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Deux semaines étaient passées depuis ce jour où Ben avait perdu l'amour de sa vie. Il ne savait pas comment il réussissait à tenir debout, à se réveiller chaque matin pour aller travailler. Plus rien ne comptait pour lui. Il ne mangeait plus, ne dormait pratiquement jamais et enchaînait les gardes pour tenter d'oublier quelque chose d'inoubliable. Il avait trahi la femme qu'il aimait. C'était un fait. Il s'attendait à voir Anthony débarquer pour lui casser la gueule, mais non. Il n'avait tout bonnement aucune nouvelle de Romane ou de l'un de ses proches. Ses parents avaient tenté d'arrondir les angles, mais ils n'eurent pas plus de succès. Même Anna a eu pitié de lui et avait profité d'un appel à Romane pour lui parler, mais elle ne réussit pas à la faire changer d'avis. Un soir, en rentrant, il eut la surprise de voir ou plutôt de ne plus voir les affaires de Romane chez lui. Elle avait dû emprunter la clé de sa mère pour venir en douce. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Un jour, il lui était même arrivé de passer devant son ancien appartement, mais selon sa voisine, elle avait déménagé et avait vendu l'appartement quelques jours à peine après sa sortie d'hôpital. Elle ne savait pas où elle était allée.

Ben raccompagna une patiente à la porte de son bureau en se rappelant la fois où il avait aperçu Romane dans la salle d'attente. C'était il y a déjà tellement longtemps. Plus de deux mois. Quand il la vit, il crut avoir une hallucination. Christophe André, son collègue installé dans le bureau voisin, raccompagnait lui aussi une patiente.

– Docteur André. Votre prochaine patiente est arrivée, lança Judith.

– Merci, Judith.

Christophe consulta le dossier et se tourna vers la jeune femme.

– Madame Mercier ?

Romane se leva et se dirigea droit vers le docteur, sans un regard pour Ben.

– Romane ?

– Vous vous connaissez ? demanda Christophe.

– Oui.

– Non. Je ne le connais pas.

– Romane, je t'en prie. Il faut que nous parlions. (À Christophe) Je suis le père de son bébé !

– Oh...

– C'est faux. D'ailleurs, il n'y a plus de bébé, intervint la jeune femme avant de se précipiter dans le bureau du gynécologue.

Quoi ?

– Chris, ne me dis pas que...

– Écoute, c'est la première fois que je vois cette patiente. Laisse-moi l'examiner, d'accord ? Légalement, je n'ai pas le droit d'en parler avec toi, tu le sais !

Parce que la plupart des patientes les observaient avec grand intérêt, Ben abdiqua. Il retourna dans son bureau et referma la porte en la claquant très fort.

Plus de bébé... plus de bébé... Il tournait et retournait cette phrase dans sa tête. Non, c'était impossible. Elle le lui aurait dit si elle avait fait une fausse couche. Elle le détestait peut-être, mais elle lui aurait dit pour le bébé. Son bébé. Mais était-ce vraiment son bébé ? Elle venait de dire le contraire. Malgré tout, Ben n'en croyait pas un mot. Elle avait dit ça pour le rendre encore plus malheureux qu'il ne l'était.

Il lui fallut quinze bonnes minutes pour se calmer et reprendre une attitude sinon sereine, du moins, professionnelle. Quand il sortit accueillir sa prochaine patiente, la porte du bureau de Chris s'ouvrit également.

– Merci de m'avoir reçue, docteur.

Romane passa devant lui sans même le regarder. Elle faisait carrément comme s'il n'existait pas et ça lui broyait le cœur. Ses yeux étaient rouges, elle avait donc pleuré.

Amour véritableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant