Jour 14 / Clémence

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Il me perturbe. Il me fascine. Et c'est pour ça que je le déteste.

Sérieusement, pour qui se prend-t-il ? Je déteste que l'on fouille dans mes affaires.

Bon d'accord, il est ici chez lui... Mais c'est moi qui ai écrit sur cette feuille, c'est mon histoire !

Je relis ce que j'ai écrit, pour voir un peu l'étendue des dégâts...

« a beaucoup de charme »

« finit par tomber follement amoureuse de lui »

Lorsque je me trouve face à lui, j'essaie de lui faire croire qu'il n'a plus aucune importance pour moi, mais avec ce qu'il vient de lire, je me suis donné tout ce mal pour rien.

Je suis pathétique.

Je songe un instant à passer un coup de fil à ma mère, mais je n'en ai pas la force. Elle m'avait appelé lorsqu'elle avait appris pour l'incendie, et notre appel n'avait même pas duré cinq minutes : j'étais tellement pressée d'aller retrouver Mesut que je me suis dépêchée de la rassurer avant de raccrocher. Je crois que je n'ai même pas pris de ses nouvelles.

Mais que suis-je devenue ?

Je commence à composer son numéro, mais je raccroche dès que j'entends sa voix : je la connais, et je sais d'ores et déjà qu'elle me bombardera de questions sur Mesut. Et je ne suis pas prête à ça.

Je finis par sortir à la mairie pour régler quelques procédures ; l'assurance me verse des indemnités, mais lorsque je demande si je pourrai bientôt retourner chez moi (je n'ai absolument pas envie de déménager), la conseillère m'explique que ça risque de prendre du temps. Beaucoup de temps.

Je vais donc devoir rester chez Mesut. Sauf si...

Je renvoie un message à Jennifer, pour savoir si je ne pouvais vraiment pas venir chez elle. Sa réponse arrive dans la minute qui suit :

« Tu sais très bien ce que je vais te répondre... Parle à Mesut. Ne fuis pas les problèmes, règle-les. »

Je soupire et je me résigne à rentrer. Lorsque j'arrive, Mesut et Mutlu sont déjà à table.

-Tu viens manger avec nous, Clémence ? propose Mutlu.

Je sens que Mesut me fixe intensément, et je m'oblige à ne pas croiser son regard.

-Je... Non merci, je n'ai pas trop faim...

Et je m'enfuis dans ma chambre ; je ne suis visiblement pas encore prête à affronter mes problèmes.

Je te promets / Mesut ÖzilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant