STEREOTYPES - BLACK VIOLIN

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Écoutez-la, s'il vous plaît, elle est tellement géniale !

- CALYPSO ELIZABETH MERCER-BANE !

- Merdeuh, pesta celle-ci en fourrant le livre qu'elle avait piqué à Alec sous son oreiller.

Au même moment, la porte de sa chambre s'ouvrit avec fracas sur celui-ci.

- Oui ?, dit Calypso en battant des cils de manière innocente.

Alec éclata de rire en refermant la porte derrière lui.

- Fais pas l'innocente avec moi ! Je sais que c'est toi qui l'a !

- Mais Alexander, je ne sais ab-so-lu-ment pas de quoi tu veux parler !

- Je sais que tu as pris mon exemplaire des Trois Mousquetaires !, s'écria-t'il en commençant à le chercher des yeux.

- Mais t'as câblé c'est même pas vrai !, se défendit Calypso.

-C'est quoi qui dépasse de ton oreiller alors ?, répliqua Alec en pointant le coin du bouquin rouge vif qui détonnait sur les draps blancs.

- Rien, répondit Calypso en se recrovillant sur son oreiller.

- Je peux voir ?, demanda Alec en se penchant sur elle.

- Non.

- Pourquoi ?

- Parce que la vie est une salope.

- Tu ne serais pas chatouilleuse par le plus grand des hasards ?, demanda Alec en souriant d'un air sournois.

- Moi ? Mais non.

- On va voir ça tout de suite.

Se mettant au-dessus d'elle. Alec commença à chatouiller Calypso qui se tortillait dans tout les sens en riant aux larmes. Le souffle coupé, elle tenta en vain de bouger Alec qui resta campé sur ses positions.

- S'il te plaît Alec !, s'écria la blonde en gesticulant dans tous les sens.

- C'est mon livre ?, dit-il en s'arrêtant enfin.

Profitant de ce répit, Calypso inversa les positions. À califourchon sur Alec, elle le bloqua sur les draps.

- T'avais raison, c'est ton livre, dit-elle souriant.

- Je le savais !, s'écria Alec, victorieux.

Il tenta de se relever. Calypso le plaqua sur le lit.

- Même si t'as de la force, tu fais pas le poids face à moi Lightwood.

- Tu veux parler de mes incroyables abdos ?, demanda Alec, fier de lui.

Calypso éclata de rire.

- Prétentieux va ! Je te lâcherai si tu me promet de prêter les Trois Mousquetaires .

- D'accord, gromella Alec.

Calypso sourit et se dégagea. Alors qu'elle se redressait pour se mettre en position assise, Alec posa sa tête sur ses genoux.

- Je te dérange pas ?, plaisanta-t'elle en souriant.

- Ça va, t'es confortable, répondit Alec.

Alors que Calypso s'adossait à la tête de son lit, Alec prit une de ses mèches dorées entre ses doigts fins et délicats et commença à jouer avec.

- J'aime ben tes cheveux, dit-il doucement. Ils sentent bon.

Alors qu'Alec tournait la tête vers Calypso, son regard bleu marine tomba sur un étui d'instrument de musique ouvert sur un violon en bois verni.

- C'est un Stradivarius, annonça fièrement Calypso en suivant les yeux d'Alec. Il en fait en bois d'acajou.

- Je peux voir ?, demanda Alec en se redressant.

Calypso hocha la tête et lui tendit l'instrument. Alec le prit délicatement entre ses mains. Le bois était lisse au toucher et brillait à la lumière du soleil qui filtrait à travers les rideaux de soie. Alec passa ses doigts sur l'inscription gravée sur le côté droit du violon.

Pour Madelaine, parce que quand tu joues, même les oiseaux se taisent pour écouter. Avec tout mon amour et bien plus, ton Charlie.

- Qui sont Madelaine et Charlie ?, demanda à voix haute Alec.

- Ce sont mes parents, répondit Calypso. Ce violon à été offert par mon père à ma mèr pour leur mariage.

Alec se tut. Il savait que Valentin avait assassiné Charles Mercer et Madelaine Bane alors que Calypso n'avait que onze ans. Lui qui en avait quinze à l'époque se souvenait des cérémonies funéraires qui ont rythmé sa vie pendant près de deux semaines. Il se souvenait de sa mère en pleurs soutenue par son père qu'il avait vu pleurer également pour la première fois de sa vie. Le Monde Obscur entier pleurait leurs héros Charles et Madelaine qui avaient toujours su oeuvré pour le bien des Créatures Obscures et de l'Enclave en même temps et qui leur avaient offert un dernier présent : une fille mi-ange, mi-démon. Un cadeau unique au monde. Mais surtout, il se souvenait de Calypso, à l'enterrement de ses parents, auquels près de trois mille personnes avaient assistés, Créatures Obscurs et Chasseurs d'Ombres confondus. Elle était assise au premier rang à côté de son oncle Magnus Bane. Elle paraissait étrangement adulte dans sa petite robe noire. Elle ne pleurait pas et ne parlait pas. Alors que les gens défilaient devant elle pour lui présenter leurs condoléances, elle regardait fixement l'inscription gravé sur les deux cercueils de ses défunts parents.

L'amour est l'arme la plus déroutante et puissante du monde, capable de traverser et de vaincre le temps et la mort.

- Tu veux bien me jouer quelque chose ?, demanda-t'il à Calypso en lui tendant avec précaution son violon.

Calypso prit le violon et l'archer et appuya l'instrument sous son menton. Elle ferma les yeux.
Un douce mélodie s'éleva dans les airs. D'abord mélancolique et légère, elle devint au fil des notes forte et pleine de caractères. Elle était très rapide et exprimait tant d'émotions à la fois qu'Alec qui les ressentait au plus profond de son âme en fut chamboulé. La musique exprimait toute la rage et le ras-le-bol contenu pendant une vie entière qui explosait à la fin. Quand elle s'arrêta, Alec ressentit un sentiment de manque dans son coeur. Les dernières flottaient encore dans l'air. Le jeune homme n'osait pas briser le silence quasi-religieux qui régnait dans la pièce.
Finalement, Calypso rebaissa gracieusement son violon en regardant Alec droit dans les yeux. Il avait la douce impression qu'on a quand on se réveille après avoir fait un rêve.

- Alors ? Ça t'as plu ?

Alec la regarda, abasourdi. Se mordant la lèvre inférieure, elle avait l'air d'attendre sa réponse. Il ne comprenait pas comment elle pouvait douter d'elle même.

- C'était magnifique ! Je... tu... Wow !

Calypso éclata de rire.

- Donc ca t'as plu.

- C'était génial. C'était quoi la musique ?

Elle le regarda droit dans les yeux.

- Black Violin. Stereotypes.

For You \\ Alec LightwoodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant