Family, Friends & Rivals

Chap 17

Je claque ma portière le plus doucement possible. Aucune lumière ne filtre à travers les fenêtres mais je suis persuadé qu'il est encore réveillé. Surtout après l'avoir surpris dehors à deux heures du matin la nuit dernière. Il m'a supplié de ne rien dire à TaeHyung et j'ai décidé qu'on allait continuer sur cette voie. De toute façon, puisque TaeHyung préfère nous quitter pour vivre sa vie comme il le chante sans nous et que Chan est également mon fils, j'ai le droit de décider pour lui.

Après avoir discuté avec Yeri et avoir appris que Chan se sentait isolé au lycée parce qu'il ne suivait pas l'entraînement de Bangtan comme la majorité de ses camarades, ça m'a fait réfléchir. Je sais bien que ce n'est peut-être pas la meilleure solution mais il fallait s'y attendre j'ai envie de dire. Il a grandi ici, dans un quartier de Bangtan, avec deux pères qui ont tous les deux un lien plus ou moins étroit avec ce gang.

Je viens juste de finir un rendez-vous avec SeoHyun noona et j'ai pris ma décision. En plus d'être la sœur de mon mari, c'est l'une des membres les plus importantes du gang. Elle est mariée avec l'ancien chef, Kim NamJoon, qui a mis fin à des générations de chef de gang pour se consacrer à sa famille lorsque sa copine est tombée enceinte. Il a donc tout légué à son ami le plus proche, Min YoonGi, et depuis, Bangtan se porte plus que bien.

SeoHyun noona a toujours été de bons conseils, même s'il m'ait arrivé de ne pas les suivre, n'en faisant qu'à ma tête et en regrettant ensuite. Elle ne m'a pas donné clairement de réponses à mon problème, surtout qu'il est impensable pour elle d'aller contre l'opinion de son petit frère, mais m'a fait comprendre ce que je voulais éviter.

Je soupire et entre la clé dans la serrure. Même si nous n'avons pas grand chose à craindre ici, TaeHyung a toujours voulu fermer la porte d'entrée à clé et nous avons tous pris cette habitude avec le temps. Il fait aussi noir à l'intérieur qu'à l'extérieur. Toute la maison semble endormie et j'ai une seconde l'impression d'être un voleur dans mon propre chez moi. J'enlève mes chaussures puis grimpe l'escalier, évitant la marche qui grince pour ne pas me faire repérer.

À l'étage, un petit sourire mélancolique vient parsemer mes lèvres. C'est étrange de se sentir à la fois chez soi mais complètement indésiré ici. Il n'y a pas de lumière sous la porte de notre chambre et je devine que TaeHyung dort profondément. J'ai même l'impression qu'il dort mieux depuis qu'il m'a annoncé qu'il voulait divorcer. Comme si tout le poids qui le rongeait depuis des mois avait disparu. Mais je ne suis pas venu ici pour lui, même si j'ai très envie d'aller me coucher à ses côtés. Dormir sur le divan de mon bureau au garage n'est pas aussi confortable que dormir dans ses bras.

En m'approchant de la porte des filles, je ne vois aucune lumière filtrer mais j'entends des petits rires complices et je sais qu'elles ne dorment pas encore. Ça me fait sourire et je préfère les laisser tranquilles. Déjà parce que je ne suis pas censé venir ici en pleine nuit et surtout parce que j'ai toujours préféré laisser les filles entre elles. Ce qu'elles peuvent se raconter, c'est pas vraiment mon truc. Et je garde toujours en cauchemar le jour où l'une d'elles a eu ses règles pour la première fois. J'avais emmené les enfants dans un parc d'attractions ; TaeHyung, étant malade, m'avait demandé de sortir avec eux pour éviter les risques de contamination. Évidemment, il n'y a pas de supermarché avec le nécessaire dans un parc d'attractions et j'ai donc dû demander à plusieurs femmes, en rougissant comme un adolescent. Je ne me suis jamais senti aussi embarrassé et intimidé dans ma vie d'adulte qu'à ce moment-là.

Je me détourne pour aller toquer à la porte d'en face. Ne voulant pas le surprendre, j'hésite un instant à l'ouvrir mais me dis que, puisque je dois être discret, je n'ai aucune raison d'attendre qu'il vienne ouvrir. Il est dans son lit mais ne dort pas du tout. Je referme la porte derrière moi pour éviter qu'on nous entende. Il a les yeux rivés sur son téléphone – et je ne sais combien de fois on leur a dit de ne pas s'éclater les yeux en regardant un si petit écran dans le noir mais évidemment les ados n'écoutent jamais – avant de les lever sur moi.