Les rayons du soleil percèrent les rideaux pour venir déranger le sommeil des amoureux. Les tic-tacs de l'horloge accrochée au mur semblaient étouffés par leur somnolence. Finalement, ils émergèrent : leurs paupières se soulevèrent et la réalité leur revint. Aujourd'hui, ils retournaient à Oslo. Cette semaine était passée beaucoup plus vite que prévu... Ils avaient l'impression de n'être partis qu'hier. Mais tout cela importait peu ; dans tous les cas, d'ici quelques heures, ils seraient de retour chez eux, retrouveraient leurs lits douillets – qui étaient malheureusement moins douillets que celui de cet hôtel.
Even était bien ancré dans le matelas, la masse d'Isak sur son corps l'empêchait de bouger. Il le sentit gigoter doucement pour se nicher davantage contre lui, ses cheveux touchant maintenant le dessous de son menton. Son bras se leva paresseusement pour se poser sur le crâne du blondinet. Ses doigts s'enroulèrent et se déroulèrent entre les mèches ébouriffées. Ils s'accordaient mutuellement un dernier moment loin de la réalité, loin de leur vie de tous les jours dans laquelle ils auraient bientôt l'obligation de replonger.
Les aiguilles atteignirent les neuf heures trente bien trop rapidement à leur goût, mais ils s'extirpèrent des couettes malgré tout. S'ils voulaient avoir le temps de prendre une douche avant de rendre la clef de la chambre, ils en étaient bien obligés.
En fin de compte, ils se lavèrent en à peine quelques minutes et ce fut à dix heures et des brouettes qu'ils se retrouvèrent étalés sur le lit refait, tous propres et dans les bras l'un de l'autre. La joue d'Isak était aplatie contre le torse d'Even de façon à ce que ses oreilles fussent bercées par le rythme régulier des battements de son cœur. Silencieusement, il le laissait lui caresser les cheveux. Ils profitaient encore quelques minutes – juste quelques minutes. Puis, un quart d'heure avant l'heure butoir, ils se levèrent, arrangèrent le lit, récupérèrent leurs sacs, et descendirent.
Une fois dans la voiture, Even regarda son petit-ami pendant un instant, sans qu'il ne s'en aperçût. Il aimerait que cette semaine durât pour toujours. Il aimerait arrêter le temps, le pauser sur cette journée pour qu'ils la vécussent encore et encore sans que jamais ils ne vieillissent et jamais ils ne se séparassent. Ça serait bien...
Quand le propriétaire de la voiture la récupéra, il était déjà plus d'une heure de l'après-midi. Even insista pour raccompagner Isak jusque chez lui. Ils n'étaient pas si loin, de toute façon. Leurs pas résonnaient entre les murs de la ruelle. Il se souvenait de la fois où il avait trouvé le garçon ici, il y a quelques temps. Ça paraissait si loin. Personne ne parlait et le seul bruit qui emplissait leurs oreilles était le souffle puissant du vent alors qu'ils posaient le pied sur la route principale. Il était encore trop tôt pour que les adolescents ne errassent les rues ; sans personne autour d'eux, Even pourrait jurer qu'Oslo était devenue une ville fantôme pendant leur courte absence. Peut-être était-ce pour cette raison qu'il n'avait pas cette impression d'être arrivé à bon port. Il lui manquait quelque chose, mais il ne saurait dire quoi... Peut-être avait-il oublié une de ses affaires à l'hôtel, ou chez ses parents, ou encore au camping... Ou peut-être qu'il préférerait simplement être déjà de retour sur la route avec son petit-ami.
C'était sûrement ça.
La paume gelée d'Isak trouva celle d'Even et les colla l'une contre l'autre en espoir d'un soupçon de chaleur. Le parc s'affichait maintenant clairement devant leurs yeux, tout aussi vide qu'auparavant. Ça, au moins, ça n'avait pas changé. Il se demandait si la mousse avait repris ses droits et s'éparpillait de nouveau sur le banc de bois, masquant les marques claires de leurs deux corps qui avaient pris l'habitude de s'y affaler chaque jour. Quand ils passèrent à côté, Even se tordit le cou pour vérifier : apparemment, elles n'étaient pas totalement effacées. Isak continua d'avancer, alors il le suivit de près, si près que leurs épaules se frôlaient constamment. Il aimait la sensation que lui procurait cette proximité constante entre eux. Il espérait sincèrement que jamais ces petits picotements sur sa peau, ces petits papillons dans son estomac, ces petits frissons le long de son échine ne s'estomperaient.
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That Boy | Evak
FanfictionEven Bech Næsheim était un jeune homme des plus banals : il avait des amis avec qui il aimait traîner, un petit boulot qui lui permettait de payer son loyer et ses études, une ex-petite-amie... Tout allait plus ou moins bien dans sa vie. Enfin, c'ét...