CHAPITRE TRENTE

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Le conseil nous a convoqué exceptionnellement aujourd'hui. On a donc dû laisser les jumeaux à Paul le temps de partir. J'espère qu'il n'aura pas trop de mal à les gérer, même si ça lui fera de l'entraînement pour plus tard. De toute façon, on avait pas le choix, puisqu'aujourd'hui c'est le jour de repos de notre nourrice. En plus, c'est leur parrain, donc il peut bien rester seul avec eux pendant quelques heures tout au plus.

Nous revoilà donc assis au même endroit comme régulièrement ces dernières semaines, attendant que notre conseiller pose sa tasse de café pour s'exprimer. Ce qu'il fait rapidement. Il se remet en place, et attrape son stylo ainsi que le carnet sur lequel il écrit à chaque fois qu'il nous voit. Il vient s'éclaircir la voix, avant de commencer.

_Je vous remercie de vous êtes libérés, je sais qu'habituellement vous n'aimez pas les rendez-vous à l'improviste parce que c'est compliqué pour vous de vous arranger, mais c'était vraiment important que je vous vois le plus vite possible. A l'issu de vos séances individuelles la semaine dernière, je me suis aperçu que ça y est, nous avons fait le tour de la question. je ne peux plus rien vous apportez, et votre démarche touche à sa fin.
_Vous voulez dire qu'on ne doit plus vous consulter pour régler nos problèmes ?
_Je veux surtout dire que les problèmes n'existent plus. Nous avons été jusqu'à la souche de chaque chose qui n'allait pas, pour comprendre pourquoi. Nous avons tout décortiqué votre relation, et les moindres coins sombres, nous avons fait la lumière dessus.
_Mais qu'est-ce que l'on va faire maintenant ?
_C'est justement pour ça que je voulais vous voir. C'est à vous de décider maintenant. D'avoir une discussion franche et honnête. Bien sûr, en privée, rien que vous deux. Vous n'avez plus besoin de moi maintenant, vous pouvez y arriver seuls. Par contre, je ne dis pas non plus que vous devez parler immédiatement que vous serez sorti du cabinet, mais il faudra que vous en discutiez dès que vous vous en sentirez totalement prêts.

Je me tourne vers Antoine, qui a l'air aussi perturbé par la situation. En même temps, il faut dire qu'aucun de nous ne s'attendait à cela. On continue donc à parler, espérant avoir plus d'informations, mais il ne veut rien nous dire de plus, pour ne pas nous influencer dans notre choix. Ce que je peux comprendre en même temps, puisque toute une vie est en jeu là.

A la sortie du cabinet, Antoine et moi n'échangeons pas un seul mot. On se contente de tous les deux monter dans la voiture, en direction de la maison. Mais arrivés à mi-chemin, Antoine se ravise et change totalement de direction. Je comprends immédiatement où il veut m'emmener, c'était une évidence qu'il veuille qu'on aille à Tolède. C'est notre ville.

Il vient se garer, avant que l'on descende, toujours dans le silence. Il m'attends bien évidemment, avant de se lancer dans les rues, jusqu'à ce que l'on arrive au sommet, toujours sans aucun bruit. J'attends juste qu'il me dise ce qu'il veut, qu'il me dise pourquoi on est là, même si j'ai ma petite idée.

Après avoir regardé rapidement la vue, il est venu s'asseoir à notre place habituelle, où l'on fait une photo à chaque fois que l'on vient ici. Notre tradition. Je le regarde, mais lui se contente de fixer le ciel à perte de vue.

_Qu'est-ce qu'on fait ici ?
_J'aime bien cet endroit. J'y viens souvent, même sans toi. C'est mon endroit préféré. C'est aussi ici que je viens quand j'ai envie de faire retomber la pression. Mais tu sais, je n'y emmène pas n'importe qui. Et avant toi, personne n'était au courant de cette cachette. J'ai juste senti qu'on serait amenés à faire un bout de chemin ensembles tous les deux, et que tu serais importante donc tu devais connaître. Et puis c'est devenu notre endroit à nous, et depuis ce jour, je l'aime encore plus.

Il me lance un large sourire, avant de se lever. Alors que j'allais le suivre, il me répond de ne pas bouger, et qu'il arrive avant de disparaître derrière moi. Je me mets alors à observer l'horizon, tout en pensant à ce qu'il vient de me dire.

Je vois alors une barbe à papa se dresser devant mon visage, avant de voir celui qui me l'offre, qui n'est autre que celui que j'aime. Dans un énième sourire, il vient récupérer place à mes côtés avant de prendre une bouchée de sa confiserie.

_Bon, je disais ? Ah oui, cet endroit
_J'y viens aussi sans toi. Quand j'ai besoin de faire le vide, comme souvent en ce moment. Je m'assois sur ce banc, et regarde nos photos, de l'euro jusqu'à aujourd'hui. Et je réfléchis, assise aussi longtemps que je le peux, pour notre avenir, pour celui de nos enfants. Pour que chacun d'entre nous puisse être heureux, et ne plus souffrir. Je viens ici, parce que c'est un derniers endroit où on est venus avant que tout ça n'arrive. On était assis avec les jumeaux, devant un coucher de soleil comme une famille modèle, et on était heureux, tout simplement. Et c'est ce sentiment que je veux retrouver.

Je prends une grande inspiration, pour me calmer et m'empêcher de fondre en larmes en repensant à tout ça. Je me mets alors à fixer un point de l'horizon, ne pouvant pas en dire plus. C'est au dessus de mes forces, pourtant, je sens son regard posé sur moi. Je sais ce qu'il est en train de se passer. On a cette fameuse discussion que le conseiller nous a dit d'avoir. On est en train de se mettre au point sur le fait de savoir si l'on peut continuer ou non.

Je redoute le moment où Antoine prendra à nouveau la parole, et ce qu'il dira. Parce qu'à partir de maintenant, le moindre de nos mots est décisif. Parce que tout se joue maintenant.

_Alors, on fait quoi maintenant Amélie ?

Lui... Antoine Griezmann ~ Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant