Chapitre 11: Farine, lait, oeufs ; préparation d'un mauvais tour

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Ce matin, c'est sans vie que je me réveille. Le regard vide, les mouvements digne d'un robot, le visage ressemblant à celui d'une morte. Je me regarde dans le miroir et je ne ressens rien. Je ne pense rien.

Lasse, je m'habille en noir. Je m'habille en fonction de mon humeur, de mon intérieur, et c'est dingue comme ce changement s'est vite fait, il n'a fallu que d'une action, son action. Il a réussi à faire de moi un zombie, une personne sans sentiments, sans rien, je n'ai plus rien.

Aujourd'hui je ne fais attention à rien. Je ne le cherche plus pour pouvoir, par la suite, l'éviter. Aujourd'hui, si je veux aller aux toilettes, j'irai.

Mais qu'on se le dise, je ne serai me battre contre lui. C'est fini ça. Mais alors quoi ? Je me laisse faire ? S'il refait ce qu'il m'a obligée à faire en sciences, je le laisse faire c'est ça ?

Perdue dans mon monde de doutes, je n'ai point fait attention au fait qu'il n'y ait personne dans la cour principale. Là, où il y a une partie des casiers dont le mien. On a bien école aujourd'hui ? Ne serons-nous pas samedi par hasard ? Non. Font-ils une grève ?

Tant pis, je m'en fou. Je m'avance vers mon casier mais une fois arrivée devant celui-ci, je sens une présence derrière moi, deviendrai-je folle ?

Je décide de l'ignorer et d'ouvrir mon casier afin d'y prendre ce dont j'ai besoin. Mes mouvements se font de plus en plus lent, mes yeux circulent de gauche à droite lentement, je n'ose pas me retourner.

—Quelle surprise, Maya !Dit-il de sa voix rauque.

Une grande vague de frissons parcourt l'entièreté de mon corps à l'entente de sa voix. Je ferme les yeux doucement. J'aimerai lui dire que ce n'est pas tellement une surprise puisque tous les matins je me trouve à mon casier et qu'il le sait très bien, mais je ne vais pas gaspiller ma salive, il n'en vaut pas la peine. Je sens maintenant d'autres présences, comme si tout un petit troupeau s'était formé autour de lui. Ses démons sont donc présents ? J'allais me retourner mais à la place de ça j'entends un murmure, ou plutôt un décompte. Partant de 3.

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Et splash ! Ce que je présume être des œufs me sont cassés sur la tête. Ça coule de partout, il y a même du blanc d'œufs qui parcourt le long de mon visage. À moins qu'il ne soit une pieuvre, il n'a que deux mains. Là, il en fallait beaucoup pour me jeter autant d'œufs. J'imagine qu'il est accompagné de ses moutons, c'est-à-dire de tous les élèves.

Est-ce fini ? Est-ce que je me retourne ? Si ça se trouve, certains filment ça, oui ils le font surement. Alors non, je reste sur ma position. J'attends qu'ils partent, ils se lasseront bien de ma -non- réaction mais à la place de ça, je sens un liquide me couler dessus. Du lait, il tient, au-dessus de ma tête, une brique d'un litre de lait qu'il vide entièrement sur moi.

Je me dis, mieux vaux du lait que du soda...

J'entends alors pleins de rires, tout le monde est hilare. Si je peux me rendre utile...

Saviez-vos que lorsque l'on rit, on contracte nos abdominaux, ce qui fait travailler nos muscles et donc (si l'on rit beaucoup) ça nous en donne. Voilà pourquoi je n'en ai pas. Je leurs rends donc service, ils seront tous très musclés du ventre grâce à moi. Ils me remercieront plus tard, c'est sûr.

Lentement, à vrai dire à la vitesse d'un escargot- je me retourne. Je voulais voir son visage, et tous ceux des autres mais lorsque j'arrive enfin complètement retournée et face à lui, je me fais bombarder de farine. Par réflex, je ferme durement les yeux.

STOP ! Je vous en prie... Ça suffit...

Une boule de colère prend part de mon être tout entier mais je ne saurai l'extérioriser ni l'utiliser pour me battre. C'est bien dommage...

Je ferme les yeux davantage, plus fort, jusqu'à ce que j'en ai mal. Comme si, au plus je les fermais, au plus j'avais une chance de disparaître. Mais je dois me rendre à l'évidence, c'est impossible. Alors je me contente d'attendre la fin de ce cauchemar. C'est tout ce que je peux faire, attendre. De nouveau, j'entends ces voix. L'une me dit « Bats-toi, défends-toi ! », l'autre « Laisse couler ». C'est le cas de le dire, en tous cas pour le lait et les œufs. Le désavantage c'est que la farine colle avec les autres liquides, donc, ce mélange de préparation me colle littéralement.

Ils m'ont peut-être confondu avec un bol où l'on met les mélanges de préparation pour de beaux petits gâteaux. Dommage qu'il ait oublié le beurre et le sucre, ça n'a pas de goût sinon.

J'ai entendu que les oeufs étaient très efficace pour les cheveux et leurs problèmes, peut-être que ça règlera mon souci de cheveux qui graissent vite...

Je frotte mon visage, surtout mes yeux pour pouvoir les ouvrir et les regarder chacun à leurs tours en hochant un petit peu la tête d'haut en bas doucement, puis viens son tour. Il me regarde aussi, surement dans l'attende d'une quelconque réaction alors je lui lance un sourire. Je n'ai pas la force de faire autre chose, de me battre, surtout pas contre ce démon.

Mon plus beau sourire, aussi grand que je le peux, réservé spécialement pour lui. Il se contente de froncer les sourcils, je sens son agacement jusqu'ici même si j'empeste l'œuf. Il est plongé dans l'incompréhension totale, et j'en suis fière. Il ne s'y attendait pas, moi aussi je peux faire des surprises. Il croyait surement que j'allais me battre et répliquer ou me laisser faire mais à la place de ça, lui rire au nez ? Il était loin de s'imaginer cela. Alors je me mets à rire de plus belle.

MAYAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant