« On est bientôt arrivés ?
— Isak, tu m'as demandé ça il y a à peine dix minutes.
— Pardon, excuse-moi, je suis juste super stressé. Tu peux pas imaginer à quel point je suis stressé. Je crois que je vais vomir. »
Isak frotta énergiquement son visage. Il avait une bonne raison d'être nerveux, après tout : d'ici moins d'une heure, ils arriveraient à Dyraheio où les attendaient les parents d'Even. La première rencontre avec la famille d'un partenaire... Il avait déjà vécu ça plusieurs fois. Ça pourrait se comparer à un procès ; « Le jury a rendu son verdict : le prétendant Even Bech Næsheim est reconnu indigne du fils Isak Valtersen. »
Enfin, heureusement, ça s'était mieux passé que ça pour lui.
En vérité, Isak n'avait pas à s'en faire. Son père était vraiment gentil, c'était certain qu'il allait l'adorer. Quant à sa mère, elle le considérait déjà presque comme son propre fils (alors qu'Even ne lui avait parlé de ce fameux petit-copain qu'une seule fois, le week-end dernier. C'était sa mère, quoi...). Mais Isak n'en entendait rien ; il avait peiné à rester tranquille la nuit dernière et se rongeait les ongles jusqu'au sang depuis son réveil. Même un petit-déjeuner dans le restaurant où ils étaient allés la veille n'avait pas réussi à canaliser son angoisse.
Il allait pourtant bien devoir se calmer, car un panneau rectangulaire marqué « Dyraheio » défila devant eux. Ils y étaient. D'ici quelques minutes, Even reverrait ses parents pour la première fois après tant de semaines. D'ici quelques minutes, il reverrait chaque objet, chaque couleur, chaque odeur qui faisaient qu'il avait l'habitude d'appeler ce foyer son chez-lui.
Alors qu'Even approchait sa main de la poignée dans le but d'ouvrir la portière, il sentit des doigts se poser sur son bras.
« Attends, l'interpella la voix d'Isak. (Il se retourna pour lui faire face.) Et si ils m'aiment pas, je fais quoi ? Je me barre en courant ? Parce que mon cœur pourra pas tenir longtemps alors faut un plan B, voire même un plan–
— Isak, le coupa le plus vieux en se rapprochant de lui autant que le lui permettait son siège. Tout se passera bien, c'est promis. Tu n'auras besoin ni de courir, ni de plan B ou C ou D, d'accord ? Ils t'aiment déjà. Et ils sont super sympas, tu verras.
— Oui mais et si– »
Il l'embrassa. Even n'avait pas vraiment réfléchi. Il l'avait juste fait ; il s'était penché et avait posé ses lèvres sur les siennes, laissant sa phrase en suspens. Il ne savait pas vraiment pourquoi. Peut-être espérait-il de cette façon égaler tous les couples bien clichés qu'il avait eu l'occasion de rencontrer dans les livres qu'il lisait, ado.
Son bras droit supportait sa masse, appuyé contre le siège passager, alors que sa main gauche traçait les angles de la mâchoire du garçon. Leurs lèvres bougèrent ensemble pendant un instant, jusqu'à ce qu'ils durent se séparer, n'étant pas encore capable de survivre sans respirer.
« Tout ira bien. » promit Even, à quelques millimètres seulement du visage de son petit-ami.
Leurs yeux restèrent ancrés les uns dans les autres des secondes durant. Comme ce jour-là. Il s'en souvenait parfaitement ; la manière dont son regard avant croisé le sien pour ne plus s'en séparer. Cela semblait s'être passé il y a si longtemps. En y repensant aujourd'hui, Even était ravi que ce blond, cet inconnu du parc l'eût remarqué. S'il ne l'avait pas fait, il ne serait peut-être pas à quelques instants seulement de présenter ce même blond, ce même inconnu du parc à ses parents en tant que petit-ami.
L'effet papillon existait bel et bien, alors. Et il produisait des choses magnifiques.
« Prêt ? »
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That Boy | Evak
FanfictionEven Bech Næsheim était un jeune homme des plus banals : il avait des amis avec qui il aimait traîner, un petit boulot qui lui permettait de payer son loyer et ses études, une ex-petite-amie... Tout allait plus ou moins bien dans sa vie. Enfin, c'ét...