Amour véritable

20

Seul à la maison, Ben rangea un peu, fit le lit et prit une douche. L'après-midi, il profita de sa solitude pour aller courir quelques heures. Il rentra vers dix-sept heures et Romane n'était toujours pas là. Il alla prendre une douche. Au moment où il sortit de la salle de bains, son téléphone se mit à sonner.

– Allô ?

– Salut. Anna est chez toi ?

– Bonjour, Didier. Non, elle n'est plus là.

– Comment ça, plus là ? Elle est venue chez toi ?

– Oui.

– Où est-elle ?

– Didier, calme-toi.

– Je veux savoir où est ma femme !

– Parce que maintenant, ça t'intéresse ? Elle est arrivée ici en pleurs, disant que tu voulais divorcer. Te rends-tu compte, Didier ?

– Ah, tu es au courant...

– C'est tout ce que tu trouves à dire : « ah, tu es au courant ? ». Bon sang, Didier, c'est ta femme, bordel, tu l'aimes, oui ou merde ?

– Bien sûr que oui... seulement... comment réagirais-tu si Romane était enceinte d'un autre ?

– Mal, évidemment. Je te comprends. Mais Anna est innocente. Ce n'est pas comme si elle t'avait trompé, tu ne crois pas ?

– Je sais ça. C'est ma femme et je l'aime, j'aime aussi nos enfants plus que tout au monde, mais serais-je capable d'aimer l'enfant d'un autre ? Je ne sais pas, Ben. Je le verrai grandir et ça me rappellera toujours que, si ma femme a été violée, c'était ma faute, parce que je n'étais pas là pour la protéger...

– Didier...

– Je ne veux pas divorcer. J'ai dit ça sur un coup de tête. Tu me connais, je parle sans réfléchir quand je suis en colère. J'ai passé le reste de la nuit à la chercher partout. En rentrant du boulot, j'ai appelé chez ses parents. Ils n'ont eu aucune nouvelle d'elle et je ne sais pas où elle est, ça m'angoisse...

– Viens à la maison, on va en parler.

– D'accord.

Une heure plus tard, Ben était en train de raconter à Didier ce qu'il s'était passé depuis l'arrivée d'Anna ce matin-là. Il lui expliqua aussi que sa femme s'était confiée à Romane, la nuit dernière.

– Anna ne veut pas te perdre, elle t'aime de tout son cœur...

– Je sais. Je me rends compte à quel point je suis stupide. Je lui en demande trop. Elle n'a pas d'emploi parce qu'elle a voulu se consacrer aux enfants et quand j'arrive à la maison le soir, je ne la vois jamais faire une pause. Je suis un imbécile. Elle a déjà tiré la sonnette d'alarme une fois, et je ne suis pas capable de me rendre compte à quel point elle souffre.

– Ça va, tu n'es pas en cause, Didier.

– Tu sais où elle est, pas vrai ?

Ben soupira. Il allait répondre à son meilleur ami quand un téléphone se mit à sonner. C'était le portable de Romane, elle l'avait oublié. Ben prit sur lui et répondit :

– Allô ? ... Salut, Anthony... Non, elle n'est pas là... Alors, comment se passe cette lune de miel ? ... Parfait... Oui, ici tout se passe bien... Elle sera contente d'avoir de vos nouvelles... Elle ne devrait pas tarder à rentrer, tu veux qu'elle te rappelle ? ... Non. Bon, d'accord. Amusez-vous bien, tous les deux !

Et il raccrocha.

– Romane n'est pas là ?

– Elle est sortie. Mais elle ne devrait plus tarder, maintenant.