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Se sentant coupable, Ben se mit à chercher sa mère dans la maison. Elle n'était pas dans la cuisine, alors il supposa qu'elle s'était réfugiée dans sa chambre. Il avança dans le couloir et l'entendit pleurer.

– Ne pleure pas, ma chérie... Il ne l'a pas fait exprès...

– Tu crois ? Il a raison, tu sais ! Déjà, ce matin en rentrant chez lui, j'ai outrepassé les limites, et maintenant avec cette fille... Je voulais juste être gentille, tu comprends ?

– Je sais, ma chérie... seulement, Benjamin n'est plus un adolescent, il a trente-deux ans. Il faut que tu apprennes à lâcher du lest... ce n'est plus ton petit bébé...

Ben en avait assez d'écouter aux portes. Il toqua et la conversation cessa. Un instant plus tard, son père vint lui ouvrir.

– Je voudrais parler à maman. Je peux ?

– Si c'est pour l'engueuler encore, ce n'est pas la peine...

– Ne t'en fais pas, papa... je voudrais m'excuser...

– Laisse-le entrer, Phil...

– Entendu. Je vous laisse ! Et toi, sois gentil avec ta mère !

Philippe laissa son fils entrer dans sa chambre et sortit. Ben referma derrière lui.

Quand il se retourna pour faire face à sa mère, celle-ci essuyait ses larmes. Ben se sentait vraiment mal de l'avoir fait pleurer. Il s'approcha, s'assit sur le lit et la serra dans ses bras.

– Maman, je suis désolé. Je ne voulais pas te faire de la peine !

– Je sais. C'est ma faute, je... je suis une enquiquineuse de première...

– Mais non, ne dis pas toutes ces sottises. Tu es une maman formidable...

– Vraiment ?

– Je te le jure... je ne te le dis pas assez mais je t'aime et je ne changerai de mère pour rien au monde...

– Même si je suis envahissante, que je débarque chez toi sans prévenir et que j'ennuie ta petite-amie ?

– Même si tu fais tout ça, oui. Mais je te rassure, maman, tu n'ennuies pas Romane. Elle t'aime bien, tu sais ?

– Ah bon ?

– Oui.

– Moi aussi, je l'aime bien... Je voulais juste lui montrer de l'intérêt, c'est tout. Tu ne nous as pas parlé d'elle et j'étais simplement curieuse. Tu comprends ?

– Oui, je comprends... Je peux compter sur toi pour rester discrète ?

– Bien sûr, mon amour...

– Alors voilà : Romane et moi, on se connaît depuis l'école primaire, c'est vrai. Mais au lycée, elle sortait avec Gilles Simon.

– Tu étais ami avec lui, à l'époque, non ?

– Oui. Mais plus maintenant... Maman, Romane n'a pas pu avoir de vie professionnelle parce que, quand elle a suivi Gilles en Métropole pour leurs études, il ne l'a pas laissée faire. Au début, tout allait bien entre eux, mais à la mort de son père, il a changé et est devenu violent et possessif. Ils sont sortis ensemble pendant presque quinze ans. Mais depuis qu'ils s'étaient installés à Paris, il a énormément changé... Il contrôlait ses moindres faits et gestes, il refusait même qu'elle appelle sa propre mère, tu te rends compte ? Sans compter qu'il la trompait à tout bout de champ et la battait dès que l'envie lui en prenait... ce fils de pute la battait, maman !

Amour véritableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant