CHAPITRE VINGT-SIX

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Assise dans la salle d'attente depuis une dizaine de minutes, j'angoisse de plus en plus. Et si déballer tous nos problèmes devant cet inconnu faisait pire que mieux, et si finalement c'était ça qui terminait la déchirure de notre couple ? Une boule de stress se forme dans mon ventre, me provoquant de grandes douleurs. Pourtant, quand je me tourne vers Antoine, lui paraît serein alors que mon corps tout entier est en pleine guerre.

_Monsieur, madame, c'est à vous.

La secrétaire nous fait signe d'entrer dans le cabinet, et l'homme que j'aime se lève immédiatement pour faire le chemin. Je le suis bien sûr, mais d'un pas moins assuré. Et dire que c'était mon idée. Maintenant, je regrette presque d'avoir dit ça.

Un homme, le conseiller bien évidemment, nous fait signe de prendre place devant lui sur le canapé. Je m'exécute, même si à présent je n'ai plus envie de parler. Et si tout s'effondrait après cette consultation ? Même si il essaye au plus de nous mettre en confiance, je ne suis toujours pas à l'aise.

_Bon, j'ai assez parlé, c'est à votre tour. L'un d'entre vous aimerait commencer ?

Je regarde Antoine, le suppliant du regard d'y aller en premier. Peut être que si lui ouvre son cur, après je serais plus apte à suivre son modèle.

_On traverse une période assez difficile en ce moment. Ca dure depuis presque deux mois. En fait, pour tout vous dire, on ne sait même pas si on forme toujours un couple. Et tout ça c'est de ma faute. Parce que j'ai embrassé une autre femme que celle à qui mon cur appartient.
_Vous regrettez votre geste ?
_Bien sûr que oui ! A la seconde même où je l'ai fais, je regrettais.
_Mais qui est cette femme ? Elle compte pour vous ?
_Pas du tout ! C'est l'ancienne babysitter de nos fils. Elle était gentille oui, mais pas mon genre.
_Vous la trouviez jolie ?
_Oui, mais n'importe qui aurait pu dire la même chose.
_On ne parle pas de n'importe qui, mais de vous. De ce que vous vous ressentiez pour cette femme là.
_Rien du tout. On entretenait juste une relation professionnelle.
_Alors racontez moi ce qu'il s'est passé pour que vous en arriviez à ce baiser.
_Il nous arrivait de parler de jeux vidéos tous les deux quand elle venait garder les jumeaux à la maison. On ne se disait rien de personnel. Mais ce soir-là, elle est entrée dans mon bureau furax. Son copain était avec une amie à lui, mais lui avait menti ou un truc dans ce genre. Elle voulait le rendre jaloux et m'a demandé de poser avec elle. Elle m'avait promis qu'on ne verrait pas mon visage, et qu'elle ne dirait à personne que c'était moi.
_Et vous l'avez fait ?
_Bien sûr, je ne pensais pas au mal. Cette fille a 20 ans, c'est encore une "gamine" dans sa tête, donc je ne pensais pas qu'elle serait capable de vouloir séduire son patron.
_Mais avant ça, est-ce qu'il y avait des signes qui auraient pu montrer une quelconque attirance de sa part ?
_J'admets qu'elle me complimentait assez souvent, mais pour moi c'était juste pour obtenir des pourboires plus gros, pas pour me séduire. Même si au final j'avais pris goût à ça.
_Je vois. Et vous Amélie, vous pensez quoi de tout ça ? Vous êtes silencieuse depuis tout à l'heure.

Je relève la tête, lâchant par la même occasion le bracelet avec lequel j'étais en train de jouer, le fixant sans dire un mot. Mais il est temps que je parle.

_Parfois, je me dis que ce n'était rien qu'un baiser, et qu'il n'aime pas cette femme, donc que je n'ai pas à en faire autant puisqu'il s'en veut, et qu'il m'aime moi. Mais d'autres fois, je me dis que si il a été capable de le faire une fois, il peut recommencer, ou même qu'il serait peut être allé plus loin avec elle si je n'étais pas arrivée.
_Vous souffrez de ce geste, ou plutôt des conséquences ?
_Les conséquences. Parce que chaque fois que je le vois, je repense à cette fille sur lui, à leurs lèvres scellées, à ce contact intime que je les ai vu avoir. J'en fais des cauchemars la nuit, imaginant les deux amants si je n'étais pas arrivée.
_Vous faites d'autres cauchemars depuis l'incident ?
_Oui, toujours le même. Je dépose Liam et Maël, nos fils, chez lui, et il me dit qu'il m'aime. Il ne fait que me répéter que j'aurai dû lui pardonner, et je m'enfuie aussi vite que je peux, parce que moi aussi je souffre de l'aimer encore. J'ai peur que cette situation ne finisse par arriver, que nos curs soient tous les deux brisés, parce qu'au final peut être qu'ils sont destinés à rester liés. Peut être que c'est juste nous qui ne faisons pas les choses comme il faut pour que ça dure.
_Vous savez, j'ai lu votre dossier, et j'ai vu toutes les choses que vous avez déjà traversé, comme cette période assez floue durant cette compétition de foot, mais aussi la séparation qui en a découlé, puis votre accident, et ensuite l'arrivée de vos enfants rapidement. Tout ça, c'est beaucoup pour un jeune couple. Je ne vais pas vous mentir, mais ce qui vous arrive, vous avez de la chance que ça ne vous soit pas arrivé avant, mais c'était sûr que ça allait arriver à ce rythme là. Mais vous avez pris la bonne décision en venant consulter, on va pouvoir essayer d'arranger les choses. Par contre, je ne peux pas vous promettre à 100% que la thérapie fonctionnera. Il y a des cas dans lesquels ça ne marche pas, je préfère être honnête avec vous. Mais bien sûr, ça risque de prendre du temps. Alors, êtes-vous prêts à vous donner à fond ?
_Oui !
_Bien sûr !

Je me tourne vers l'homme que j'aime, qui partage le même sourire que moi sur son visage. A cet instant, je vois une lueur d'espoir pour nous, et je suis plus qu'heureuse pour ça.

Lui... Antoine Griezmann ~ Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant