- Chapitre Dix-Sept -

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 « Euh, salut Sana. Je... je voulais te demander où était Elias, il... il me répond pas. »

Even trouvait l'embarras de son meilleur ami Mikael amusant. Il était actuellement au téléphone avec Sana, la fille dont il serait amoureux mais qui était aussi, accessoirement, la sœur d'un de ses amis, Elias. Le blond avait piqué son téléphone et cliqué sur son contact pour que le métisse n'eût d'autre choix que de lui parler, et il dut inventer une excuse à la noix au risque de paraitre idiot.

« Ah bon ? Il est malade ? . . . Il aurait pu me prévenir !

— Dis-lui que tu vas lui ramener tes notes après les cours, chuchota le blond.

— Je passe après pour lui ramener mes notes, répéta-t-il. . . . Je... Je sais pas, si je le croise, je lui demanderai. . . . Ouais, à plus. »

Mikael raccrocha et se laissa glisser contre le mur du couloir pour finalement atterrir fesses par terre. Even s'installa à côté de lui en lui tapotant le dos.

« Elle n'a pas ignoré ton appel, c'est déjà un bon point, le rassura Even.

— Certes, commença le métisse, mais maintenant elle m'utilise comme pigeon voyageur entre elle et Yousef. Elle va jamais voir qu'elle a aucune chance ou quoi ? Elias la tuerait, en plus, en même temps que lui...

— Tu risques la même chose, tu sais, ricana le blond.

— Mais ça serait secret ! Personne saurait ! Alors que, là, tout le monde a remarqué ce qu'elle ressent pour lui, et ça se verrait directement si ils venaient à sortir ensemble.

— Quand on parle du loup... susurra le plus grand quand il aperçut Yousef s'approcher et s'asseoir à côté de Mikael.

— Salut les gars ! »

Les deux garçons saluèrent leur ami en retour et discutèrent de tout et de rien — en prenant bien soin d'éviter le sujet 'Sana' — jusqu'à ce que l'heure de se rendre à leur premier cour de la journée arriva.

Tout le long de la journée, Even faussa ses sourires, n'écouta qu'à moitié les leçons de ses professeurs,... s'inquiéta pour Isak. Il n'avait pas eu des nouvelles de ce petit blond depuis l'avant-veille. Il avait peur, peur qu'il lui fût arrivé quelque chose de grave, peur que c'eût un quelconque rapport avec son cœur et sa mort prématurée. Il se demandait si quelqu'un avait remarqué ou s'il avait — aussi surprenant que ce fût — un jeu d'acteur convaincant. Mikael ne lui avait même pas parlé de lui, aujourd'hui, et ça n'était jamais arrivé depuis qu'il lui avait enfin avoué son existence. Il voulait toujours en savoir plus à propos du blond qui rendait son meilleur ami tout chose. Peut-être que, lui, il avait remarqué. Après toutes ces années d'amitié, Mikael commençait à vraiment connaître Even. Il avait donc sûrement deviné qu'en parlant d'Isak, il toucherait une corde sensible.

Il aimait vraiment Mikael. Et c'était réciproque.

À la fin des cours, Mikael s'était mis à supplier son meilleur ami de l'accompagner chez Sana et Elias. Even hésita ; il voulait faire plaisir à son ami, vraiment, mais le prénom d'Isak se mit à clignoter dans son esprit. Il lui avait dit qu'il le retrouverait au parc pour ne finalement pas venir. Il lui avait dit qu'il était toujours là, toujours. Il était forcément arrivé quelque chose. Et ça rongeait Even jusque la moelle.

Even avait fini par accepter. Il savait que Mikael n'aurait pas abandonné.

Ils avaient marché pendant une dizaine de minutes où le métisse avait exprimé sa nervosité concernant la réaction qu'aurait Sana en ne voyant pas aux côtés des deux garçons le brun qu'elle portait dans son cœur. Mikael ne lui avait même pas ne serait qu'évoqué le sujet — non pas qu'il l'eût prévu.

Ce ne fut que quelques minutes plus tard que l'ami du blonde se tut. Sa main fit rempart devant l'abdomen de ce dernier, le faisant détourner les yeux du trottoir pour se poser sur son ami légèrement plus petit que lui.

« Qu'est-ce qui t'arrive ? S'inquiéta le blond.

— Il est là. » dit-il tout bas, comme s'il avait peur que quelqu'un l'entende.

Even suivit le regard du brun, qui était fixé vers l'horizon. En se concentrant, il aperçut une petite touffe blonde roulée en boule contre un mur de brique, dans une ruelle.

Il n'y avait pas de doute.

C'était Isak.

« Tu devrais aller le voir, finit par conseiller le brun.

— Mais... et Sana ? Tenta le blond.

— On s'en fout, je peux y aller tout seul, je suis un grand garçon, tu sais.

— Quoi ? Mais il y a même pas une demi-heure tu te mettais à genoux pour que je vienne avec toi. (Mikael grogna. Pourquoi son ami devait-il être aussi têtu ?)

— Vas-y. Maintenant. »

Even attendit quelques secondes puis finit par souffler. Son cœur voulait aller voir ce blond, mais l'autre appréhendait. Et s'il interrompait quelque chose ?

Mais il secoua la tête. Non. Il allait y aller. Maintenant.

Il prit une grande inspiration et fit un petit signe à son ami avant de s'en aller. Il allait s'approcher de lui, l'interpeller, le disputer gentiment pour ne pas s'être montré la veille, puis il lui ferait un câlin pour s'excuser. Un long, long câlin. Parce qu'il aimait bien sentir les cheveux du plus petit chatouiller son cou pâle.

Ce garçon allait rester dans ses pensées pendant un long moment, on dirait.

That Boy | EvakOù les histoires vivent. Découvrez maintenant