THE NIGHT WE MET - LORD HURON

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Une goutte vint s'écraser lourdement sur le vert délicat d'une feuille de chêne qui se plia avec grâce sous son léger poids quelques instants avant de la laisser glisser au sol et de retrouver sa position initiale. La goutte se joignit au torrent d'eau trouble miniature qui traversait le bord de la rue et disparut à la rencontre d'un caniveau tout proche.
La pluie dégoulinait sur chaque centimètre carré de bitume, sur chaque tissu, sur chaque cheveu. Les commerçants avaient dressé des paravents au-dessus de l'entrée de leur magasin. Chaque âme solitaire venait s'y réfugier pour ne pas risquer d'être mouillé par la rage du ciel aux nuages gris. Certains chanceux se déplaçaient sans encombres, un parapluie tenu d'une main gravitant au-dessus de leur corps. Ceux-là se sentaient immunisés par le déluge de Zeus. D'autres, moins veinards, s'acharnaient à courir frénétiquement afin d'échapper au sort funeste qui était résérvé au commun des mortels malchanceux, tout en sachant que les feux de signalisation et leur interminable attente les accueuilleraient au milieu de leur périple, réduisant à néant tous leurs efforts précédents.

Observant le remue-ménage typique de New York City, une ombre solitaire entra dans Central Park, impatient et fébrile. En suivant le cours des chemins tortueux mais aassez large pour ouvrir le passage à la foule du parc, il déboucha dans une allée solitaire et s'arrêta.

Elle était là. Assise sur un banc, les jambes élégament croisées mais l'air un peu perdu. Elle était vêtue de sa veste en jean noire, d'un pantalon gris et d'un haut à bretelles tout simple. La pluie ruisselait sur les parcelles de peau nue de son corps et s'insinuait dans les mèches de ses cheveux couleur miel illuminées par le clair de lune.

Alec prit une grande inspiration et prit place à côté d'elle, léger sourire aux lèvres, nervosité imprimée sur le coeur.

- Ingénieux, le système de longitude et de lattitude, fit-il sans la regarder. Même remarquable. Cela ne m'a pas étonné de ta part.

- Comment l'as-compris ?

- Je suis pas si con que j'en ai l'air.

Calypso eut un rictus.

- Première nouvelle.

Il y eut un autre silence. Tous deux observaient la foule à qui ils étaient invisibles par la force des charmes. Alec baissa la tête, laissant la pluie lui dégouliner sur le visage.

- Je ne suis pas con mais j'ai agi comme tel, lâcha Alec au bout de quelques secondes. Je ne sais pas ce qu'il m'a prit. C'est la première fois de ma vie que je ressent quelque chose comme ça pour quelqu'un.

Calypso tourna la tête vers lui, le regardant ainsi pour la première fois depuis son arrivée.

- Je ne savais pas quoi faire sur le coup, mais avec le recul, je pense que j'aurai simplement dû te le dire depuis le début. Si je n'étais pas là aujourd'hui, je l'aurai probablement regretté le restant de ma vie.

Le silence se réinstalla. Calypso se leva brusquement et se mit à observer les passants. Alec la suivit et l'observa elle. Il remarqua que ses yeux scintillaient dans l'obscurité comme deux améthystes. Une bouée de sauvetage dans la mer déchaînée.

- J'ai toujours tout prévu à la seconde près dans ma vie, dit-elle finalement. De A à Z. Je persiste à croire que ça me donne une longueur d'avance sur le monde qui m'entoure mais c'est plus psychologique qu'autre chose. Je n'aime pas être surprise parce que selon moi, la faiblesse va avec. Mais toi, tu n'étais absolument pas prévu dans le programme.

Leurs visages se retrouvèrent face à face, vaguement éclairés par la lumière des lampadaires.

- Et c'est la meilleure chose qui me soit arrivé de toute ma vie.

Sans attendre, Alec l'attira à lui et unit leurs lèvres ensemble. Répondant à son baiser, Calypso posa ses mains sur son torse, révélé par son t-shirt mouillé qui lui collait à la peau. Le brun plaça une main sur sa nuque et l'autre au creux de ses reins. Ce n'était certes pas un baiser de film, pas un baiser parfait. C'était un baiser adorablement maladroit et rempli d'un amour fort et sincère. Un baiser d'espoir tout simplement.

Au bout de quelques instants, ils se séparèrent à contrecoeur.

- Je te raccompagne ?, demanda Alec, un sourire flottant sur les lèvres.

- Avec plaisir Alexander.

- T'es la seule à m'appeller comme ça, tu sais, fit-il tendrement remarquer.

- C'est pour ça que je le fais, répliqua-t'elle en souriant.

Ils se mirent en route rapidement en discutant ensemble de tout et de rien. Au bout d'un moment, Alec glissa doucement sa main dans celle de Calypso qui la serra légèrement. Ils baissèrent les yeux vers leurs doigts entrelacés et se sourirent mutuellement comme deux idiots.

- Tu peux rester ce soir ?, demanda Calypso une fois qu'ils furent arrivés en courant devant la porte de son appartement. S'il te plaît...

- D'accord, soupira-t'il en secouant la tête, amusé.

Calypso ouvrit la porte en souriant et se dirigea vers sa chambre. Alec la suivit, observant son appartement comme si c'était la première fois qu'il y entrait. Et pourtant, rien n'avait changé depuis la dernière fois qu'il y était venu.

- Ça te dérange si on dort ensemble ?, le questionna-t'elle en le faisant entrer dans sa chambre.

- Au contraire, sourit-il.

Pendant qu'elle allait enfiler son pyjama, Alec promena son regard sur la pièce. Un lit à matelat à eau de forme ronde trônait au centre accompagné d'une table de nuit sur son côté droit. Un grand tableau représentant la mer déchaînée était accroché au mur. Un bureau blanc occupé uniquement par un carnet à spirale noir se tenait sur le côté de la chambre à côté d'un fauteuil décoré de coussins et de macramé et suspendu au plafond par une corde.

Au moment où Alec ôtait son t-shirt trempé, Calypso entra dans la pièce. Elle avait simplement enfilé un débardeur crop-top et un short. Ses cheveux encore humides étaient rassemblés en un chignon lâche comme à son habitude. Lorsqu'ils se couchèrent, Calypso vint se blottir contre Alec et poser sa tête sur son torse. Elle tomba rapidement dans les bras de Morphée, bercée par les battements de son coeur.

For You \\ Alec LightwoodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant