6

809 69 4
                                    

Adolescente, Romane était curieuse de savoir dans quel univers vivait Benjamin Novak. Elle l'imaginait bien au bord de la piscine de ses parents, dans la grande villa créole qui servait d'habitation à la famille Novak depuis leur arrivée dans l'île. Elle devait avoir neuf ans. Maintenant qu'elle passait le portail automatisé de sa résidence, elle ne pouvait qu'être émerveillée par la bâtisse, parfait mélange de tradition et de modernité.

– C'est... ta maison ?

– L'œuvre d'un ami architecte. Tu le connais, d'ailleurs... Didier !

– Didier... Bernard ? Le Didier qui avait amené une couleuvre en classe et qui avait flanqué une frousse bleue à la prof de math ?

– Celui-là même... il s'est assagi avec le temps. Avec Anna, ils n'habitent pas très loin d'ici.

– Anna ? Attends, ne me dis pas que... ils se détestaient à l'époque !

– Eh bien, en fait, ils ne se détestent pas vraiment. Ils se sont mariés il y a sept ans et je suis le parrain de leur premier enfant.

– Attends, Anna a fait plusieurs enfants avec Didier ? Si je me souviens bien, ils n'en voulaient ni l'un ni l'autre...

– Ils en ont trois...

Ben se parqua devant son garage et ils sortirent tous les deux de la voiture. Puis, prenant la main de sa compagne, il lui proposa de le suivre à l'intérieur :

– Tu viens ?

– Oui.

Le jeune homme ouvrit la porte d'entrée principale et invita Romane à entrer. La pièce principale était un grand espace ouvert accueillant un vaste salon, une salle à manger et une cuisine américaine complète.

Ils s'installèrent sur l'un des canapés et Ben proposa :

– Tu as déjà mangé ? Je vais nous préparer quelque chose !

– Je n'ai pas très faim, Ben...

– Chérie, il faut que tu manges...

– Je n'ai pas faim...

Ben allait insister quand son téléphone sonna.

– Excuse-moi...

Il se leva et alla prendre le combiné sans fil sur l'étagère.

– Novak... oui, je suis en week-end... demain ? (Ben regarda Romane un moment en silence) Je ne sais pas... ça va être difficile... je sais bien... écoute, je ne suis pas seul... oui... non... maman, maman, maman, calme-toi, d'accord ? ... je ne te promets rien... bon, je dois te laisser... au revoir ! ... maman, j'ai dit « au revoir » !

En raccrochant, il ne put s'empêcher de soupirer.

– C'était ma mère...

– Je vois. Tu es tout rouge, qu'est-ce qu'elle t'a dit ?

– Rien d'important...

– S'il te plaît, raconte-moi !

– Eh bien, dans ma famille, on essaie de se voir au cours d'un déjeuner dominical au moins une fois par mois et elle voulait m'inviter demain. Seulement, j'ai eu la mauvaise idée de lui dire que je n'étais pas seul et elle s'est emballée... parfois, elle me fait peur...

– Ta mère te fait peur ? Un grand gaillard comme toi ?

Ben rougit et se tourna vers elle avant de répondre :

– Ça se voit que tu ne connais pas ma mère ! C'est quelqu'un d'assez vieux jeu et elle s'imagine qu'à mon âge, je devrais déjà lui avoir donné une belle fille et des tas de petits-enfants à gâter... disons que, de ce point de vue là, je suis la brebis galleuse de la famille...

Amour véritableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant