Chapitre 29

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Cassandre

J'essuie prestement mes yeux et me lève pour faire face au visiteur. Mais les battements de mon cœur cessent quand je vois le tableau qui se peint sous mes yeux.

Dylan revient vers moi mais il n'est pas seul, il y a une femme accrochée à son cou, les jambes autour de sa taille entrain de s'embrasser comme s'ils étaient seuls dans la pièce.

Je me sens vaciller alors je retombe mollement sur le fauteuil les yeux dans le vague. Avec toutes les émotions que j'ai traversé ces derniers jours, il a fallu que cette image vienne s'y ajouter. Voir l'homme que j'aime à la folie entrain d'embrasser une autre femme. Ses lèvres qui pas plus tard qu'hier me faisaient vivre des sensations indescriptibles sont en ce moment même poser sur les lèvres d'une autre.

Que faire?

Avoir une attaque et mourir sur le champs pour éviter toute cette souffrance?

Finalement les tourtereaux se rendent compte de ma présence et daignent enfin se séparer.

- Mon amour je croyais que tu étais seul ! Excusez moi mademoiselle. Entendis-je dire par la nouvelle arrivante d'un air embarrassé.

Je hoche simplement la tête pour lui montrer que cela n'est pas grave mais une larme vient s'échouer sur mon bras dans mon mouvement de tête.

Mon amour ?

Je me lève pour éssayer de me donner une certaine contenance.
Dylan se racle la gorge et je reporte mon attention sur lui.

- Karen je te présente Cassie ma meilleure amie, et Cassie je te présente Karen ma...

- Sa fiancée. Le coupe cette dernière avec un énorme sourire en me tendant la main. Enchantée de te rencontrer Cassie, Dylan m'a beaucoup parlé de toi.

Le choc est tellement violent que je fais un pas en arrière pour retrouver mon équilibre et je regrette amèrement de m'être levée en ce moment car je fais un effort surhumain pour rester debout sans m'effondrer.

Sa fiancée?

Je jette un regard à Dylan pour qu'il me dise que j'ai mal entendu mais le sourire qu'a ce dernier en la regarder me montre que non.
Je déglutit deux fois de suite tant j'ai la gorge nouée.
Comme un robot je me saisi faiblement de la main qu'elle me tend avant de répondre d'une voix éraillée :

- Enchantée.

Il faut que je sorte, un tracteur me serait passé dessus en ce moment que la douleur aurait été insignifiante comparée à celle que je ressens dans ma poitrine. Marchant à reculons, je murmure quelque chose d'inaudible avant de me précipiter vers la sortie comme une voleuse.

Sa fiancée me prendra peut-être pour une folle mais c'est la seule solution qui s'offre à moi si je veux éviter de m'effondrer devant eux. Mes oreilles bourdonnent, je n'ai plus conscience de ce qui se passe autour de moi en ce moment. Je porte ma main à ma bouche pour étouffer le sanglot qui me prend une fois dans l'ascenseur.

Non je ne peux pas craquer, non pas maintenant.

L'ascenseur arrive au rez-de-chaussée et comme si j'avais le diable aux trousses, je me précipite à l'extérieur et m'engouffre dans ma voiture. Mes mains tremblent tellement que je n'arrive pas à démarrer.
Après maintes éssaies, j'y arrive enfin et c'est avec la vue brouillée par les larmes que j'arrive à la maison.

À peine la porte fermée que je m'éffondre dans l'entrée. Je pousse un cri à m'en déchirer les poumons et je suis heureuse que les jumeaux ne soient pas là. Je porte ma main sur le côté gauche de ma poitrine et le presse avec l'espoir de toucher mon cœur pour apaiser sa douleur mais je n'y arrive pas.

C'est impossible et la douleur s'intensifie au fil des secondes et des minutes qui passent.

Est-ce ça qu'on appelle avoir le cœur brisé ?

Si c'est cela, je ne le souhaite à personne.

Je sens les vibrations de mon portable et je prie pour que ça ne soit pas Jessica qui m'appelle au sujet des jumeaux. Avec la chance que j'ai dans ce monde, je ne crois pas que je pourrais supporter le poids d'un autre chagrin.

Balayant mes idées sordides d'un revers de la main, je récupère mon appareil et mes larmes redoublent quand je vois que c'est Dylan qui m'appelle. Mon départ précipité a dû l'inquiéter.

Pourquoi faut-il qu'il s'inquiète autant pour moi !

Je voudrais que pour une fois on me fiche la paix.

Qu'on m'oublie au moins pour cette nuit.

Un rire nerveux me pend. Pourquoi est-ce que je me mets en colère d'abord !

Ce n'est pas comme s'il m'avait fait miroiter un quelconque amour, c'est moi et moi seule qui suis la responsable de toute cette souffrance que je ressens.

Qu'est-ce que j'espérais au juste en me rendant à son appartement cette nuit !

Qu'est-ce que je croyais ?

Que je lui raconterais toute la vérité et qu'il me prendrait dans ses bras en me disant combien il m'aime et que nous vivrons heureux jusqu'à la fin des temps avec nos enfants ?

Foutaise !

Je souris de manière sarcastique quand je me rappelle que je n'ai même pas pu lui dire ce pour quoi je suis allée le voir.

La vie n'est pas un conte de fée. Pourtant je suis la mieux placée pour le savoir. Se retrouver sans aucune famille à 11 ans, passer de famille d'accueil en foyer d'accueil sans que personne ne veuille de soi en adoption jusqu'à se faire émanciper à 16 ans, subir des humiliations à l'école et penser malgré tout cela que la vie est un beau roman à l'eau de rose. Il faut vraiment s'appeler Cassandre Eleanor Durand pour penser une telle chose.

Les vibrations reprennent.

C'est encore lui qui m'appelle mais je n'ai pas la force d'entendre sa voix sans éclater en sanglots. Alors je tape énergiquement un message.

" Je suis bien rentrée ne t'inquiète pas pour moi. Je me suis souvenue que j'avais quelque chose d'important à faire. Bonne nuit "

J'aurais aimé éteindre mon portable après avoir envoyé le message mais je ne le fais pas au cas où il y aurait un problème avec les enfants.

Péniblement je me lève et me dirige tel un automate dans ma chambre. Je me couche sans prendre la peine de me changer et mes yeux se posent sur l'ours en peluche que Dylan m'avait offert le jour de mes 21 ans.

Je souris au souvenir de cette merveilleuse journée et prend l'ours en peluche pour le serrer contre moi.

Pourquoi j'ai été si idiote de penser que tout serait pareil trois ans plus tard. Pourtant je sais pertinemment que les gens changent. J'ai changé en trois ans, je suis devenue maman et Dylan aussi à changer en trois ans, il est devenu PDG et s'est fiancé.

Je sais que demain il tentera de me faire dire ce qui ne va pas. Il sent à chaque fois quand je ne vais pas bien et pour une fois je déteste vraiment cela. Pour le moment la seule chose que je veux c'est l'éviter au maximum.
Mon Dieu comment je vais faire.

Avant, même si c'était très compliqué pour moi, j'ai tout fait pour cacher mes sentiments. Je me suis toujours dit qu'avec le temps cela me passerait et que mon amour pour Dylan disparaîtrait. Mais cela n'a pas été le cas. Au contraire ça a empiré.

Avant, même si j'étais verte de jalousie en le voyant avec une fille, je savais que ce n'était pas du sérieux et que leur relation importait peu à Dylan. Mais aujourd'hui c'est différent, elle est sa fiancée.

Chaque jour qui passe, mon amour pour lui grandit encore plus et aujourd'hui je ne sais pas si je pourrais supporter de le voir avec une autre femme. Mais je n'ai pas le choix. Encore une fois je vais devoir faire un effort surhumain pour cacher mes sentiments.












Nuit de transgressionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant