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Le taxi s'arrêta le long du trottoir, à quelques mètres à peine de son immeuble, situé boulevard Haussmann dans le huitième arrondissement de Paris. Comme un automate, Romane régla la course et sortit avec peine. Il lui fallait se faire une raison. Rien ne serait plus jamais pareil à présent.

Elle se dirigea vers la double porte du hall de son immeuble, appuya sur le bouton de l'ascenseur et en deux temps, trois mouvements, elle se retrouva sur le palier de son appartement.

En ouvrant, elle trouva Gilles en train de téléphoner.

– C'est bon, elle est là... non, ça ira. Je dois raccrocher, maman !

Il rangea son portable dans la poche de son pantalon et demanda :

– Mais où étais-tu passée, bon sang ? Je t'ai cherchée durant des heures...

Romane ne prit même pas la peine de répondre. Elle passa dans sa chambre puis dans la salle de bains et prit une longue douche.

Une heure plus tard, elle ressortit, en peignoir. Gilles l'attendait, assis sur le coin du lit.

– Romy... chérie... que t'arrive-t-il ? Ça fait des heures que j'essaie de te trouver. Où étais-tu, bon sang ? Je t'ai cherchée partout...

– Partout, vraiment ?

– Mais oui...

– Alors tu aurais dû essayer d'aller à l'hôpital !

– L'hôpital ? Mais, pourquoi l'hôpital ? Le bébé va bien ?

Romane ne répondit pas.

– Romy... le bébé va bien, oui ou non ?

La voix de Gilles était plus dure, carrément flippante.

– Romy, hurla-t-il.

La jeune femme sursauta.

– Il n'y a plus de bébé, Gilles...

– Comment ça, plus de bébé ?

– Je l'ai perdu... j'ai fait une fausse couche...

– Tu as fait quoi ?

– J'ai fait une fausse couche... ça peut arriver quand un homme bat sa femme enceinte quand il rentre saoul à la maison, ajouta-t-elle, acerbe.

– Bon Dieu... tu as perdu mon bébé... tu es... tout ça, c'est de ta faute...

– Ma faute ? Une femme enceinte est battue par son compagnon et bien sûr, c'est de sa faute ?

– Romy... ferme-la, je dois réfléchir...

Complètement estomaquée, Romane se tut, mais pas parce qu'il l'avait ordonné. Elle ne trouvait rien à répondre à l'odieux monstre avec lequel elle avait partagé les quinze dernières années de sa vie.

– Oh, et puis, merde !

Gilles retourna au salon. Elle l'entendit récupérer ses clés accrochées au mur et claquer la porte en sortant.

Là seulement, Romane se permit de laisser couler le torrent de larmes qui menaçaient. Sans attendre, elle récupéra une valise, y rangea le plus d'affaires possibles et s'en alla sans un regard en arrière.

* * *

Fatigué après une dure journée de travail, Ben avait besoin d'un verre. Il trouva à se garer le long du trottoir du front de mer et entra dans le pub où il allait parfois entre amis. Installé au bar, il commanda une bière en regardant vaguement dans le miroir du fond. La salle était pleine à craquer. Un petit groupe de jeunes femmes avait réquisitionné les meilleures places, au fond de la salle. Probablement pour fêter un quelconque événement.

Amour véritableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant