Amour véritable

19

Après avoir bu un dernier verre ensemble, les invités avaient décidé de rentrer chez eux au compte-goutte. Les derniers, Didier et Anna, insistèrent pour aider Ben et Romane à ranger avant de partir.

Pendant que les garçons nettoyaient la table basse et jetaient les bières vides et les serviettes en papier dans un sac poubelle, Romane et Anna s'occupaient de la vaisselle.

– J'ai réfléchi et tu as raison, je vais lui parler ce soir...

– C'est mieux, Anna. Tu as pris la bonne décision !

– Je l'espère...

Alors que les filles discutaient, Ben et Didier les observaient de loin.

– Tu n'as pas trouvé Anna bizarre, ce soir ?

– Pourquoi tu me demandes ça, Didier ?

– Je ne sais pas. J'ai l'impression qu'elle me cache quelque chose. Elle a de nouveau cette attitude triste depuis hier matin.

– Tu te fais des idées, Didier... Elle va bien... Enfin, autant qu'on peut l'être après ce qu'il lui est arrivé !

Le jeune réunionnais regarda son épouse et elle lui sourit timidement. Alors, il cessa de s'inquiéter.

– Tu as sûrement raison... je me fais du mauvais sang pour rien... On va rentrer, je suis crevé !

– C'est toi qui conduis ?

– Non. Je ne crois pas, après toutes les bières que j'ai descendues, ce soir... Anna n'a bu que du jus de fruit, je lui laisse le volant...

Anna, qui avait entendu son mari, confirma :

– C'est moi qui conduis, oui... D'ailleurs, on y va, mon chéri, je suis fatiguée, j'ai envie de me coucher !

Un peu plus tard, au moment de se coucher, Ben se demanda pourquoi Romane était si angoissée.

– Qu'y a-t-il, ma puce ? Tu repenses à Gilles, c'est ça ?

– Non... non... ça va...

– Je sais bien que tu mens. Chérie, je sais que quelque chose te tracasse...

Romane ne voulait pas trahir Anna, mais elle ne voulait pas non plus avoir de secret pour Ben. Aussi, se décida-t-elle à tout lui dire.

– C'est Anna qui m'inquiète...

– Anna ? Pourquoi ?

– Tu te souviens que je me suis éclipsée aux toilettes de notre chambre ?

– Oui et ... ?

– Et quand je suis revenue, je l'ai entendue pleurer dans la salle de bains du couloir.

– Pourquoi pleurait-elle ? Elle repensait à son viol ?

– Elle y repensera toujours... mais ce n'est pas à cause de ça... enfin, si mais...

– Bébé, tu m'embrouilles, là... Que se passe-t-il avec Anna ? Elle n'est pas malade au moins ?

– Non... non, mon chéri, non... Anna est enceinte...

– Enceinte ? Mais Didier ne m'a rien dit...

– C'est parce qu'il n'est pas encore au courant... Elle a peur de le lui dire...

– Pourquoi aurait-elle peur de le dire à son mari ?

Puis, il comprend.

– Oh, Seigneur... Didier n'est pas le père, c'est ça ?