Family, Friends & Rivals

Chap 16

Ça fait déjà un bon moment que je suis réveillé mais je n'ose pas bouger. À côté de moi, Wonwoo est encore profondément endormi et ça me rassure de le voir ici, à dormir comme un bébé. Il a enlevé le sweat que je lui ai prêté, ne restant qu'en t-shirt, et je vois son dos se soulever à mesure qu'il inspire. Son visage n'est pas tourné vers moi mais je peux deviner l'air serein qui s'y trouve. Je voudrais lui caresser le dos, faire passer le bout de mes doigts le long de sa colonne vertébrale ou dans ses cheveux mais je n'ose pas. Je ne veux pas qu'il se réveille par ma faute. Je me sentirai coupable et c'est déjà le cas en imaginant qu'il a pu chercher le sommeil pendant longtemps alors que je me suis plongé dans les bras de Morphée rapidement.

Aucun bruit ne parcourt l'appartement, signe que mes pères ne sont pas là. Même s'ils ne sont pas très bruyants, je sais reconnaître le silence apaisant de leur absence. Je me tourne légèrement pour regarder mon réveil : il est neuf heures passées. Je crois que c'est la première fois que je reste aussi longtemps dans mon lit. Mais je n'ai pas envie de le quitter alors que mon meilleur ami y est. Enfin, meilleur ami si ce n'est pas autre chose. On s'est embrassés, c'est vrai, mais ça ne veut pas dire clairement que notre situation a changé. Je ne crois pas en tout cas. Je souris, les joues rouges, à l'idée de l'appeler mon petit ami. Ça serait plaisant mais je ne veux pas précipiter les choses ou me faire de fausses idées. Puis il doit certainement penser à des histoires plus sérieuses qu'une amourette. Si ce n'est qu'une amourette pour lui.

Je réprime mon sourire et c'est pile à cet instant qu'il bouge. Sa tête se tourne et sa joue droite se pose sur l'oreiller. Les bras toujours dessous, je ne comprends pas comment il fait pour dormir dans cette position. Si je l'imite, j'aurais les bras engourdis bien rapidement. Je suis soudainement pris de panique lorsqu'il cligne des yeux avant de les poser sur moi et plus précisément, les plonger dans les miens. Puis je me dis que je n'ai aucune raison de paniquer, que c'est juste Wonwoo et qu'il n'y a rien de dérangeant dans cette situation. Alors je lui souris et ouvre la bouche.

_ Salut.

_ Salut.

Sa voix est enrouée et encore plus grave que d'habitude. Ça lui donne un air encore plus sexy mais je ne veux pas me pâmer. Parce que je sais, et il faut que je me souvienne, que s'il est ici, ce n'est pas juste pour mes beaux yeux.

_ Comment tu te sens ?

Je demande ça en baissant les yeux vers son bras parce que je veux savoir s'il a mal à la main. Sa blessure ne saigne plus depuis longtemps mais ça doit quand même lui picoter ou le gratter.

_ Ça va.

_ T'es sûr ?

Il m'adresse un petit sourire amusé et hoche la tête. Ça ne me rassure qu'à moitié pourtant. Je sais bien qu'il n'est pas en sucre mais je ne peux m'empêcher de vraiment m'inquiéter pour lui. Parce que je sais aussi qu'il ne pourra pas rester éternellement ici. Que son père viendra le chercher, s'il n'est pas déjà en route. Et je n'ai aucun doute sur le fait qu'il sache que Wonwoo et moi sommes attachés l'un à l'autre, de quelque façon que ça soit.

Il se relève pour s'asseoir et je l'imite aussitôt. Pourtant, je ne sais pas quoi dire, ni quoi faire. Je lui lance un coup d'œil et remarque qu'il a l'air encore moins à l'aise que moi. Je détourne le regard et celui-ci tombe sur le plateau que papa Jimin lui a fait.

_ Est-ce que tu as faim ?

_ Un peu.

_ On devrait aller déjeuner.

Il hoche la tête et me suit hors du lit. Dans la cuisine, je trouve un mot sur le comptoir. « Partis se balader, on revient à midi. Bisous ~ Jimin » Je souris sans m'en rendre compte. Il a dû penser qu'on avait besoin de temps à deux et ça me touche qu'ils nous laissent un peu d'intimité. J'invite WonWoo à s'asseoir alors que je parcours la pièce du regard. Celui-ci tombe sur le cuiseur de riz qui est habillé d'un post-it en forme de cœur. Papa Jimin adore les petits messages et je comprends qu'il y a encore à manger pour nous là-dedans. Je ne le remercierai jamais assez.