Le secret de Jade

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Cher journal...

Sérieux ?! Faut-il vraiment commencer par ça ? Je n'suis plus au collège mais il paraît que ça gère la colère et l'agressivité... Conneries ! Bref, s'il faut en passer par là. Je m'appelle... Jade. Ce sera plus simple. Et aujourd'hui, j'entre à l'université. Je hais déjà cet endroit, cette chambre et sûrement aussi ma colocataire qui va la partager. Je ne l'ai jamais vu, mais elle me tape déjà sur le système !

Quand on parle du loup... Elle entre... Okay. Elle est très cruche. À peine a-t-elle posé un pied dans la pièce qu'elle se gauffre sur le sol. Et ça la fait rire. Cette fille est débile ou quoi ?!

- Salut ! Je m'appelle Audrey. Je suis ta colocataire à partir d'aujourd'hui.

C'est comme ça que tout a commencé. J'ai pensé que tu ne ferais pas long feu ici. Tu avais tout de l'archétype de la bonne poire. Trop gentille, celle à qui on demande tout et n'importe quoi. Souvent, tu rentrais tard et tu te levais aux aurores. Et un jour ça m'a intrigué. Je t'ai suivie. Tu faisais la tournée des cafés pour savoir s'ils prenaient des serveuses et bien évidemment, la réponse était toujours non. Ils s'arrêtaient à ton apparence alors qu'ils employaient des bonnes à rien qui avaient la taille mannequin. Quand tu ne cherchais pas ce travail de serveuse, tu bossais tes cours. Aucun étudiant ne t'invitait à une soirée et quand Cameron le faisait, tu déclinais.

Je pensais que tu devais être une tête pour être à ce point sérieuse, mais lorsque je suis tombée sur un de tes devoirs, j'ai tiré une de ces têtes... Celle qui fait bien la grimace d'horreur. Oui, tu semblais vraiment stupide pour moi.

Un après-midi, j'en ai eu marre. Je ne suis pas allée en cours. Mes pas m'ont conduit vers un café qui ne payait pas de mine. Tant mieux ! Au moins, je n'allais pas avoir les cris et les ragots des étudiants du campus dans les oreilles. L'endroit semblait miteux, mais cela ne me découragea pas. Je me suis installée à une table pour boire quelque chose. Une dame d'un certain âge prit ma commande. Elle a mis du temps, pourtant sa boisson était étonnement bonne.

- Cela vous plaît ? demanda la vieille dame.

- Oui, c'est délicieux.

- Je vous remercie, Mademoiselle.

La vieille soupira. Son regard s'attardait sur l'ensemble de la boutique et elle semblait triste. Je grinçais des dents. Il n'était pas dans mes habitudes de me mêler des affaires des autres, pourtant depuis qu'Audrey partage ma chambre... J'ai envie de savoir ce qui se passe. Mais je me rappelle très bien que je lui ai dit de vivre sa vie comme si je n'étais pas là et que je ferais comme si elle n'existait pas. Avec regret, j'ai demandé :

- Pourquoi êtes-vous si triste ?

- Oh... hum...Ne vous inquiétez pas, Mademoiselle. C'est... Ce n'est pas important.

- J'ai tout mon temps.

- Eh bien, je cherche quelqu'un pour m'aider et éventuellement, reprendre la boutique mais il y a tellement de charges... Et malheureusement, je n'ai pas de talent en pâtisserie.

Une grand-mère qui ne sait pas cuisiner ? On aura tout vu.

- Pourtant, votre thé est très bon.

- Mais sans une bonne pâtisserie, c'est bien fade. Veuillez m'excusez...

Si la tristesse avait un visage, cela aurait été celui de cette femme.

Le soir, j'étais invitée à une énième soirée étudiante. Toi, tu étais en train de griffonner sur un calepin comme souvent et je faisais à peine attention. Une fois prête, j'étais sur le point de partir quand ton ami Cameron entra dans la chambre.

- Jade... disait-il, limite condescendant. Audrey ! Qu'est-ce que tu fabriques ? La fête va bientôt commencer !

- Je n'y vais pas... J'ai beaucoup de boulot.

- Ah non ! Pas question que tu me fasses faux bon ! Je ne te laisserai pas devenir vieille fille sans avoir goûté au plaisir de la chair !

- Je doute que les mecs aiment la bonne chair...

- Voilà pourquoi ce soir, je serai ta marraine la bonne fée !

- Je doute que la bonne fée ait un assortiment trois pièces, sans vouloir te vexer.

- Ton parrain le magicien, c'est pareil et jamais cette fée ne sera aussi classe que moi ! C'est pourquoi, je vais transformer cette vilaine citrouille en magnifique canon.

- J'ai dit non !

Vous avez continué de vous chamailler, alors je suis partie. Cette « discussion » me donnait mal à la tête et j'avais besoin d'un verre. Quand je suis arrivée, tous les yeux se sont braqués sur moi. C'était d'un ennui. Des beaux étudiants m'abordent avec leur pathétique tactique de drague que j'envoie balader. Ce sont tous des idiots...

Soudain, il y a moins d'agitation. Tous les regards se sont retournés vers toi. Pour la première fois, tu as attiré l'attention. Cameron avait fait de toi, une beauté. Toi qui es sans cesse complexée par ton corps, rien de disgracieux. Ton être entier transpirait la maturité et la sensualité. Plusieurs gars sont venus te parler. Timide, tu n'osais pas leur parler et après quelques verres, tu t'es mise à danser avec ces derniers. Je t'ai regardé faire. Il y avait un des types qui te plaisait. Tu étais l'innocence incarnée, ça m'énervait. J'ai donc arrêté de jouer à la femme frigide et t'ai imité. Plus de gars se sont mis à me coller. Sentir leur truc contre mes fesses, me dégoûtait encore plus. Pour oublier ça, j'avalais plusieurs shooters. Comme je n'avais rien mangé, la pièce tournait rapidement. Du coin de l'œil, je voyais que tu embrassais un de ces mecs.

Dans un état second, j'ai suivi le type. Grogie, je l'ai laissé me déshabiller. Ma vision se brouillait et les fantômes du passé venaient se mêler au présent. Je me débattais, criais, griffais, pleurais... Je revivais ce cauchemar... encore une fois. Puis plus rien. Je m'étais évanouie.

Lorsque je me suis réveillée, dans les vapes, j'étais dans mon lit. Et vous discutiez avec Cameron.

- Cam', je sais ce que je dis !

- Ouais... mais en attendant, tu as loupé une chance de perdre ta virginité ! Et c'est sa faute !

- On s'en fiche ! Elle était en détresse. Tu te souviens de Marilyn Césaire ?

- Oui mais je ne vois pas le... Oh !

- Oui et je te jure qu'elle avait les mêmes réactions quand son copain a voulu aller plus loin avec elle.

- Tu crois qu'elle a été... ?

- Il y a une possibilité mais tant qu'elle ne dira rien. On ne pourra rien faire.

La musique... l'alcool... les mecs... toi... Je vous haïssais tous... C'était ma pensée avant que je ne sombre à nouveau dans le sommeil.

[Lemon] Surprise, Baby !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant