une grande inspiration avant de tout lui raconter. Lorsque je finis enfin, le visage rouge de honte, il s'exclame :
-Putain, mais à quoi t'as joué ?! Tu te rends compte que les filles avec lesquelles tu fais tes conneries ont un cœur, que tu peux potentiellement le leur briser et que c'est exactement ce que tu as fait avec Clem ?! Sérieusement, elle était folle de toi, ça se voyait à des kilomètres... Et bien évidemment, t'as trouvé le moyen de tout gâcher !
-Et maintenant, est-ce qu'elle est toujours... risqué-je.
-Maintenant, elle est juste folle de rage ! Elle m'a dit qu'elle trouverait bientôt une solution pour partir d'ici, et à mon avis, dès qu'elle aura dépassé le pas de la porte, tu ne la verras plus jamais ! Tu te plains souvent de ne pas rencontrer la bonne, mais quand tu la rencontres enfin, tu fais le con avec elle ! L'éducation que tu as reçue n'a visiblement pas suffi puisque tu t'es comporté en véritable connard !
Je baisse la tête, honteux, et ne trouve rien à rétorquer : il a raison sur toute la ligne.
-Et... maintenant ? Tu penses que je peux aller la voir ? Pas pour lui sauter dessus, je précise en croisant le regard appuyé de mon frère, juste... Pour m'excuser, quoi.
Mutlu hausse les épaules.
-Bah écoute, je sais pas si c'est une bonne idée, les femmes c'est compliqué... Après, c'est ton histoire, pas la mienne, alors si tu as envie de t'excuser, fonce...
Je rentre aussitôt avant de me précipiter dans le couloir qui mène à ma pièce secrète... J'avance mon poing pour frapper à la porte, mais la sonnerie du téléphone de Clem m'interrompt.
Je sais que c'est mal d'écouter aux portes, mais je pense ne plus être à ça près...
-Jenn ? C'est encore toi ?
-...
-Oui, je... Je vais tout t'expliquer... Je sais que tu ne comprends rien, hier je te parlais de la conversation que j'avais surprise entre Mesut et son frère, et ce matin je t'appelle en larmes pour que tu viennes me chercher à la soirée d'hier...
-...
-Oui, ça a un rapport avec Mesut...
-...
-Je... J'étais avec lui... Ou... Oui...
-...
-C'est pas la question, on se fout de savoir si c'était bien ou non, j'étais défoncée et lui aussi !
-...
-Sauf que Karl est venu dans la chambre... Et tu sais pas ce qu'il a dit ?! Que...
Sa voix se brise, et je dois me faire force pour ne pas rentrer la consoler.
-Il s'est juste rapproché de moi pour me mettre dans son lit et gagner un stupide pari avec son meilleur ami !
-...
-On ne connaît visiblement pas le même Mesut... Et bien sûr que non, je n'ai pas essayé de lui parler ! Tu veux que je perde le peu de fierté qui me reste, ou quoi ?
-...
-Oui, sauf qu'il a joué la comédie pendant tout ce temps ! J'ai plus envie d'entendre parler de lui, tu peux le comprendre, non ? Je regrette de l'avoir rencontré, et si je pouvais le rayer de ma vie, je n'hésiterais pas une seconde !
Je préfère m'en aller ; ça me fait bien trop de mal d'entendre tout ça, je n'en ai pas le courage.
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Je te promets / Mesut Özil
FanficTrompée par son copain et sa meilleure amie, Clémence décide de ne plus accorder sa confiance à la gente masculine pour ne plus souffrir. Sur les conseils de sa psychologue et n'ayant personne à qui se confier, elle décide de cristalliser ses rancœu...